Denis Lapert (directeur de Telecom Ecole de Management) : « Pourquoi nous nous séparons de Telecom Sud Paris »

Propos recueillis par Géraldine Dauvergne Publié le
Denis Lapert (directeur de Telecom Ecole de Management) : « Pourquoi nous nous séparons de Telecom Sud Paris »
24573-ph-356-01-original.jpg // © 
En 2008, le groupe des écoles des télécommunications a changé d’identité, pour devenir l’Institut Telecom. Au départ réunies au sein de l’INT (Institut national des télécommunications), Telecom Ecole de Management et Telecom Sud Paris, les deux écoles de ce groupe sur le site d’Evry, se sont séparées officiellement depuis le 1er juin 2009. L’école de management et l’école d’ingénieurs ont pris leur autonomie et sont désormais distinctes l’une de l’autre, comme l’explique Denis Lapert, directeur de Telecom Ecole de Management.

Quelle place l’école de management du groupe Institut Telecom occupe-t-elle dans cette nouvelle organisation ?

L’Institut Telecom regroupe désormais un ensemble d’écoles d’ingénieurs et une école de management : Telecom Ecole de Management (TEM). Les changements d’appellation rentrent dans un projet plus global : il fallait créer une marque commune, comme les Ponts ou les Mines… Telecom est un mot générique dont nous souhaitons faire la marque du groupe, dans lequel prend place l’école de management. Sur le campus d’Evry, il existait jusqu’alors une entité « INT » (Institut national des Télécommunications), regroupant deux écoles : une école d’ingénieurs et l’unique école de management de l’Institut Telecom. Depuis plusieurs mois, l’INT n’existe plus. Or l’école de management a longtemps souffert de ne pas avoir de périmètre propre : c’est notamment ce que nous reprochaient les organismes d’accréditation internationaux. Par exemple, notre corps professoral était mutualisé avec celui de l’école d’ingénieur. Nous avons saisi l’opportunité des changements en cours pour redéfinir les contours de l’école de management.

Comment vous êtes-vous répartis les services existants, pour donner son autonomie à l’école de management ?

Depuis le 1er juin 2009, l’école de management est dotée de trois services qui lui sont propres : les relations internationales, le corps professoral et la communication. L’entité « INT » - école d’ingénieurs et école de management – disposait d’un réseau de 50 partenaires étrangers certes prestigieux, mais davantage connus pour leurs spécialités en technologies que pour le management. Nous allons laisser s’éteindre les partenariats qui existent, noués essentiellement avec des départements d’écoles d’ingénieurs à l’étranger. Et bien sûr, nous en avons déjà ouvert de nouveaux, avec des universités et des écoles réputées en management. Nous tâchons aussi de mieux répondre à la demande forte de nos étudiants pour certaines destinations, par exemple les Etats-Unis.

Comment Telecom Sud Paris et Telecom Ecole de Management se sont-elles partagées le corps enseignant ?

Quatre départements de l’ex-INT ont été placés dans le périmètre de l’école de management : le département marketing-management-stratégie, le département droit-économie-finance-sociologie, le département systèmes d’information, et enfin le département langues-sciences humaines. Désormais rattachés à l’école de management, nos enseignants seront encore amenés à effectuer certaines prestations chez les ingénieurs.

Pourquoi se doter d’un service communication spécifique ?

La communication, dans nos deux écoles, est fondamentalement différente. La communication d’une école d’ingénieurs, surtout spécialisée, est d’abord scientifique, et destinée à un public avisé. Ensuite le contexte est beaucoup moins concurrentiel pour les écoles d’ingénieurs que pour les écoles de management. Telecom Ecole de Management a des besoins énormes en communication, y compris à l’international, dans un contexte très agressif de la part des écoles de management françaises et étrangères. Nous faisons par exemple appel à une agence à Londres, pour toucher la presse anglo-saxonne.

Le campus reste cependant commun entre les deux établissements. Qu’allez-vous encore partager ?

Nous nous séparons, mais notre nouvelle autonomie n’exclut pas le maintien de la synergie qui existe depuis toujours entre les deux écoles, et qui constitue notre force. Les élèves ingénieurs continueront à travailler sur des projets communs avec nos élèves. Les associations étudiantes restent cogérées par les deux écoles, ainsi que les infrastructures communes, telles que la Maison des élèves. En fait, les étudiants ne verront pratiquement aucun changement à leur niveau … Bien sûr les services généraux du campus restent communs, ainsi que le gymnase ou la médiathèque, qui gère déjà deux fonds documentaires distincts.

L’objectif, à terme, est-il pour TEM d’obtenir les meilleures accréditations internationales ?

L’EFMD (European Foundation for Management Development) a bien voulu prendre en compte notre candidature à Equis (European Quality Improvement System), et a d’ailleurs déclaré Telecom Ecole de Management éligible... Mais les auditeurs nous ont fait savoir que notre demande ne pouvait pas aller plus en avant, car nous n’étions pas, alors, structurés comme une école de management, avec un corps professoral, une communication et un service international spécifiques. Ils nous ont fait savoir que nous pourrions déposer un dossier définitif quand notre organisation serait conforme. Aujourd’hui, elle est conforme à ce qu’on attend d’une école de management. Nous sommes prêts, sur le plan académique, à obtenir les accréditations.


TEM se développe sur le modèle des business schools

Telecom Ecole de Management ne se contente pas d’améliorer sa copie pour les prochains audits d’Equis. Elle est l’une des deux grandes écoles publiques de management françaises (avec EM Strasbourg), mais s’aligne progressivement sur les usages des business schools privées, françaises et européennes, dans son recrutement comme dans son financement. Ainsi, la taille des promotions augmente de 50% sur trois ans, passant de 200 élèves en 2008-2009, à 230 en 2009-2010, pour atteindre 300 en 2011. Cette croissance repose notamment sur une augmentation du nombre d’étudiants étrangers.

Par ailleurs, depuis un an l’école a décidé de multiplier par 2,5 les droits de scolarité. Ceux-ci seront de 2500 € à la rentrée 2009, au lieu de 1000 € pour l’année 2008-2009. TEM a encore de la marge sur ce plan, étant donné que la moyenne des droits de scolarité dans les écoles de management françaises se situe autour de 7000 à 8000 € par an – voire plus ! « En contrepartie, une part de ces nouveaux revenus iront alimenter un fonds social, signale Denis Lapert. Près de 40% des candidats, cette année, peuvent prétendre à une aide de l’école. » A noter : l’école d’ingénieurs « jumelle », Telecom Sud Paris, n’a pas augmenté ses droits de scolarité, restés alignés sur ceux des écoles d’ingénieurs publiques françaises.

Propos recueillis par Géraldine Dauvergne | Publié le