Droits des lycéens réclame la transparence complète de l’algorithme d’APB

Natacha Lefauconnier Publié le
Droits des lycéens réclame la transparence complète de l’algorithme d’APB
La Cada rendra un avis fin mai sur la légalité des mécanismes d'Admission postbac. // ©  Droits des lycéens
Droits des lycéens passe la seconde. Face au refus du ministère de rendre public l’algorithme d’Admission postbac, l’association a saisi la Cada. L’un des objectifs : vérifier la légalité des critères régissant la répartition des candidats dans les licences en tension. Clément Baillon, son président, a sollicité d’urgence une rencontre avec la ministre, les lycéens devant ordonner leurs vœux d’orientation sur APB avant le 31 mai.

Clément Baillon, élève de terminale ES et président de l'association Droits des lycéens.Dans un communiqué du 2 mai 2016, l’association Droits des lycéens annonce avoir saisi la Cada (Commission nationale d’accès aux documents administratifs). Pourquoi un tel recours ?

Pour faire bouger les choses rapidement ! L’association Droits des lycéens estime que le silence du ministère de l’Éducation nationale depuis l'envoi de notre premier courrier en mars équivaut à un refus implicite de communiquer l’algorithme d'APB.

Or, nous estimons que les lycéens ont le droit de connaître les critères régissant le logiciel afin de choisir en toute connaissance de cause, avant le 31 mai, date limite pour classer les vœux.

Nous demandons une transparence complète. Et il est urgent que le ministère dévoile l’algorithme, comme l’avait d’ailleurs promis Thierry Mandon en décembre 2015. La Cada devrait rendre son avis courant mai.

Quels points vous inquiètent en particulier ?

Une grande partie des inquiétudes concerne l’attribution des places dans les licences en tension, comme le droit ou les Staps. Les informations dont nous disposons aujourd’hui, via le guide du candidat et un rapport de l’inspection générale datant de 2012, sont floues, voire contradictoires.

Nous soupçonnons que certains critères pris en compte pour départager les bacheliers dans ces filières relèvent de pratiques illégales de sélection. Et nous doutons également de la légalité de l’obligation faite aux candidats d’Île-de-France d'exprimer six vœux de licence minimum.

Nous avons donc demandé à la Cada que nous soient communiquées toutes les informations, y compris ce qui peut être paramétré par les universités dans le logiciel.

Quelles autres actions envisagez-vous ?

Si le ministère nous communique rapidement l’algorithme, nous l’analyserons pour voir si tout est légal. Des personnes travaillant dans le milieu de l’open data se sont déjà manifestées pour nous aider bénévolement.

S’il persiste dans son silence, ou s’il ne fournit que deux pages d’explications – probablement les mêmes que dans le guide APB – qui ne permettront pas de voir la complexité des situations existantes ni l'illégalité, nous poursuivrons notre action devant le juge administratif. Mais le problème, c’est le calendrier : ce ne sera sans doute pas avant la rentrée.

Nous avons déjà contacté des parlementaires pour nous soutenir dans nos démarches. Isabelle Attard, députée EELV du Calvados, a déposé une question adressée à la ministre de l’Éducation nationale, qui sera publiée au Journal officiel cette semaine. Elle demande à comprendre la raison du refus qui nous est opposé. Nous commençons aussi à contacter d’autres associations de lycéens, d’étudiants, de parents d’élèves et des syndicats pour relayer notre action.

Et, au moment des phases d’admission en juin, nous avons l’intention de publier un guide qui expliquera comment contester les résultats d'APB.

Nous avons l’intention de publier un guide qui expliquera comment contester les résultats d'APB.

Si les bacheliers déposent des recours devant le tribunal administratif comme vous le conseillez sur le blog de l'association, cela ne risque-t-il pas de compliquer la situation ?

Notre objectif n’est pas d’ennuyer le ministère ! S’il nous avait répondu – si ou l’INP de Toulouse (où est hébergé APB), à qui nous avons aussi envoyé un courrier – nous n’aurions pas été plus loin. Nous voulons juste arrêter de faire des suppositions sur les critères qui régissent l’orientation d’un demi-million d’élèves.

L’algorithme d’APB n’est pas sans conséquence. Nous voulons éviter que des étudiants se retrouvent dans une voie non désirée sous prétexte qu’ils avaient mal ordonné leurs vœux.

Cela nous paraît être une demande légitime, surtout à une période où la loi République numérique est en train d’être votée et que le gouvernement actuel ne parle que de transparence.

L'association Droits des lycéens 
C’est en constatant le manque d'informations claires et précises sur les principaux droits lycéens que Clément Baillon, lycéen à Rueil-Malmaison (92), actuellement en terminale ES, décide de créer le site droitsdeslyceens ainsi que le compte Twitter @droitslyceens, en février 2015. Quelques semaines plus tard, il fonde l'association Droits des lycéens, avec trois autres lycéens de la région parisienne : Cléo Alduy, Loïc Le Morvan et Mélina Champernaud.

Droits des lycéens se donne comme mission "d'informer et de conseiller gratuitement les lycéens sur leurs droits, ainsi que les assister pour les faire respecter". Elle compte actuellement une centaine de membres. 
Natacha Lefauconnier | Publié le