États-Unis : Minerva veut bousculer les frontières de l’université "on-line"

De notre correspondante aux Etats-Unis, Jessica Gourdon Publié le
États-Unis : Minerva veut bousculer les frontières de l’université "on-line"
Ben Nelson, fondateur de Minerva // © 
Des étudiants internationaux qui vivent ensemble mais changent de ville tous les semestres, et suivent uniquement des cours en ligne : tel est le concept du projet Minerva, une université on-line d'un nouveau genre qui se lancera en 2014 à San Francisco. Ayant annoncé qu'elle avait levé 25 millions d'euros auprès d'un fonds d'investissement, Minerva ambitionne de devenir une alternative aux universités de la "Ivy League". Son fondateur Ben Nelson, ancien patron de Snapfish, une start-up de photos en ligne avec laquelle il a fait fortune, nous explique sa stratégie.

Qu'est ce qui vous fait penser que Minerva va attirer des étudiants, en ne proposant que des cours en ligne ?

La façon dont nous allons enseigner sera vraiment différente de ce qu'ils pourraient avoir ailleurs. Tous nos cours seront dispensés en direct par un professeur. Celui-ci s'adressera à de petits groupes de moins de 20 élèves. Grâce à notre logiciel, chaque étudiant sera filmé devant son ordinateur, et verra les autres élèves de sa classe virtuelle. Le professeur pourra les faire participer, les sonder, voir la réaction de chacun. Cela me semble plus bien plus riche qu'un cours anonyme en amphithéâtre avec 150 élèves.
De plus, ces cours nous permettront d'accumuler de nombreuses données sur les comportements et les résultats des étudiants, dont les professeurs pourront se servir pour ajuster leur enseignement.

De nombreux établissements proposent des diplômes 100% à distance. L'une des originalités de Minerva est d'héberger les étudiants sur un campus et de les faire passer d'un pays à un autre. Pourquoi ce choix ?

Au-delà des cours, l'expérience universitaire est fondamentale, et ne peut se recréer à distance. À l'université, les étudiants se tissent leur futur réseau amical et professionnel, ils apprennent entre eux. Après une première année commune à San Francisco, ils vont changer de pays tous les semestres pendant trois ans. Nous prévoyons d'ouvrir des antennes en Inde, au Brésil, en Afrique du Sud, en Angleterre... À quel autre moment dans leur vie auront-il la possibilité de voyager autant, et d'avoir des expériences aussi enrichissantes ?

Nous serons une des rares universités à laisser aux professeurs la propriété de leurs résultats scientifiques

Vous souhaitez recruter des professeurs d'excellent niveau. Comment allez-vous faire, alors que Minerva ne propose pas de doctorat, n'a pas de laboratoires ni de locaux ?

Déjà, certains professeurs sont attirés par l'expérience de l'enseignement en ligne : toutes les données et analyses qu'il engendre sont de formidables outils de connaissance. Ensuite, nous serons une des rares universités à laisser aux professeurs la propriété de leurs résultats scientifiques : cela peut intéresser certains éléments brillants. Enfin, ces professeurs pourront travailler de n'importe où dans le monde, et ainsi s'installer à proximité de leurs terrains de recherche ou d'un laboratoire qui les intéresse.

Des MOOC seront-ils intégrés dans votre programme ?

Tout ce qui peut être appris via un MOOC est gratuit, donc cela n'aurait pas de sens de faire payer des étudiants pour les suivre. En revanche, certains MOOC pourront être exigés comme prérequis. Mais nous nous focaliserons sur des expériences interactives d'apprentissage.

Une première promo "test" exemptée de frais de scolarité
Les frais de scolarité du bachelor (en 4 ans) de Minerva s'élèveront à 10.000 dollars par an, auxquels s'ajoutent l'hébergement obligatoire et divers frais administratifs, soit un total de 28.850 dollars annuels (21.300 €).
Le tarif est comparable à celui des universités d'État américaines, mais deux à trois fois moins élevé que celui des établissements d'élite. La première promotion (rentrée 2014), aux effectifs limités et qui testera le concept, sera exemptée de frais de scolarité. Les promotions suivantes compteront ensuite entre 200 et 400 étudiants.
De notre correspondante aux Etats-Unis, Jessica Gourdon | Publié le