François Rio (AVUF) : "Un vice-président 'territoire' serait un nouveau repère pertinent dans les universités"

Camille Stromboni Publié le
François Rio (AVUF) : "Un vice-président 'territoire' serait un nouveau repère pertinent dans les universités"
RIO - François - AVUF - 2013 // © 
A l'occasion du colloque annuel de l'AVUF (Association des villes universitaires de France) les 13 et 14 juin 2013, François Rio, son délégué général, revient sur les problématiques que rencontrent les villes universitaires. Avec, en toile de fond, l'examen de la loi sur l'enseignement supérieur et la recherche au Parlement, qui renforce notamment la place des Régions. Et pour horizon les municipales en 2014.

A l'heure où la loi sur l'ESR passe au Parlement, quels sont les enjeux pour les villes universitaires ?

Nous sommes dans un contexte de fin de mandat pour les élus. Nous arrivons à l'heure des bilans mais aussi des projections dans le mandat suivant. L'enjeu, c'est donc l'action des villes de 2014 à 2020.

Le ministère de l'Enseignement supérieur et la Recherche est en réflexion sur un nouveau CPER (contrat de plan Etat-Région), qui pourrait s'appeler "contrat Etat-territoire", au sein duquel les villes seraient signataires. Cela va dans le bon sens.
Car on parle beaucoup des Régions – ce qui est normal étant donné leur engagement – mais les villes et les agglomérations participent elles aussi à l'enseignement supérieur. Avec cette impression d'être les "passagers clandestins" des CPER. Les villes investissent en effet des moyens importants, sans que cela ne soit visible.
Un exemple à Amiens : c'est la métropole qui finance la reconstruction de l'université dans la Citadelle, hors-CPER.

Les villes ont l'impression d'être les "passagers clandestins" des CPER

La loi apporte-t-elle des avancées pour les villes universitaires ?

Nous sommes très satisfaits des efforts portés sur la réussite des étudiants. Les collectivités locales y sont très attentives et participent, sur le plan extra-pédagogique, à la vie étudiante, à l'aide à l'orientation et à l'insertion professionnelle, etc. Elles le font notamment à travers les médiathèques, souvent très utilisées par les étudiants, ou encore en organisant des actions spécifiques, par exemple un job-dating à Marseille.

Nous aurons, durant le colloque, un atelier sur "comment peut-on contribuer à la réussite étudiante". Une rencontre avec le ministère est prévue ensuite afin de voir comment l'Etat peut prendre en compte nos suggestions.

Que pensez-vous des futurs regroupements universitaires qui vont succéder aux PRES, notamment les communautés d'universités et établissements ?

Cela me semble plutôt positif si cela améliore la visibilité des pôles. Attention cependant à ne pas diluer encore plus la représentation des villes dans les instances universitaires. Si aujourd'hui Béziers est représentée au CEVU (Conseil des études et de la vie universitaire) de Montpellier 3, qu'en sera-t-il demain au sein d'une communauté ? Il s'agit seulement d'une crainte.
L'interrogation est néanmoins encore plus forte pour les collectivités très fortement investies dans l'ESR, comme Saint-Brieuc ou Agen, mais qui ne sont pas forcément des villes universitaires et ne bénéficient souvent que de très peu de représentations.

Attention à ne pas diluer encore plus la représentation des villes dans les instances universitaires

Quels progrès peuvent être faits dans la collaboration des villes avec les universités ?

Il faut encore développer la reconnaissance mutuelle et l'ouverture entre nos deux mondes, où chacun vit souvent un peu dans son microcosme. Les villes universitaires ont déjà franchi une étape : toutes ont mis en place un vice-président ou un responsable sur les questions d'enseignement supérieur. Ce n'est pas encore le cas de toutes les universités. Même si on dit qu'il s'agit du domaine du président, un vice-président "territoire" serait un nouveau repère pertinent.

La Région a vu sa place renforcée dans la loi ESR adoptée à l'Assemblée. Comment travaillez-vous avec les Régions ?

Il y a de nombreux endroits où ça marche, d'autres où cela fonctionne moins bien, parfois pour des raisons politiques. Cela doit s'améliorer. Nous voulons nous rapprocher des Régions, mais nous attendons pour cela le vote final de la loi ESR. Jusque-là, chacun joue sa carte.

Quant aux schémas régionaux, il ne faut pas oublier qu'il existe depuis longtemps des schémas locaux sur l'ESR dans les villes moyennes, ou schémas de développement universitaire dans les grandes villes. Lyon, Rennes ou encore Nantes sont en train de réaliser le leur. Cela ne doit pas devenir obligatoire mais cela montre que parfois, nous précédons l'action régionale.

La vision de la ville comme un simple "guichet" n'a plus lieu d'être : nous sommes dans une démarche de coopération partenariale avec une multiplicité d'acteurs.

Le colloque de l'AVUF : 13 et 14 juin 2013
Intitulé "Vivre la ville universitaire de demain", le colloque 2013 de l'AVUF est le premier rendez-vous d'un ensemble d'événements organisés à l'occasion des 20 ans de l'association.
S'ensuivra une rencontre à Aix-en-Provence en octobre 2013 autour des questions d'aménagement et d'urbanisme, pour terminer par un rendez-vous le 21 novembre à Paris sur "gouverner la ville universitaire".
Camille Stromboni | Publié le