Geneviève Gallot, directrice des Arts-Déco (ENSAD) : « Nous avons un projet de doctorat en art avec Normale sup »

Propos recueillis par Sophie de Tarlé Publié le
Geneviève Gallot, directrice des Arts-Déco (ENSAD) : « Nous avons un projet de doctorat en art avec Normale sup »
Geneviève Gallot, directrice des Arts-Déco (ENSAD) // © 
L’ENSAD (École nationale supérieure des arts décoratifs) peut, depuis la rentrée 2011, délivrer un diplôme qui confère le grade de master. Geneviève Gallot, directrice depuis deux ans de cet établissement public très sélectif sous tutelle du ministère de la Culture, a élaboré des synergies avec d’autres établissements d’enseignement supérieur prestigieux pour développer la recherche. Elle revient pour EducPros sur sa stratégie.

Avez-vous eu des difficultés à recevoir l’autorisation de délivrer un diplôme reconnu au grade de master, sachant que l’école est sous tutelle du ministère de la Culture ?

Non, nous avons eu des rapports excellents avec le ministère de l’Enseignement supérieur et nous étions satisfaits de son évaluation [la note « A », NDLR], tout en prenant acte du fait que nous avons des marges de progression. Ainsi, l’AERES [Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur] nous a demandé de mieux adosser nos deux dernières années de master à la recherche.

Autre suggestion : réfléchir à un premier diplôme en trois ans, le fameux « L », même si ce n’est pas une obligation. Il est vrai que ce premier diplôme pourrait permettre aux étudiants de poursuivre plus facilement leur formation dans un autre établissement, même si nous pouvons déjà délivrer un certificat, avec les crédits ECTS équivalents, aux étudiants en fin de troisième année. Nous souhaitons également diversifier nos enseignements théoriques (cours d’esthétique, de philosophie de l’art…) et proposer des enseignements liés à la philosophie des sciences, à l’anthropologie et aux cultures extra-européennes. Nous nous préparons aussi à développer notre cycle de recherche et à conduire nos étudiants chercheurs à un doctorat en partenariat avec des établissements universitaires. Notre laboratoire EnsadLab réunit déjà 55 étudiants chercheurs autour de dix programmes de recherche. Parmi eux, une quinzaine d’étudiants sont en parallèle inscrits en doctorat à l’université.


« L’AERES nous a demandé de mieux adosser nos deux dernières années de master à la recherche »

Quels sont vos liens avec les autres établissements de l’enseignement supérieur ?

L’École des arts-déco est membre associé du PRES PSL [Paris Sciences et Lettres - Quartier latin], qui comprend seize établissements : l’École normale supérieure, le Collège de France, l’Observatoire de Paris, l’ESPCI ParisTech, Chimie ParisTech… Parmi eux, quatre écoles de création relevant du ministère de la Culture et de la Communication : notre école, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, le Conservatoire national supérieur d’art dramatique, l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Avec Normale sup [ENS-École normale supérieure], nos quatre écoles sont regroupées pour mettre en œuvre un projet de « doctorat en art » articulant étroitement théorie et pratique autour de la thématique « Arts et Sciences » [SACRe – Sciences, Arts, Création, Recherche]. Ce projet, qui est intégré au projet d’Idex, va se mettre sur pied dans les prochains mois. Par ailleurs, nous avons noué 70 partenariats avec des universités ou écoles au plan international pour des échanges d’étudiants, d’enseignants, des workshops ou des projets d’expositions. Ainsi, nous avons un partenariat avec des ingénieurs du MIT [Massachusetts Institute of Technology] sur les nouveaux matériaux.

En 2005, vous avez changé les modalités du concours. En êtes-vous satisfaite ? Comptez-vous adhérer à Admission postbac ?

Les modalités du concours d’entrée en première année telles que l’école les a mises en place il y a quelques années nous semblent globalement adaptées. Le concours est très sélectif puisque nous retenons environ 3,5% des candidats. Mais, comme nous ne pouvons pas convoquer tout le monde, nous demandons un premier dossier à réaliser chez soi, à partir d’un sujet déposé sur Internet, ce qui permet de faire un premier tri parmi les 2.600 candidats. Puis les candidats se présentent à une épreuve de création et à des entretiens avec un jury, et nous sélectionnons en définitive chaque année environ 80 candidats. Notre prochain défi est d’améliorer la diversité sociale et culturelle de nos étudiants. Nous participons déjà à un programme avec la fondation Culture & Diversité, dont on connaît le travail remarquable, afin d’aider des étudiants issus de milieux défavorisés, et avons le projet de le renforcer.

Propos recueillis par Sophie de Tarlé | Publié le