Élections régionales. Gérard Blanchard : "Un exercice de modestie, loin du piédestal d’universitaire"

Camille Stromboni - Mis à jour le
Élections régionales. Gérard Blanchard : "Un exercice de modestie, loin du piédestal d’universitaire"
Gérard Blanchard - Conférence des présidents d'université ©CS dec2012 // © 
Le président de l'université de La Rochelle, Gérard Blanchard, se présente aux élections régionales 2015 aux côtés du socialiste Alain Rousset, en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Un moyen de poursuivre son engagement dans l'enseignement supérieur et la recherche, dans une arène politique bien différente.

Vous êtes universitaire, à la tête de votre établissement depuis bientôt huit ans. Pourquoi cet engagement aux élections régionales ?

En tant que président d’université, je travaille beaucoup avec la Région. J’ai pu voir sa montée en puissance en matière d’enseignement supérieur et de recherche, bien que cette compétence reste nationale. Mon mandat de président d’université s’achève en 2016 et cela me permet de poursuivre mon engagement dans l’enseignement supérieur et la recherche d’une autre manière.

La Région s’occupe des fonds structurels européens qui, avec le CPER (Contrat de plan État-Région), représentent une source de financement très importante pour nos établissements. Elle joue un rôle clé dans le développement économique, sur les questions de transfert et d’innovation. Elle est désormais centrale pour la formation tout au long de la vie. Également pour l’apprentissage. Elle est en charge de plusieurs schémas stratégiques, notamment sur l’enseignement supérieur et la recherche. Sans oublier l’emploi et les lycées, qui sont au cœur des problématiques universitaires.

Vous vous présentez comme tête de liste en Charente-Maritime aux côtés d’Alain Rousset, président socialiste de la région Aquitaine depuis 1998…

L’effort exceptionnel d’Alain Rousset en Aquitaine en faveur de la recherche, de l’enseignement supérieur et de l’innovation a été pour moi un élément déterminant. C’est la deuxième région qui investit le plus dans ce domaine, après l’Île-de-France. Avec 10% de son budget annuel, soit plus de 100 millions.

Si vous êtes élu, défendrez-vous l’enseignement supérieur de votre territoire initial, au sein de la future grande région ?

Je ne me présente absolument pas au nom du Poitou-Charentes. Il y aura une seule politique de l’enseignement supérieur et de la recherche à l’échelle de la nouvelle région. L’idée est justement d’opérer cette transition, de construire ensemble cette politique commune, en faisant preuve d’imagination et de diplomatie. Tout en restant, bien sûr, vigilant au développement harmonieux et équilibré entre les territoires.

La nouvelle région offre un cas de figure particulier pour les universités : elle réunit deux Comue (Communauté d’universités et établissements) – Aquitaine et Centre-Limousin-Poitou-Charentes. Cette dernière comptant des établissements situés dans une autre région…

La réforme des régions et celle des universités ont été décalées dans le temps. D’où cette situation complexe, mais intéressante. Nous allons être la plus grande région de France. Nous réunissons six universités, quatre grandes écoles publiques, 180.000 étudiants. C’est un potentiel immense à structurer. Le défi en vaut la peine.

Pour l’instant, chaque région travaille directement avec les établissements. On ne peut préjuger des compétences qui seront, à terme, mises au sein des Comue. Ces regroupements sont encore en construction. S’ils ne peuvent, en l’état, être les interlocuteurs directs de la Région, ils sont des acteurs nouveaux dans le paysage.

Nous réunissons six universités, quatre grandes écoles publiques, 180.000 étudiants. C’est un potentiel immense à structurer.

La campagne électorale touche à sa fin. L’arène politique, c’est un choc par rapport au combat politique universitaire ?

Oui, il y a de grandes différences. D’un côté, c’est un espace professionnel où l’on est spécialiste de ses dossiers, avec des débats sur APB (Admission postbac), les stratégies de recherche ou le GVT (Glissement-vieillesse-technicité). De l’autre, on se retrouve face au grand public, interpellé sur tous les sujets possibles.

L’enseignement supérieur et la recherche ne font pas partie des préoccupations premières, même si, quand on discute emploi, innovation ou formation professionnelle, l’intérêt des citoyens est là.

Enfin, on se bat contre deux ennemis particuliers. L’abstention tout d’abord : il faut faire connaître la région et montrer à quel point son action concerne tout le monde. Ensuite, c’est la lutte contre la montée du Front national qui nous anime. Chaque fois que je sors sur un marché, je la reçois en pleine face. Il faut batailler pour convaincre que d’autres options sont possibles. C’est un exercice de modestie, loin du piédestal d’universitaire : il n’y a pas de faux-semblant possible, c’est un moment de vérité.

Les résultats du premier tour en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes
Alain Rousset réunit 30% des suffrages exprimés le 6 décembre 2015. Virginie Calmels, à la tête de la liste d'union de la droite et du centre dans cette grande région de l'Ouest, obtient 27% des voix. Le FN arrive lui en troisième position, avec 23% des suffrages pour la liste portée par Jacques Colombier.

Françoise Coutant, pour EELV (Europe Ecologie les Verts), obtient près de 6% des voix, tandis qu'Olivier Dartigolles (Front de gauche) est juste en dessous de la barre des 5%.

- Voir l'ensemble des résultats des élections régionales 2015 au premier tour en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (6 décembre 2015)
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