Ghislaine Filliatreau : "Le classement U-Multirank est toujours en phase pilote"

Baptiste Legout Publié le
Ghislaine Filliatreau : "Le classement U-Multirank est toujours en phase pilote"
L'ESCP Europe dans l'U-Multirank 2016 // ©  Capture d'écran
1.300 écoles et universités, dont 74 françaises, 13 grandes disciplines... L'U-Multirank poursuit, dans sa troisième édition parue début avril 2016, son ambition de cartographier l'enseignement supérieur européen. Directrice de l’OST, Ghislaine Filliatreau évoque l'avenir de ce palmarès interactif toujours en quête d'un modèle économique.

Où en est l'U-Multirank aujourd’hui ?

Le lancement de l'U-Multirank date de 2008, lors de la présidence française de l’Union européenne. Cette dernière a rapidement lancé un appel d’offres et nous sommes à présent à son deuxième renouvellement. L’OST (Observatoire des sciences et des techniques) que je dirige a été associé dès le premier round. Aujourd’hui, nous ne sommes plus membre du consortium, mais seulement partenaire.

Le projet dans son ensemble reste dans un épisode "pilote". Nous passons en revue plusieurs disciplines et, chaque année, de nouvelles sont prises en compte. Tant que toutes les disciplines ne sont pas traitées, l’outil doit être considéré comme incomplet.

Quelle était l'idée de départ ?

Le but était de monter un exercice multidimensionnel interactif que l’utilisateur puisse lui-même explorer, à la différence de la vision réductrice des palmarès classiques. Ce qui avait été mis en avant par le groupe de travail auquel j’appartenais était qu’il fallait mettre en lumière la diversité des activités et services des établissements d’enseignement supérieur, européens notamment. 

Après plusieurs années d’existence, quel bilan peut-on tirer de l'U-Multirank ?

Le point fort de l'U-Multirank est qu’il ouvre le jeu et permet aux établissements d’être mieux perçus. Le revers de la médaille est que l’exercice est plus exigeant en termes d’informations mobilisées et de pertinence des critères et des dimensions explorés, à cause de la diversité des pays et établissements. Couvrir cette diversité représente une difficulté d’autant plus importante que l’ambition est grande. L’avantage ? Même incomplet, l'U-multirank amène une autre façon d’aborder l’exercice de comparaison.

Même incomplet, l'U-Multirank amène une autre façon d’aborder l’exercice de comparaison.

Quels sont les enjeux pour la prochaine phase ?

De par notre ambition de large couverture, il nous faut trouver le modèle de fonctionnement. L'U-Multirank a besoin d’un modèle économique. Nous devons nous demander comment va se faire la collecte et comment la qualité des données pourra être suivie.

Plus vous êtes dans la diversité, plus garantir cette qualité devient difficile. Il faut à chaque fois des experts des différentes dimensions. Les modalités par lesquelles le déploiement va réellement être mis en place représentent un challenge important.

Quels sont les avantages à travailler avec plusieurs partenaires ?

La diversité des systèmes se gère par la diversité de ceux qui participent. Cela suppose de travailler en réseau avec des experts de cette diversité. Les partenaires nationaux permettent d’obtenir des données de référence, comme en Espagne où l’enquête est réalisée par le ministère.

Malgré plusieurs années d’existence, l'U-Multirank est moins repris et commenté que ses concurrents. Serait-il possible d’améliorer la visibilité de l’outil ?

Il est nécessaire d’intéresser les médias. Hors, pour cela, il faut des choses simples qu’on peut expliquer simplement. Nous sommes pris dans ce réglage de curseur. Ce sont des processus pour lesquels il faut beaucoup de temps, cela n’a rien d’évident.

U-Multirank 2016 en chiffres
– 1.300 universités et écoles recencées. Elles n'étaient que 850 en 2014.
– 13 champs disciplinaires traités, contre seulement 4 en 2014.
– 74 établissements français ont participé cette année. C'est 16 de plus que pour la première édition.
Baptiste Legout | Publié le