Jacques Moret (recteur de Poitiers) : "L’objectif est de définir une carte des formations adaptée aux offres d’emplois"

Propos recueillis par Sophie de Tarlé Publié le
Ancien délégué régional à la recherche et à la technologie du Languedoc-Roussillon et ex-directeur de l’INRP (institut national de recherche pédagogique) de Lyon, Jacques Moret a été nommé, en septembre 2012, recteur de l’académie de Poitiers. Il fait le point pour EducPros sur ses principaux défis dans cette académie. Nouveau volet de notre série d'entretiens avec les recteurs.

Sur quels chantiers travaillez-vous depuis votre arrivée à la tête de l'académie de Poitiers ?

Je travaille actuellement sur la préparation de la rentrée scolaire 2013, en particulier sur la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires et la création des ESPÉ (école supérieure du professorat et de l’éducation).

J’ai entrepris également un gros travail de coordination avec l’ensemble des acteurs de la communauté éducative : la région, les conseils généraux, les communes, les syndicats, les associations de parents d’élèves. Je rencontre aussi beaucoup les entreprises de la région. Je me déplace fréquemment dans les différents établissements de l’académie afin de faire remonter aux ministres les actions développées sur le terrain.

Quels sont les points faibles de l’académie ?

Un taux de poursuite d’études des bacheliers dans le supérieur qui est nettement inférieur à la moyenne nationale. L’académie est avant-dernière du classement en métropole. Ce taux ne s’explique pourtant pas par une offre de formation insuffisante. Il existe deux universités, à Poitiers et à La Rochelle, l’ISAE-ENSMA, une école nationale d’aéronautique très réputée, trois IUT, 63 lycées proposant des BTS…

La raison tient plutôt au caractère rural de l’académie, qui compte de nombreux établissements de petite taille, et est ainsi confrontée à une organisation éclatée et éparpillée de ces lieux de formation sur le territoire. Il y a également des réticences et des freins culturels et financiers qu’il faut lever, notamment auprès des familles.

Il y a aussi sans aucun doute un progrès à faire en termes d’information, quant à ce que peut offrir l’enseignement supérieur. L’autre point faible est le fort taux de jeunes en situation de décrochage scolaire.

Comment comptez-vous y remédier ?

Je souhaite vraiment que les élèves des zones rurales aient autant de chances que les autres de continuer leurs études. Pour cela, nous avons engagé une vraie réflexion avec les entreprises, la région, les établissements d’enseignement supérieur, afin de proposer une offre de formation en lien avec les besoins de la société, en adéquation avec le bassin d’emploi. Cela pourrait encourager les lycéens à poursuivre après le bac.

J’ai rencontré notamment le Medef, la CGPME (confédération générale des petites et moyennes entreprises), les associations d’artisans, les Compagnons du devoir. L’objectif est de définir une carte des formations adaptée aux offres d’emplois.

Nous avons aussi entrepris un vrai travail d’information auprès des élèves : information sur les filières, visite de laboratoires, d’universités, d’entreprises. Nous apportons d’ailleurs notre soutien aux établissements qui s’engagent à nouer des partenariats avec des entreprises.

A titre d’exemple, l’EADS-Sogerma et l’académie de Poitiers ont signé une convention de partenariat dans le but de développer des projets communs dans le domaine de la formation. La première manifestation de ce partenariat s’était déjà concrétisée dès la rentrée 2011, avec l’ouverture d’un bac professionnel de technicien aérostructure au lycée Marcel-Dassault de Rochefort. Je souhaite également développer le travail en réseau des établissements, afin qu’il y ait un meilleur lien entre le collège et le lycée et ainsi contribuer à lutter contre le décrochage scolaire.

Enfin, mon troisième chantier est de renouer un dialogue fort avec la région et tous les acteurs de la communauté éducative, afin de définir des objectifs communs.


Propos recueillis par Sophie de Tarlé | Publié le