Jean-Charles Pomerol, président de l’UPMC : "La vie économique a besoin de grandes universités"

Propos recueillis par Céline Manceau Publié le
Jean-Charles Pomerol, président de l’UPMC : "La vie économique a besoin de grandes universités"
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Treize universités dites "de recherche intensive" se sont regroupées fin 2008 au sein d'une coordination, la CURIF. Cette "Coordination des universités de recherche intensive françaises", réseau parallèle à la Conférence des présidents d'université (CPU), entend ainsi faire pression sur les pouvoirs publics. Le président de l’UPMC, Jean-Charles Pomerol, à l’initiative de ce réseau, nous explique sa démarche.

La CURIF (Coordination des universités de recherche intensive françaises) rassemble, pour le moment, treize universités dites de recherche intensive. Comment les avez-vous sélectionnées ?
Les universités qui font partie de la CURIF sont celles qui possèdent beaucoup d’unités CNRS – pour les sciences humaines et les sciences dures – ou INSERM – pour la médecine. Pour le droit, nous avons tenu compte du nombre de thèses soutenues. Nous avons constitué un groupe de liaison comparable à ce qui existe déjà aux États-Unis ou en Europe. En Grande-Bretagne, l’équivalent de la CURIF est le Russell Group et, en Allemagne, les neuf universités auxquelles le gouvernement a accordé le label d’excellence. À l’échelle européenne, existe aussi la LERU (League of European Research Universities), dont font partie trois universités françaises : Paris-Sud-Orsay, Strasbourg 1 et l’UPMC.

Les universités sélectionnées par l’Opération campus n’ont-elles pas vocation à devenir, elles aussi, des universités de recherche intensive ?
L’Opération campus est avant tout une opération d’aménagement du territoire. Elle a pour objectif d’abonder des universités qui font de la recherche et de l’innovation. À l’étranger, l’aménagement du territoire n’est pas une problématique des universités de recherche intensive. En Angleterre, cinq d’entre elles sont à Londres ! La vie économique dépend de l’innovation et de la recherche et, pour cela, elle a besoin de grandes universités.

Quelle est la position de la CURIF par rapport à la CPU ? Lyon 1 aurait pu faire partie de la CURIF, or son président se présente à la CPU...
La CPU rassemble plus d’une centaine de présidents et directeurs d’écoles dont certains ont très peu d’étudiants. La CURIF ne comptera pas plus d’une vingtaine de membres. Elle pourra travailler beaucoup plus rapidement. Nous prévoyons de nous rencontrer au moins une fois par mois, voire tous les quinze jours, et d’organiser un séminaire annuel. Bien sûr que Lyon 1 aurait toute sa place au sein de la CURIF. J’en ai parlé avec son président. Il propose qu’il puisse exister, au sein de la CPU, des groupes d’intérêts divers. Je n’y suis pas hostile à condition de conserver une visibilité. La CURIF doit pouvoir être crédible vis-à-vis des pouvoirs publics et de l’Europe, c’est un groupe de lobbying.

Avez-vous le sentiment de vous démarquer des autres universités ?
Il est dans l’intérêt de toutes les universités, quelle que soit leur taille, d’avoir des établissements qui fonctionnent. Ensuite, pour affirmer des positions publiques, mieux vaut avoir de grandes universités moins soumises à la pression du financement public. Le ministère affaiblit la CPU lorsqu’il crée une nouvelle université de petite taille comme celle de Nîmes. Il en va de même quand il veut segmenter les universités selon leur discipline.

Les premières résolutions de la CURIF concernent la masse salariale et la recherche. Quels seront les prochains sujets abordés ?
Nous allons débattre des classes prépas et de la formation des enseignants. Ces deux questions sont intéressantes, mais elles visent à changer la nature même des universités. Le risque étant que les enseignants-chercheurs désertent les universités et soient remplacés par des PRAG. Nous en parlerons dès janvier 2009.

Propos recueillis par Céline Manceau | Publié le