Jean-François Mazoin (président de l’ADIUT): "Les universités doivent attribuer une part de liberté aux IUT"

Propos recueillis par Fabienne Guimont Publié le
Jean-François Mazoin (président de l’ADIUT): "Les universités doivent attribuer une part de liberté aux IUT"
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Valérie Pécresse a réaffirmé le « rôle moteur » des  IUT pour atteindre l’objectif de 50 % d’une classe d’âge diplômée du supérieur. Devant l’assemblée générale de l’ADIUT (association des directeurs d’IUT) fin août 2008, elle a néanmoins déploré les 9 % de places restées vacantes, la baisse des bacheliers technologiques dans les promotions, avant d’aborder la place des IUT au sein des universités autonomes. Le président de l’ADIUT, Jean-François Mazoin, revient pour Educpros sur les points soulevés par la ministre de l’Enseignement supérieur.

Avec la mise en place de la LRU, les moyens accordés aux IUT ne seront plus fléchés. La ministre a rappelé que les IUT « continueraient de disposer d’un budget propre intégré » et que leurs directeurs en « seront les ordonnateurs secondaires ». Quelle est la position de l’ADIUT sur ce nouveau mode d’attribution des moyens ?    

Il faut accompagner la mise en place de la loi LRU. L’université doit établir des contrats d’objectifs et de moyens avec ses composantes sur les axes d’enseignement supérieur et de recherche, à l’image de ce qui se fait déjà dans les hôpitaux entre leur direction générale et leurs pôles ou dans les entreprises. Les universités doivent attribuer aussi une part de liberté aux composantes. A terme, l’université performante sera celle qui aura su donner telle délégation à son IUT (ouvrir une formation dans un secteur donné, accueillir des bacheliers technologiques…par exemple) et mettre les moyens nécessaires. Pour cela, il y a une culture nouvelle et des processus de régulation à mettre en place. Un groupe de travail entre l’ADIUT et la CPU doit se créer sur le sujet. Le président d’université devra mettre en place des objectifs et mener avec l’IUT une discussion au moment du contrat quadriennal. La responsabilisation des IUT et les résultats ne peuvent être obtenus qu’en contrepartie des libertés accordées. Nous sommes favorables à l’idée de Valérie Pécresse d’annexer un volet IUT au contrat quadriennal. L’université sera l’acteur politique fort de la politique des IUT dans la discussion avec l’Etat mais celui-ci aura ainsi une visibilité sur les moyens attribués par rapport aux objectifs fixés.  

Valérie Pécresse veut remettre à plat la carte des formations courtes professionnalisantes. Comment menez-vous la réflexion au sein des IUT sur les nouveaux métiers ?  

Nous voulons progresser sur l’analyse métier et porter les référentiels de compétences dans chaque IUT. Deux secteurs professionnels sont particulièrement demandeurs de nouvelles formations : les services à la personne d’une part et les énergies d’autre part, dans le sillage du Grenelle de l’environnement. Pour le premier secteur, le nouveau DUT « aide et assistance pour le monitoring et le maintien à domicile » en expérimentation cette année ne couvre qu’une partie des besoins. La réflexion est menée au niveau des CPC [commissions professionnelles consultatives] pour l’identification des métiers et entre les IUT avec le département carrières sociales. Le secteur des services à la personne est en voie de structuration et nous préférons faire des expérimentations tant que nous n’avons pas de recul sur l’insertion des premières promotions. Dans le secteur des énergies, nous réfléchissons à l’évolution du DUT GTE (génie thermique et énergie) et du DUT chimie, mais les problématiques énergétiques doivent trouver leur place dans chaque DUT.  

Comment les 5 millions d’euros débloqués par le ministère pour accueillir 3000 bacheliers technologiques en 2008 ont-ils été ventilés ?  

Une part du financement a été attribuée aux IUT sur la base du nombre de bacheliers technologiques déjà accueillis. La seconde partie – à peu près 2 millions – est attribuée aux IUT qui ont présenté un projet d’accueil de bacheliers technologiques. En général, la totalité des financements reçus ont été attribués à des améliorations pédagogiques. Il faut des accueils diversifiés selon les publics, ce qui suppose d’adapter les pédagogies. Pour mon IUT à l’université Paul Sabatier de Toulouse, nous avons reçu 200 000 euros en vue de l’accueil de 100 bacheliers technologiques supplémentaires sur quelque 2000 étudiants. Nous leur proposons des actions de soutien dans les disciplines fondamentales pendant la pré-rentrée et pendant l’année, des petits groupes et du soutien à distance sur une plate-forme pédagogique. Une formation des enseignants d’IUT sur les programmes des bacheliers technologiques est en cours. Fin septembre, nous aurons des retours sur les inscriptions réelles des bacheliers technologiques dans les IUT.  

Propos recueillis par Fabienne Guimont | Publié le