L’école Urbania : un laboratoire de journalisme à Montréal

Daisy Le Corre Publié le
Nathalie Benoît, directrice de la promotion institutionnelle à l’UQAM (Université de Québec à Montréal), et Myriam Berthelet, rédactrice en chef d’"Urbania", évoquent l’association entre le magazine et l’université. Un laboratoire de journalisme centré sur la recherche et la créativité. Un entretien Interface.

Comment est née l’école Urbania ? S’inspire-t-elle d’un modèle existant ?

Myriam Berthelet. Publié quatre fois par an depuis 2003, "Urbania" est un magazine indépendant spécialisé dans le “gonzo journalism” [Style journalistique très incarné où l’auteur mise davantage sur la subjectivité que sur l’objectivité, NDLR], majoritairement lu par les 25-35 ans, très urbains et un peu hipster. Il essaie d’apporter un nouveau regard sur ce qu’on croit déjà connaître. Une démarche proche de celle de l’UQAM, qui cherche à atteindre une cible différente du public universitaire. La création de l’école nous a permis d’ouvrir nos lecteurs à de nouveaux sujets et de bénéficier d’un réel échange de savoir-faire et d’expertises.

Nathalie Benoît. L’école Urbania est née, début 2013, d’un partenariat entre le magazine “Urbania” et l’UQAM, université publique pluridisciplinaire, très reconnue pour son école de médias et de design. Au départ, nous n’étions qu’un simple annonceur. Nous cherchions à cibler principalement les candidats aux études universitaires, dont le profil correspondait au lectorat – jeune, scolarisé et branché – de ce magazine, qui a toujours bénéficié d’une excellente réputation en raison de son anticonformisme. Avec l’école, l’idée était d’aller plus loin et de valoriser, à travers ses supports, la recherche menée dans l’ensemble de nos secteurs d’études, sous l’angle de la créativité.

Au-delà des amateurs de revues et d’émissions scientifiques, il est très difficile de susciter l’attention des jeunes sur ce sujet. Là, nous donnons la possibilité à des étudiants de proposer un concept lié à la recherche qui soit attrayant pour leurs pairs. Si ce n’est pas la “Fabrica”, la cellule de création étudiante de Benetton, c’est, je crois, une entreprise assez inédite.

À qui s’adresse l’école Urbania ?

NB. Il faut être étudiant à l’UQAM et y avoir développé une expertise dans la communication, sans pour autant être un spécialiste.

MB. Il n’y a pas de limite d’âge. L’essentiel, c’est la personnalité du candidat. On ne cherche pas des premiers de la classe mais plutôt des débrouillards créatifs, qui aient un style bien à eux, des choses à dire et une manière de les raconter qui sorte de l’ordinaire. Et, bien sûr, le sens de l’humour !

Nous poussons sans cesse les étudiants à aller sur le terrain en les rendant le plus autonomes possible. Ils ont droit à l’erreur, c’est expérimental.

En quoi consiste précisément cette expérience ?

MB. Nous accueillons chaque année dans nos locaux dix étudiants en stage pendant 140 heures et les faisons travailler dans les conditions d’une vraie rédaction. Ils doivent proposer des idées déclinables sur différents supports (mini-magazine, micro-site Web) sur un thème donné : “Repenser l’école”, “Imaginer Montréal”. Entre juin et décembre 2014, les participants de la 3e session vont produire une websérie sur la créativité dans les secteurs de la recherche et de la création ; elle sera diffusée sur Urbania.ca et sur UQAM.tv. Nous poussons sans cesse les étudiants à aller sur le terrain en les rendant le plus autonomes possible. Ils ont droit à l’erreur, c’est expérimental.

NB. Ces dix étudiants sont encadrés par des mentors – souvent des professionnels de la communication extérieurs à la rédaction – qui leur donnent des conseils et partagent avec eux des trucs pour se perfectionner dans le journalisme, le multimédia interactif, le Web...

Que deviennent ces stagiaires ?

NB. Un des étudiants de la première cohorte est aujourd’hui gestionnaire de communauté pour Urbania. D’autres sont devenus directeur artistique, chargé de projets, attaché de presse, attaché politique… La plupart d’entre eux nous disent qu’“avoir fait l’école Urbania” leur a apporté une certaine crédibilité auprès des institutions et les a parfois aidés à trouver un job.


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Daisy Le Corre | Publié le