Maurice Vincent, président de Saint-Étienne métropole : «Il est primordial pour notre ville d’investir dans la matière grise»

Propos recueillis par Franck Dorge Publié le
Maurice Vincent, président de Saint-Étienne métropole : «Il est primordial pour notre ville d’investir dans la matière grise»
? Maurice Vincent - Saint Etienne // © 
À l’occasion du Salon de l’Etudiant de Saint-Étienne , EducPros donne la parole aux acteurs de l’enseignement supérieur stéphanois. Premier volet avec le président de la communauté d’agglomération et maire de Saint-Étienne, Maurice Vincent, également président de la commission Éducation de l’AMGVF (Association des maires des grandes villes de France). Cet ancien président de l’université Jean-Monnet revient sur les enjeux que représente l’enseignement supérieur pour son territoire ainsi que sur le projet d’Idex 2 déposé par le PRES Université de Lyon.

Que représente l’enseignement supérieur pour une agglomération telle que Saint-Étienne ?

L’agglomération de Saint-Étienne, au cours des dernières décennies, a vu sa tradition industrielle remise en cause, que ce soit dans le domaine de la sidérurgie, de la mécanique lourde ou encore du textile. Face aux transformations économiques et à la montée de la concurrence internationale, il est primordial pour une ville comme Saint-Étienne d’investir dans la matière grise. L’enseignement supérieur constitue un point d’appui majeur pour favoriser et développer de nouvelles activités. Si nous n’avions pas l’université, le CHU [centre hospitalier universitaire] et les grandes écoles implantées à Saint-Étienne, notre agglomération n’afficherait pas le dynamisme qui est aujourd’hui le sien.

Sans l’université, une partie des Stéphanois devraient poursuivre leurs études à Lyon ou à Paris et l’autre n’accéderait pas aux études supérieures. Aujourd’hui, les 22.000 étudiants de Saint-Étienne apportent force et vitalité à notre agglomération. Ils permettent de maintenir la jeunesse au cœur de la ville et contrebalancent le vieillissement de notre population citadine.

Pour toutes ces raisons, Saint-Étienne soutient depuis sa création, en 1969, l’université. Nous faisons partie des agglomérations qui financent le plus l’enseignement supérieur lorsqu’on rapporte les sommes que nous avons investies au nombre d’habitants.

Comment Saint-Étienne participe-t-elle au développement de l’enseignement supérieur ?

Saint-Étienne Métropole, la région et l’État ont investi 80 millions d’euros, depuis 2008, dans l’enseignement supérieur. Cet investissement massif a permis de moderniser et de développer les infrastructures qui avaient été financées dans le cadre des plans de modernisation des universités U2000 et U3M. Dans cinq ou six ans, la totalité des sites universitaires auront été rénovés et regroupés au sein de pôles universitaires situés au cœur de la ville.


En 2014, la faculté de médecine sera neuve et une partie de l’UFR de sciences rejoindra le pôle d’enseignement supérieur et de recherche regroupé autour de la cité du Design. Restera à moderniser le campus des lettres et sciences humaines. L’originalité des implantations universitaires à Saint-Étienne repose sur deux volontés de l’agglomération. D’abord, contribuer à ce que les sites universitaires soient des lieux de formation et de recherche, mais également des lieux d’innovation et de bouillonnement créatif. En effet, les étudiants, les enseignants-chercheurs, les entrepreneurs et les créateurs sont amenés à se côtoyer et à travailler ensemble. Ensuite, Saint-Étienne Métropole a tout mis en œuvre pour que les différents sites universitaires soient reliés les uns aux autres par le tram afin de permettre aux étudiants de se déplacer sans difficulté.

L’université de Saint-Étienne est membre fondateur du PRES Université de Lyon. Un projet d’Idex doit être déposé le 8 décembre. Qu’attendez-vous de celui-ci pour votre ville ?

L’université de Saint-Étienne a remporté, grâce à la qualité de ses équipes de recherche et à son positionnement fort au sein du PRES, sept Labex et deux Equipex. Cela est très valorisant pour une ville de notre taille. Je souhaite que le projet d’Idex soit retenu par le jury. Si tel est le cas, il serait opportun pour le rayonnement de Saint-Étienne que nous apparaissions dans le nom de l’Idex. C’est important pour la reconnaissance de notre université et le rayonnement de notre territoire.



Saint-Étienne Métropole en chiffres

• 22.000 étudiants.
• 93.000 déplacements d’étudiants par jour.
• 60 sites d’enseignement supérieur.
• 10 allocations postdoctorales financées chaque année.
• 7 laboratoires d’excellence (SISE-MANUTECH, IMU, IMUST, MILYON, CELyA, HASTEC, CLERVOLC).
• 7 réseaux labellisés « grappes » (Numélink, Pôle des technologies médicales, Mécaloire, Collectif designers +, Pôle agroalimentaire Loire, Logistique 42, Sporaltec).
• 3 pôles de compétitivité (Viaméca, Techtera et Minalogic).
• 2 Equipex (MANUTECH-USD, IVTV).
• 1 pôle de recherche et d'enseignement supérieur Lyon / Saint-Étienne.

Une spécificité stéphanoise, le logement étudiant « bon marché »

Saint-Étienne est l’une des villes où les loyers sont les plus faibles. Contrairement à des villes comme Grenoble, Lyon ou encore Nantes, la population citadine n’est pas en croissance, ce qui permet aux loyers de rester en dessous de la moyenne nationale. Une seconde explication à cette spécificité, la tradition locale de coopératives immobilières. Saint-Étienne Métropole participe également à la rénovation et au développement de logements CROUS. Ainsi, le 17 novembre 2011, l’agglomération a décidé de transformer une ancienne caserne de pompiers en résidence CROUS.

Propos recueillis par Franck Dorge | Publié le