Patrick Donath (Renater) : "Le rôle du DSI est d'autant plus important que beaucoup d’enseignants-chercheurs veulent protéger leur savoir-faire"

Guillaume Mollaret Publié le
Patrick Donath (Renater) : "Le rôle du DSI est d'autant plus important que beaucoup d’enseignants-chercheurs veulent protéger leur savoir-faire"
Patrich Donath, directeur de Renater // DR // © 
Du 10 au 13 décembre 2013, les 10es Journées Réseaux (JRES) réunissent à Montpellier les acteurs qui contribuent au déploiement et à l'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication dans les établissements d'enseignement supérieur et de recherche. À cette occasion, EducPros est allé à la rencontre de directeurs des systèmes d’information (DSI), ainsi que du directeur de Renater (Réseau national de télécommunications pour la technologie, l'enseignement et la recherche), Patrick Donath.

Qu’est-ce que Renater et son intérêt pour les universités et leurs laboratoires de recherche ?

Renater est un groupement d’intérêt public déployé en 1993. Il a été créé pour fédérer les infrastructures de télécommunication dédiées à la recherche et à l’éducation. Plus de 1.300 sites y sont raccordés via les réseaux de collectes régionaux au réseau national. C’est un réseau très haut débit qui dessert l’ensemble des grandes écoles publiques, des universités et des centres de recherche français.

Existe-t-il un équivalent au niveau européen ?

Oui. Nous travaillons d’ailleurs dans un esprit coopératif. Renater participe avec trente-deux pays au réseau Géant. Il est géré principalement par quatre pays, dont la France, et financé à hauteur de 50% par l’Union européenne. Nous nous retrouvons régulièrement. Nous y partageons nos savoir-faire, nous déployons la R&D développée dans chacune des universités.

Comment est appelé à évoluer Renater ?

Il y a de plus en plus de demandes au niveau des capacités de débit. Nous sommes essentiellement dimensionnés pour les grands instruments de physique produisant beaucoup de données, à l’instar du CERN à Genève et bientôt d’ITER à Cadarache. Avec cette particularité pour ITER que les instruments de mesure physique seront installés en Provence, alors que les instruments de calcul se trouveront au Japon. C’est dire si les liens internationaux deviennent une préoccupation absolue.

Il y a par ailleurs un énorme projet de télescope international. Là, on va parler d’un échange de données en exabytes par seconde ! C’était encore inimaginable il y a quelques années.

Quels sont les pays européens en pointe sur l’optimisation de leurs réseaux ?

Les pays qui nous tirent vers le haut au niveau de l’innovation sont les pays du Nord. Dans certains pays, il y a un partage des capacités du réseau avec les autres administrations d’État.

Au sein de Renater, nous anticipons en permanence l’évolution des capacités du réseau à accepter les débits pour répondre aux besoins exigés par la recherche qui sont exponentiels en termes de moyens de calcul. Renater investit chaque année 25 millions d’euros dans ces infrastructures réseaux. Ces investissements sont financés essentiellement par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ainsi que par l’Union européenne. Renater se situe dans la moyenne haute européenne en termes d’optimisation de son réseau.

Renater investit chaque année 25 millions d’euros dans les infrastructures réseaux

À vos yeux, comment a évolué la place du DSI au sein des universités ?

Je pense que le DSI a souvent été très proche de la gouvernance, il y a trente ans. Puis, il a eu moins d’influence, ou d’importance, avec l’arrivée du PC et, aujourd’hui, il est de nouveau davantage associé au management parce qu’on retourne dans un monde où le numérique et les services de systèmes d’information deviennent collaboratifs.  

Par ailleurs, le rôle du DSI est d'autant plus important aujourd'hui sur les aspects de sécurité, à l'heure où beaucoup d’enseignants-chercheurs cherchent à protéger leur savoir-faire et ont besoin d’outils efficaces sans contraintes liées aux usages.

Est-ce donc dans la sécurité que se trouvent les enjeux de demain pour la profession ?

Très certainement. Et, pour cela, la transparence en matière de sécurité est essentielle car, pour l’utilisateur, il ne faut pas de contraintes d’usage, par exemple avec de multiples mots de passe à enregistrer.

Après, nous sommes à l’aube d’une révolution pédagogique avec l'e-learning et les MOOC. Nous allons dans un sens où l’enseignant ne transmet plus un savoir, mais aide à l’acquérir, car ce savoir est aujourd’hui disponible sous différentes formes. En outre, on ne sait pas encore très bien dans quel cadre s’inscrit la dimension internationale des MOOC, mais nous avons comme objectif d’y faire adhérer toute la communauté francophone. Nous travaillons actuellement avec les pays d’Afrique pour casser la fracture numérique qui nous sépare.

Quel est dans ce cadre le rôle de Renater ?

L’enjeu se situe au niveau des connexions simultanées à un cours en ligne. Le réseau doit être dimensionné pour en supporter un très grand nombre.

Guillaume Mollaret | Publié le