Ronan Stéphan, président de l'UTC : "L'IET apposera un label sur les diplômes nationaux"

Propos recueillis par Frédérique Letourneux Publié le
Ronan Stéphan, président de l'UTC : "L'IET apposera un label sur les diplômes nationaux"
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L’Institut européen de technologie (IET) commence à prendre forme. Ronan Stéphan, président de l'UTC (Université de technologie de Compiègne), chargé, aux côtés de trois autres personnalités de la recherche européenne, d'étudier l'ensemble des candidatures revient sur les enjeux de ce vaste projet. La liste finale des 18 membres du comité directeur du futur IET (l'institut européen d'innovation et de technologie) est actuellement à l'étude au Parlement européen.

Quels sont les critères qui ont présidé à votre choix ?
Nous avons été confrontés à un problème à plusieurs équations. D’abord, il nous fallait veiller au respect d’un certain équilibre géographique et d’une bonne représentation des différentes cultures européennes. L’autre consigne était de retenir des acteurs issus tout autant du monde académique que de la sphère scientifique et économique. Et en s’assurant qu’au final notre comité soit gouvernable. Au total, nous avons reçu quelque 300 candidatures, dont d’excellents dossiers français. Certaines personnes avaient d’ailleurs un très bon profil cumulant une expérience dans le monde scientifique et dans celui de l’entreprise.

Comment l’IET va-t-il réellement pouvoir fonctionner sur cette base ?
Ce comité directeur sera la structure de gouvernance de l’IET et son but sera de promouvoir et de sélectionner les communautés de la connaissance et de l’innovation (CCI). Ces communautés, qui seront le bras opérationnel de l’IET, seront constituées par des partenariats entre des universités, des organismes de recherche, des entreprises publiques ou privées, autour de thématiques qui présentent un intérêt économique et social au niveau européen. S’il avait été question à un moment que l’IET délivre ses propres diplômes, ce ne sera finalement pas le cas, mais il apposera un label sur les diplômes nationaux délivrés par les CCI. D’une manière générale, celles-ci doivent fournir un cadre pour encourager la circulation des chercheurs et des doctorants en Europe. Le but du jeu est de construire un nouveau stimulateur, une sorte de « booster »... Avec, en ligne de mire, l’objectif de porter à 3 % du PIB européen les dépenses de R&D, en ayant soin, bien sûr, d’intégrer les entreprises dans le processus.

L’UE a débloqué 300 millions d’euros pour faire tourner l’IET dans sa phase initiale (2008-2013), alors que le budget total est estimé à 2,4 milliards d’euros sur la même période. Cela ne va-t-il pas freiner son développement ?
Force est de reconnaître que le financement, c’est le nerf de la guerre. Le budget initial va clairement déterminer le nombre de CCI qui vont pouvoir être lancées. Mais ces fonds vont être abondés par les fonds structurels, notamment le VIIe Programme-cadre de recherche, par les États membres, par les entreprises privées, par les legs et le mécénat, par les contributions de pays tiers... et à terme par les revenus propres de l’IET, grâce à la propriété industrielle. Je suis persuadé qu’il se produira un effet de levier.

Le lancement d’un organisme au niveau européen ne risque-t-il pas finalement de renforcer la concurrence intra-européenne ?
Je pense qu’aujourd’hui nous n’avons pas le choix, il faut qu’il y ait des collectivités de l’innovation à l’échelle européenne. Nous gagnerons la bataille en concentrant nos forces sur un certain nombre de dossiers restreints. De toute façon, la concurrence, c’est ce qui permet de se hisser au meilleur niveau. Et depuis toujours la communauté scientifique a été soumise à une concurrence internationale dans la production de résultats. À terme, je pense que c’est un système vertueux.

Propos recueillis par Frédérique Letourneux | Publié le