Serge Villepelet, président de PwC : "Les jeunes de l’opération Phénix apportent quelque chose d’indispensable à la survie de l’entreprise : l’innovation"

Propos recueillis par Céline Manceau Publié le
Serge Villepelet, président de PwC : "Les jeunes de l’opération Phénix apportent quelque chose d’indispensable à la survie de l’entreprise : l’innovation"
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Serge Villepelet a publié cet été Le patron qui aime les littéraires. Le président de PricewaterhouseCoopers relate dans cet ouvrage le développement de l’opération Phénix depuis sa création en 2007. Ce patron, qui donne de son temps pour accompagner Valérie Pécresse quand elle va à la rencontre des universitaires, plaide pour que son projet d’intégration des étudiants en SHS dans les entreprises essaime dans toutes les universités de France. Il a d’ailleurs été nommé, par la ministre, président du Comité de labellisation Phénix .

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire ce livre ?
J’ai d’abord eu envie de raconter une formidable histoire. Et puis, je crois à ce projet et je sais qu’il peut se développer à grande échelle. À condition de convaincre tout le monde, les étudiants dont certains sont parfois hostiles au dispositif, les universités et surtout les entreprises. C’est très difficile pour ces dernières de changer leurs habitudes. Elles passent leur temps à gérer la notion de risque et le recrutement, c’est un risque à prendre. Et pourtant celles qui sont entrées dans Phénix ne le regrettent pas. La Société générale, par exemple, est très satisfaite des résultats.

Même dans votre entreprise, vous montrez qu’il faut vaincre des réticences internes…
Souvent, les cadres ne voient pas l’intérêt de travailler avec des profils différents, qui exigent d’eux un investissement plus important pour les former. Pour le moment, il n’y a pas d’autre solution que d’imposer les choses pour qu’elles prennent. Mais ça fonctionne. Les jeunes Phénix s’intègrent aussi bien que les diplômés des grandes écoles et sont aussi performants qu'eux. En outre, ils apportent quelque chose d’indispensable à la survie de l’entreprise : l’innovation.

Certains étudiants ne disposent pas non plus des codes pour passer les étapes du recrutement.
L’élément clé d’un recrutement, c’est la motivation. Et même si nos DRH sont très attentifs quand ils reçoivent des jeunes Phénix, ils ne peuvent pas non plus, sur un si petit nombre, mettre en place des procédures de recrutement particulières. Il faut donc aussi que les universités puissent expliquer à leurs étudiants comment on construit un CV et comment se déroule un entretien d’embauche. L’idéal serait qu’elles forment aussi au savoir-être en entreprise les jeunes qui ne se destinent pas aux métiers de la recherche et de l’enseignement.

Parmi les différentes disciplines universitaires en SHS, certaines sont-elles plus adaptées à l’entreprise ?
Parmi les recrues Phénix, nous avons constaté que les historiens faisaient de très bons auditeurs. Ils ont la capacité de considérer les événements, non pas dans l’immédiat, mais dans leur évolution passée et future. Les philosophes et les géographes sont également de très bonnes recrues pour appréhender des environnements complexes. La condition essentielle pour que l’intégration se passe bien est que ces jeunes aillent au bout de leurs cursus universitaires en SHS et soient excellents dans leur domaine.


* Le patron qui aime les littéraires, Serge Villepelet, éditions Desclée de Brouwer, mai 2010.

Propos recueillis par Céline Manceau | Publié le