Trois questions à Patrick Pépin (président de la Conférence nationale des métiers du journalisme) : «Le référentiel commun vise à mettre un peu d’ordre dans l’offre de formations »

Propos recueillis par Mathieu Oui Publié le
Trois questions à Patrick Pépin (président de la Conférence nationale des métiers du journalisme) : «Le référentiel commun vise à mettre un peu d’ordre dans l’offre de formations »
Patrick Pépin // © 
Ancien directeur de l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille et président de la Conférence nationale des métiers du journalisme (CNMJ), Patrick Pépin répond à nos questions à l’occasion de la deuxième conférence nationale des métiers du journalisme, organisée le 29 septembre 2011 à Paris.

Parmi les deux gros chantiers lancés l’an dernier lors de la première édition de la Conférence nationale des métiers du journalisme , figure celui d’un référentiel aux écoles de journalisme commun au ministère de l’enseignement supérieur et à la profession. Où en est-on ?

Nous allons présenter le projet de référentiel commun le 29 septembre 2011,  qui est le résultat des travaux de l’année passée. Pour l’essentiel, il reprend les critères définis par la Commission paritaire nationale pour l’emploi des journalistes (CPNEJ) pour délivrer sa reconnaissance (1). Face à la prolifération des formations ces dernières années, on en compte une petite centaine, notre objectif est de rendre plus lisible ce paysage et de distinguer les formations très rigoureuses comme les treize cursus reconnus par la profession, et les autres. Il s’agit de signifier aux familles, aux étudiants et aussi aux employeurs, les savoirs et compétences nécessaires pour former de jeunes professionnels : de l’éthique à l’anglais en passant par les techniques professionnelles ou le stage.


Qu'en attendez-vous ?

Cela devrait aider à mettre un peu d’ordre. A terme, le ministère de l’Enseignement supérieur pourrait choisir, parmi la vingtaine de masters en journalisme, ceux qui satisfont au référentiel. En ce qui concerne le nombre de formations labellisées, nous ne sommes pas malthusien. On pourrait envisager de passer de treize formations reconnues à vingt ou trente mais ce n’est pas à la conférence - qui n’est qu’une instance de propositions - de fixer un chiffre précis.

Le ministère est attaché à la distinction par grade alors que la CPNEJ reconnaît des cursus indépendamment du niveau de sortie : parmi les treize cursus reconnus on trouve à la fois des master et des DUT.

Cette distinction entre les DUT et les masters n’est pas encore tranchée. Même si la tendance est à l’élévation du niveau de formation comme l’a montré le passage de l’IUT de Bordeaux au grade de master, le ministère reste très attaché à la formation en IUT. De mon point de vue personnel, le master est le bon niveau de formation pour un métier à responsabilité sociale comme le journalisme. Avant la mise en place du LMD, on pouvait rester dans le flou,  mais aujourd’hui, cela devient plus difficile.


Quelles sont les avancées sur le second chantier, celui du passeport professionnel ?

Il s’agit de donner à tous les nouveaux entrants dans la profession, et notamment à ceux qui ne sont pas passés par une formation professionnelle, un bagage commun sur les questions d’éthique professionnelle et de méthodes. Nous avons travaillé sur plusieurs hypothèses de travail, des formations d’une semaine, quinze jours ou un mois. Deux semaines semblerait le bon tempo. Selon nos estimations, ce passeport pourrait concerner 1400 personnes chaque année. Tout le dispositif technique est prêt : les écoles ont une offre de formation validée et cela pourrait être financé par les budgets de formation des entreprises qui ne sont pas toujours consommés.


Une instance de propositions

Issue des Etats Généraux de la presse écrite lancée par l’Elysée en 2008, la Conférence nationale des métiers du journalisme (CNMJ) est née en 2010. Elle regroupe les 13 écoles de journalisme reconnues par la profession, des professionnels impliqués dans la formation et dans les instances représentatives du métier, les pouvoirs publics (Enseignement supérieur et Recherche, Culture et Communication, Emploi), des chercheurs et des personnalités qualifiées.

La CNMJ est conçue comme une « boîte à idées », avec pour ambition de proposer une réflexion sur le métier de journaliste autour de l’apprentissage des bonnes pratiques professionnelles, des instruments et des méthodes pédagogiques qui en découlent. 

(1) Les treize cursus reconnus par la profession sont : les IUT de Tours et Lannion, le CFJ (Centre de formation des journalistes), l’IPJ (Institut pratique de journalisme) à Paris, l’ESJ (École supérieure de journalisme) à Lille, l’EJT (École de journalisme de Toulouse), le CELSA-Paris 4, l’IFP (Institut français de presse-Paris 2), l’école de journalisme de Science-po Paris, le CUEJ-Strasbourg (Centre universitaire d’enseignement du journalisme), l’EJCM-Aix-Marseille 2 (École de journalisme et de communication de Marseille), l’École de journalisme de Grenoble (Grenoble 3), et l’IJBA (Institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine).

Propos recueillis par Mathieu Oui | Publié le