Yvan Leray (Collegium des IUT bretons) : "Si nous voulons être entendus dans la Comue, nous devons nous structurer"

Isabelle Dautresme Publié le
Yvan Leray (Collegium des IUT bretons) : "Si nous voulons être entendus dans la Comue, nous devons nous structurer"
Le nouveau projet de diplôme en 3 ans n'est pas encore finalisé. // ©  IUT Vannes
L’union fait la force. Les IUT (Instituts universitaires de technologie) bretons n'ont pas l'intention de se faire oublier lors de la mise en place de la Comue (communauté d'universités et établissements) Bretagne-Pays de la Loire et ils le font savoir. Le 5 juin 2014, les directeurs des huit instituts vont signer une charte commune donnant naissance au Collegium IUT de Bretagne. Un projet porté par Yvan Leray, directeur de l'IUT de Brest et président de l’association des IUT de Bretagne.

Yvan Leray, directeur de l'IUT de Brest et président de l’association des IUT de Bretagne // DRPour quelles raisons avez-vous décidé de former un Collegium ?

Le projet de Collegium s’inscrit dans un contexte global relatif à la loi ESR de juillet 2013, et plus particulièrement de son volet regroupement. Les IUT (Instituts universitaires de technologie) sont, en effet, très attachés à la formation technologique de niveau licence. Question à laquelle la Comue semble peu sensibilisée. Comme elle semble peu préoccupée par celle des territoires. Au final, nous craignons une déconnexion des centres de décision de la réalité du terrain.

Nous nous interrogeons également sur la place qui sera faite à l’enseignement technologique dans ce que je qualifierai de “futur machin”. Si nous voulons être entendus, nous devons nous structurer. D’où l’idée du Collegium qui rassemble les huit instituts (Brest-Morlaix, Lannion, Lorient-Pontivy, Quimper, Rennes, Saint-Brieuc, Saint-Malo et Vannes). Il s’agit là d’un véritable acte politique.

Quelle rôle souhaitez-vous jouer au sein de la future Comue ?

Il faut absolument que la Comue accorde au Collegium des IUT de Bretagne une place à part et entière. Actuellement dans l’organisation universitaire, nous nous situons au rang 2, comme n’importe quelle composante. Avec la Comue, nous avons toutes les chances d’être relégués au rang 4, ce que nous refusons.

Que craignez-vous ?

Une baisse de visibilité et donc de moyens. La Comue implique, en effet, un travail de regroupement et donc de rationalisation des dépenses. Si nous ne sommes pas suffisamment identifiés, nous subirons immanquablement une perte de moyens susceptible de remettre en cause, à terme, la formation technologique à l’université. Les étages supérieurs seront, en effet, servis les premiers et, dans un contexte de rigueur budgétaire, il risque de ne pas rester grand chose pour les étages inférieurs. Nous voulons donc que le Collegium des IUT bretons soit reconnu par la gouvernance de la future Comue comme un interlocuteur privilégié.

L’idée du Collegium est de renforcer l’efficacité des IUT par des partages d’expériences

Quelle forme prendra le Collegium ?

Nous ne le savons pas précisément encore, nous sommes en phase de création. Ce qui sûr, c’est qu’en signant une charte, les huit IUT bretons s’engagent, d’ores et déjà, à travailler encore davantage ensemble notamment sur les questions d’offres de formation. L’idée étant de renforcer l’efficacité des IUT par des partages d’expériences, des échanges de bonnes pratiques…

Comment votre démarche a t-elle été perçue par les présidents d'université ?

Clairement, on dérange. Les présidents d’université craignent que nous allions trop vite. Alors que nous, nous pensons, au contraire, que nous pouvons servir de démonstrateur notamment pour les autres composantes. À la condition, toutefois, que nous ayons une place de choix dans la Comue.

Quid de vos six voisins ligériens, les IUT d'Angers, La Roche-sur-Yon, Laval, Le Mans, Nantes et Saint-Nazaire ?

L’idée est que dès que la Comue est créée, et à la condition que nous soyons identifiés en tant que Collegium, nous nous regroupions. Nous nous connaissons et avons déjà partagé des travaux et des ressources. Toutes les conditions sont donc réunies pour que nous amplifions notre travail commun.

Isabelle Dautresme | Publié le