Des nouvelles de la planète MOOC : journal d'une e-apprenante en gestion de projet

Laura Maclet Publié le
Des nouvelles de la planète MOOC : journal d'une e-apprenante en gestion de projet
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Pour le lancement de sa deuxième édition, le MOOC "ABC de la gestion de projet" coordonné par Rémi Bachelet, maître de conférences à Centrale Lille, a rassemblé, le 16 septembre 2013 quelque 8.000 participants. Parmi eux, Laura Maclet, une jeune professionnelle en gestion de projet, qui relate sur EducPros son expérience d'e-apprenante. Dans son premier billet, elle raconte comment elle s’installe dans son univers d’étudiante connectée, à la fois seule et accompagnée.

Laura MacletUn peu avant le 16 septembre 2013

En recevant ma confirmation d’inscription, je retrouve ce mélange de hâte et d’inquiétude qui caractérise le début de chaque rentrée scolaire. La dernière certification professionnelle que j’ai obtenue date de 2011 : il est temps de s’emparer enfin de l’offre exponentielle de formations en ligne pour rafraîchir sa mémoire d’apprenant.

La deuxième édition du MOOC "ABC de la gestion de projet" conçu par Rémi Bachelet a démarré le 16 septembre dernier et prendra fin le 20 octobre : cinq semaines de cours gratuits pour s’initier à la gestion de projet. Actuellement responsable d‘un projet numérique de formation à Sciences po, ma première source de motivation pour suivre ce cours est donc très concrète : j’en ai besoin.

C’est donc l’occasion de favoriser sa montée en compétences, en stimulant sa curiosité et en découvrant un nouvel environnement éducatif.

Le MOOC "ABC de la gestion de projet" est conçu par Rémi Bachelet, docteur en sciences de gestion. Directeur adjoint du master recherche Modélisation et management des organisations à l'Ecole centrale de Lille, il y enseigne la gestion de projet.

Via la plate-forme Unow, fondée par Yannick Petit et Jérémie Sicsic, le MOOC "GdP", comme on le trouve nommé sur les réseaux sociaux, propose trois parcours d’apprentissage en open source : le certificat classique, le certificat avancé, et le certificat en équipe – tous trois délivrés par l’Ecole centrale de Lille. Il est tout à fait possible de choisir un ou plusieurs parcours d’apprentissage.

Rémi Bachelet, coordinateur du MOOC gestion de projet

En me demandant ce que je vais choisir, je songe quelques instants à notre société du "menu" : avec un peu de recul, je remarque que nous passons beaucoup de temps à choisir et à composer, pour tout. C’est déjà une forme de gestion de projet. En me ressaisissant, j’opte pour le certificat classique, qui me demandera environ deux heures de travail par semaine, et qui se compose essentiellement de vidéos d’une dizaine de minutes suivies d’un quiz (évaluation sommative rapide et immédiate des connaissances).

Je prends soin de m’inscrire aux différents groupes présents sur les réseaux sociaux : Linkedin, Facebook, Google+ ainsi que de m’abonner au fil twitter #MOOCGdP. L’animation du MOOC sur ces espaces est gérée de manière très dynamique par une équipe de bénévoles, dont Mathieu Cisel, Manon Silvant et Bertrand Gajeot.

Ainsi, la nécessité d’apprendre, associée à la possibilité de le faire seule, en trouvant son propre rythme au sein d’un cadrage didactique posé par le professeur – tout en étant sécurisée par l’appartenance aux groupes de pairs – dynamise mon inscription et me donne la certitude que je ne serai pas "no  show", mais une étudiante active.

Au fil de la première semaine

Chaque semaine est consacrée à l'un des cinq thèmes qui architecturent le parcours global du MOOC : découvrir les fondamentaux des projets, utiliser les outils informatiques et évaluer financièrement les projets, maîtriser les bases d’organisation, réaliser une analyse fonctionnelle et établir un cahier des charges, et enfin concevoir des outils avancés de gestion de projet.

Le démarrage du premier chapitre se réalise de manière " tout confort" : le module initial est en effet consacré en amont à l’explicitation du fonctionnement global via une vidéo tutoriel. L’utilisateur bénéficie d’un accompagnement dans la prise en main de la plate-forme, de ses fonctionnalités et de son système de notation – par points pour les certificats classiques et avancés. J’ai plaisir à apprendre que la communauté d’étudiants se constitue au-delà de nos frontières, et que l’Afrique de l’Ouest est massivement représentée. Je songe à des collègues dakarois qui doivent probablement suivre le cours.

Carte des participants au MOOC gestion de projet - septembre 2013

Tout en regardant la vidéo, j’effectue les menues tâches d’enregistrement avec plaisir. Je remplis le "questionnaire démographique" initial qui permet de connaître le profil et l'origine des apprenants, et j’obtiens deux points. Je me rappelle alors la période des bons points au CP – qui s’attribuaient parfois aussi sur le comportement – et m’interroge sur la question de "récompense" qui s’est transformée aujourd’hui en marqueur, ou en jalon d’une étape d’apprentissage. Serait-on passé de "sois sage et apprends", à "c’est bien, continue" ? L’éducation devient un work in progress partagé de manière contributive et positive.

Suivre un MOOC permet de synthétiser les avantages des pédagogies dites différenciées et actionnelles : en effet, en allant à mon rythme, j’exécute les tâches demandées au moment où je le souhaite, et j’obtiens un retour sur action quasi immédiat. C’est l’interactivité à mon rythme.

L’éducation devient un work in progress partagé de manière contributive et positive

A l’issue du module 1

Une fois que les objectifs globaux du cours sont énoncés, appréhendés et assimilés, on peut savourer de suivre son cours… au fond de son lit, par exemple ! Il est tellement confortable de prendre le temps nécessaire pour accueillir et comprendre une nouvelle notion. Je me rappelle la frustration en classe de ne pas oser demander une explication : la cloche sonne, "tout le monde" a compris, il faut boucler le programme, j’ai déjà demandé… Autant de situations qui me rappellent combien l’apprentissage est avant tout lié à l'association de deux facteurs : le temps et la mise en confiance.

Au bout de quelques jours, j’acquiers l’aisance de l’utilisation de la plate-forme associée au cheminement entre les chapitres : je repense à la logique du menu en composant mon parcours qui, s’il est bien entendu guidé par l’ordre des chapitres, peut se concevoir aussi comme une navigation "au besoin" : je passe en effet de l’apprentissage d’une notion à la possibilité immédiate d’accéder à sa remédiation, en regardant autant de fois que je le souhaite le passage qui m’intéresse.

En intégrant une communauté qui partage le même objectif, j’obtiens à la fois une formation thématique et le partage d’informations et de connaissances, en parallèle de ma vie professionnelle qui s‘enrichit. Une véritable simplification de l’accès à la formation continue et la grande satisfaction de trouver des réponses claires et directement applicables.

Pour en savoir plus
- La home page du MOOC
- Le site de Rémi Bachelet : tous les cours du MOOC y figurent et sont en creative commons
- Une carte heuristique sur tout ce que contient le MOOC (auteur : Xavier Pigeon)
- Le fil twitter #MOOCGdP
Laura Maclet

Diplômée d'un master de l’université de Provence et de l’Institut de la francophonie en "Politiques et planification linguistiques - Coopération éducative", Laura Maclet est aussi titulaire d’un CAPES de documentation. Elle a travaillé sur la pratique des ateliers d’écriture comme outil de remédiation.

Comme elle n’aimait pas l’école, Laura Maclet a souhaité s’y intéresser. Elle décide de ne pas choisir entre apprendre, enseigner et concevoir des projets éducatifs. La formation constitue le fil directeur de son projet professionnel, partant du principe que l’on apprend chaque jour des autres.

Depuis dix ans, en passant par Marseille, Dakar puis Paris, elle construit des projets éducatifs selon trois axes : synergie des talents, décloisonnement des pratiques et valorisation de chaque acteur du projet à travers sa singularité et sa force.
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