Enseignement supérieur: les masques de l'excellence

Emmanuel Davidenkoff Publié le
Comment se composer un cursus à la carte centré sur les savoirs et compétences qui seront demandés par les employeurs. La chronique d'Emmanuel Davidenkoff, directeur de la rédaction de l'Etudiant.

L'enseignement supérieur sert-il à trier ou à former ? Jusque-là, la question demeurait relativement théorique, les institutions établies jouissant du monopole de la délivrance des diplômes. A l'heure où de nouveaux acteurs émergent, notamment dans le numérique, les masques vont tomber.

D'abord, du côté des employeurs, qui délèguent aux universités et aux grandes écoles la formation de leurs futurs salariés. Quoi que se plaisent à expliquer certains DRH, le regard de nombre de dirigeants sur l'enseignement supérieur demeure d'un solide conformisme. Les indices en sont nombreux : persistance de chasses gardées dans maintes grandes entreprises, où les meilleures places demeurent réservées aux diplômés de telle école ; stabilité des classements établis par les entreprises pour déter miner les salaires d'embauche des entrants selon l'école d'où ils sortent ; méconnaissance des évolutions récentes de la politique de recrutement ou de formation des établissements...

un accord tacite entre écoles et employeurs

Ensuite, du côté des institutions d'enseignement. Sous la pression des classements nationaux et surtout internationaux, le métier d'enseignant-chercheur tend nettement vers le second terme : tout est fait pour valoriser la recherche, rien - ou si peu - pour récompenser l'implication pédagogique. Si bien que les établissements les plus cotés sont ceux qui produisent une recherche de grande valeur et sélectionnent le plus sévèrement leurs étudiants, pas forcément ceux qui se concentrent le plus sur la qualité des enseignements.

Il existe ainsi un accord tacite entre écoles et employeurs pour faire de la rudesse de la sélection à l'entrée le garant de la qualité de la formation, laquelle n'est finalement jamais interrogée en tant que telle. Si bien que l'on aboutit à une définition de l'excellence en forme de tautologie : plus une filière sélectionne, mieux elle est considérée; mieux elle est considérée, plus elle est demandée, et plus sa sélectivité croît.

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