L’entrepreneuriat chez les jeunes : une valeur qui a la cote. Une tribune d’Alain Belais, directeur général de l’APCE

Maëlle Flot Publié le
L’Agence pour la création d’entreprises (APCE) a invité, les 1er et 2 décembre 2011, lors d’assises nationales, le monde enseignant à réfléchir aux moyens de développer l’esprit d’entreprendre chez les jeunes. Dans cette tribune, Alain Belais, directeur général de l’agence, revient sur les différentes initiatives et tendances dans le domaine de l’entrepreneuriat.

"Un jeune sur deux indique vouloir créer son entreprise (1), le signal est fort. Il est primordial de les encourager et de leur donner les moyens de concrétiser leur rêve. Mais où en est vraiment l'esprit d'entreprise en France, alors que les chefs d'entreprise ne sont, eux, que 24% à estimer que la culture de notre pays l'encourage (2) ?

Au-delà des apparences, les raisons sont nombreuses d'être optimiste. La première concerne la création d'entreprise : l'engouement autour du statut de l'autoentrepreneur s'est transformé en véritable raz de marée, puiqu'on fêtera le millionième en février 2012 ! La révolution culturelle que révèle ce mouvement est majeure. Les autoentrepreneurs d'aujourd'hui sont potentiellement les chefs d'entreprise de demain et leur choix a valeur d'exemple, notamment dans leur entourage, leur famille et auprès des enfants...

La seconde touche l'évolution formidable du traitement de l'entrepreneuriat dans l'enseignement. Longtemps le monde de l'entreprise et le corps enseignant se sont regardés en chiens de faïence. Cette époque est – presque – révolue. Si les enseignants ont toujours été soucieux de former les jeunes pour les préparer à trouver leur place dans la société, beaucoup conviennent aujourd'hui que l'esprit d'entreprendre est une valeur en soi qui participe au développement de l'individu. De leur côté, les entrepreneurs sont de plus en plus nombreux à souhaiter s'engager dans des actions citoyennes.

Démonstration de cette convergence d'intérêts et de points de vue, le ministère des Finances et de l'Industrie, par son secrétariat d'État aux PME, le ministère de l'Enseignement supérieur et la Caisse des dépôts et consignations ont fêté, le 12 octobre, le premier anniversaire des 20 pôles entrepreneuriat étudiant [PEE]. Ces derniers sont chargés de sensibiliser, de former et d'accompagner les étudiants de toutes filières dans leurs projets de création d'entreprise – sciences humaines et sociales incluses, trop souvent ignorées pour leur capacité à innover. Grande première allant également dans ce sens, la présentation prochaine d'un référentiel de formation à l'entrepreneuriat à destination de tous les étudiants, dès la licence.

«Beaucoup d'enseignants conviennent que l'esprit d'entreprendre est une valeur en soi qui participe au développement de l'individu»

Logiquement, cette approche doit ensuite prendre en compte sans rupture les premières années d'enseignement. Elle doit aussi répondre à une panoplie de questions : que faut-il faire pour développer l'esprit d'entreprendre, que le jeune se prépare ou non à la poursuite d'études supérieures longues ? Que fait-on pour ceux qui quittent l'école sans qualification ?

L'Éducation nationale a lancé, le 13 juillet 2011, un appel à projets avec pour objectif de bâtir un cursus ad hoc. On le voit, si les difficultés existent dans un environnement où la société demande de plus en plus à l'école en général et aux enseignants en particulier, il est incontestable que les positions convergent, traduisant une remarquable volonté d'évolution.

De fait l'APCE, via un Observatoire des pratiques pédagogiques en entrepreneuriat [OPPE], constate un foisonnement d'initiatives autour de l'entrepreneuriat en général et des jeunes en particulier. Cet engouement correspond à une phase de maturité et autorise désormais la mise en œuvre d'actions à plus grande échelle. L'agence y apporte sa contribution. C'est ainsi que les 1er et 2 décembre 2011, lors d'assises nationales, et comme c'est le cas depuis dix ans, elle a réuni le monde enseignant afin de trouver les voies et les moyens pour amplifier et accélérer la mutation en cours.

Le système s(c)olaire est organisé comme une variété de planètes gravitant autour d'une étoile. La planète «esprit d'entreprise» est la plus petite du système et il n'est pas étonnant qu'elle y occupe une place proportionnelle à sa taille. Cela étant, elle participe tout autant que les autres à l'équilibre gravitationnel de l'ensemble. Il ne s'agit donc pas de chambouler ce bel équilibre, mais de rendre plus visible son rôle actif et essentiel. Ceux qui la connaissent pour l'habiter la décrivent comme accueillante et formidablement attractive.»

Alain Belais, directeur général de l'Agence pour la création d'entreprises

(1) Sondage Opinion Way, réalisé en janvier 2010 pour l'APCE, CER France, le CODICE et le Salon des entrepreneurs.
(2) Baromètre d'Ernst & Young présenté dans un article des Échos publié le 18 octobre 2011, sous le titre «Entrepreneuriat : le retard français». Un graphe mettait en évidence la position de la France, bonne dernière du classement, avec un score (24%) plus de trois fois inférieur à la moyenne du G20 (76%)."

Un audit sur les programmes entrepreneuriaux à destination des jeunes
À l'occasion des 10 ans de l'OPPE (Observatoire des pratiques pédagogiques en entrepreneuriat), l'APCE a mené une étude sur l'état des lieux des programmes entrepreneuriaux, leur impact sur les jeunes et la perception de l'entrepreneuriat dans l'enseignement secondaire.

Maëlle Flot | Publié le