Étudiants en fac, quelles entreprises vous font rêver ?
Exclusif – Pour la première fois, l'institut Trendence publie un classement des entreprises préférées des étudiants de l'université. Verdict ? Ils se projettent plus dans le secteur public… et se disent mal préparés à la vie professionnelle.
Quel avenir imaginent les étudiants issus des universités françaises ? Quelles sont leurs ambitions professionnelles ? Dans quelles entreprises rêvent-ils de travailler ? C'est un véritable baromètre du moral professionnel des étudiants d'universités que livre, pour la première fois, l'institut Trendence. Ce centre de recherche, basé à Berlin et partenaire de l'Etudiant, publie chaque année un classement des entreprises préférées des étudiants d'écoles de commerce et d'ingénieurs. En 2015, pour la première fois, l'enquête a été élargie à un panel d'universités.
Qu'en retenir ? Des différences sensibles avec les projections professionnelles des étudiants des grandes écoles. Être formé à la fac joue ainsi de façon très nette sur la manière dont vous envisagez votre carrière, sur vos attentes en termes de salaire et, bien sûr, sur le type d'entreprise que vous recherchez.
Le CNRS, 1er pour les scientifiques de la fac... 35e pour ceux des écoles d'ingénieurs
Ainsi, 10,9 % des étudiants issus de filières scientifiques universitaires envisagent de postuler… au CNRS. Pour les étudiants issus d'écoles d'ingénieurs, c'est plutôt Google qui arrive en tête du classement avec plus de 13 % des vœux (voir tableaux). Le CNRS ne se classe qu'en 35e position : seuls 2,4 % des étudiants d'écoles d'ingénieurs envisagent d'y travailler.
L'écart est tout aussi symptomatique pour les étudiants issus de filières commerciales. BNP Paribas apparaît en tête du classement pour les étudiants formés à l'université. En école de commerce, ils ne sont que 5,6 % à envisager d'y postuler. Inversement, une carrière au sein de la Commission européenne est envisagée par 5,7 % des étudiants de la fac, quand elle ne se classe qu'en 48e position du classement pour les élèves des écoles de commerce.
Cette divergence est confirmée par les secteurs privilégiés par les étudiants : d'après l'étude, le secteur public est un horizon de carrière pour une part importante (16,2 %) d'étudiants d'université, notamment ceux issus de filières scientifiques. Cela ne se vérifie pas pour les étudiants d'écoles d'ingénieurs qui ne sont que 6,4% à se destiner à ce secteur, contre 22,5 % pour l'ingénierie et les services.
Chez les commerciaux, le secteur bancaire reste attractif pour plus de 1 étudiant de la fac sur 5. Il l'est aussi pour les jeunes issus des business schools, mais dans une moindre mesure.
Des ambitions salariales inférieures à celles des étudiants de grandes écoles
Les attentes en termes de salaire sont aussi sensiblement différentes entre les deux populations d'étudiants : lorsque vous sortez de l'université, vous vous attendez à gagner entre 29.200 (commerciaux) et 31.800 € annuels (ingénieurs). Des salaires bien inférieurs aux rémunérations escomptées par les étudiants des grandes écoles : entre 37.800 et 39.800 €, selon les filières.
La contrepartie reste que le temps hebdomadaire que les étudiants de la fac comptent consacrer à leur travail est moins élevé : 40 heures en moyenne, contre plus de 46 heures pour les étudiants de grandes écoles.
Plus inquiets face à l'insertion professionnelle
De fait, ces données révèlent un positionnement différent par rapport au monde du travail. En sortant de l'université, vous seriez plus inquiets quant à votre capacité à vous insérer rapidement dans le monde du travail. Conséquence : vous êtes en quête d'une institution ou d'une entreprise en mesure de vous rassurer quant à la pérennité de votre emploi futur.
Sur les bancs des universités, les étudiants interrogés sont ainsi plus de 75 % à se dire inquiets pour leur avenir professionnel. Cette proportion n'est que de 51 % pour les étudiants des grandes écoles. Autre chiffre alarmant, près d'un quart des étudiants issus des universités (22,9 %) estiment que leur formation ne leur donne pas les compétences nécessaires pour être employables. Cette insatisfaction quant à leur formation n'est partagée que par 4,6 % des étudiants des grandes écoles.
Mais que l'on soit dans les amphis de la fac ou ceux des grandes écoles, les valeurs recherchées à travers un poste ou une entreprise sont sensiblement les mêmes : l'intérêt et le sens de la mission sont préférés à l'argent ou au prestige, l'engagement social de l'entreprise et son attention à l'égalité professionnelle constituent des critères de choix premiers. Une quête de sens qui reste la marque d'une génération, quelle que soit la voie choisie.
Qu'en disent les entreprises ?
Les entreprises sont-elles prêtes à intégrer plus de profils universitaires ? Selon une étude menée en 2013 par l'association IMS-Entreprendre pour la Cité, un réseau qui fédère 250 entreprises engagées dans une démarche de responsabilité sociale, si plus de 90 % des entreprises interrogées déclarent recruter des étudiants issus de l'université, à peine 20 % d'entre elles sont en mesure de mesurer leur poids réel dans le total des recrutements.
En réalité, dans ces entreprises, la part de profils universitaires recrutés en stage et en alternance atteint à peine 25 % des recrutements, idem pour les salariés. Enfin, les grilles de salaires appliquées varient fortement selon que l'on est issu de l'université ou d'une grande école…
Top 10 des étudiants de filières commerciales à l'université
| Rang | Entreprise | % d'attractivité | Rang pour les étudiants en écoles de commerce |
| 1 | BNP Paribas | 11,2% | 9 |
| 2 | LVMH (incl. Louis Vuitton, Hennessy, Dior, Sephora...) | 8,8% | 1 |
| 3 | L'Oréal | 7,1% | 3 |
| 4 | 6,7% | 2 | |
| 5 | Air France | 5,9% | 37 |
| 6 | EU Institutions – EU Careers | 5,7% | 48 |
| 7 | Total | 5,5% | 36 |
| 8 | EY (Ernst & Young) | 5,4% | 4 |
| 8 | KPMG | 5,4% | 14 |
| 10 | Danone | 4,9% | 6 |
Top 10 des étudiants de filières scientifiques à l'université
| Rang | Entreprise | % d'attractivité | Rang pour les étudiants en école d'ingénieurs |
| 1 | CNRS | 10,9% | 35 |
| 2 | Airbus Group | 10,6% | 2 |
| 3 | SAFRAN (incl. Snecma, Sagem...) | 10,4% | 3 |
| 4 | L'Oréal | 7,7% | 16 |
| 5 | 7,4% | 1 | |
| 6 | Thales | 6,7% | 6 |
| 7 | EDF | 6,3% | 4 |
| 8 | Total | 5,4% | 7 |
| 9 | INRA | 4,9% | non cité |
| 10 | Alstom | 4,6% | 24 |
L'enquête Trendence a été réalisée entre octobre 2014 et février 2015 auprès d'une population totale de plus de 20.000 étudiants français, dont 4.700 à l'université – 53 filières scientifiques et 59 commerciales, notamment UVSQ, Paris-Dauphine, Tours-François-Rabelais, UTC, UPEC, UTBM… et près de 3.000 dans les grandes écoles de commerce ou d'ingénieurs. Ils ont été interrogés sur les entreprises dans lesquelles ils envisagent de postuler et ont répondu à un questionnaire détaillé sur leurs attentes par rapport à la vie professionnelle.
