Reportage

Ces enseignants stagiaires "ont joué" leur mémoire de master MEEF en 180 secondes

Master meef
Aude, gagnante de la première édition du concours "Mon mémoire MEEF en 180 secondes", a travaillé sur l’impact de la musique sur l’apprentissage de la lecture. © ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche
Par Laura Taillandier, publié le 30 juin 2016
5 min

Trois minutes pour présenter son mémoire de master : c'est le défi relevé par dix enseignants stagiaires lors de la finale du concours "Mon mémoire MEEF en 180 secondes", mercredi 29 juin. Des présentations diverses mais un même constat : entre le mémoire, les cours et le stage, la seconde année de master pour devenir professeur est "enrichissante mais éprouvante".

"Vous devez convaincre, argumenter et mettre en lumière les points saillants de votre travail", rappelle Patrick Pelayo, directeur de l’ESPE de Paris avant le coup d’envoi de la finale du concours "Mon mémoire MEEF en 180 secondes". Dans l’amphithéâtre du lycée Louis-Le-Grand, à Paris, les dix finalistes s’apprêtent à présenter leur travail devant le jury.

Le principe de cette première édition est le même que celui de sa grande sœur "Ma thèse en 180 secondes" : les candidats ont trois minutes, au lieu de la vingtaine qui leur est traditionnellement dévolue, pour soutenir le mémoire qu'ils ont réalisé lors de leur seconde année de master des métiers de l'enseignement. 

Des mémoires aux thèmes variés

C’est Jean-François qui ouvre le bal. D’un signe, il lance le chrono et démarre sa présentation. Comme lui, les candidats usent d’humour et interpellent l’auditoire pour rendre leur présentation vivante. "Qui dans cette salle a déjà joué aux morpions ?" lance-t-il. Jean-François a planché sur la démarche projet pour donner du sens aux mathématiques. Un mémoire qui "interroge la posture de l’enseignant, qui n’est plus seulement un passeur de savoirs". Cent soixante dix secondes plus tard, le jeune homme termine son exposé d’un salut traditionnel de théâtre et passe le relais aux autres candidats.

Les présentations s’enchaînent et les secondes défilent sur un écran derrière les candidats. Caroline, future professeure des écoles, tout droit venue de Martinique, a travaillé sur l’école inclusive et le ressenti des enseignants. Tifenn, originaire de Bretagne, s’est intéressée à la place de la bienveillance chez les enseignants ; Alexandra, de Marseille, à l’impact de l’architecture scolaire et de l'ergonomie sur le bien-être des élèves. Mickael a questionné l’éducation aux migrants; Julie, originaire de Bourgogne, la façon de donner le goût des matières générales aux lycéens professionnels.

Du théâtre au chant

Des thématiques différentes, mais aussi des techniques bien distinctes pour retenir l’attention de la salle. "Sadique !", assène Tifenn pour commencer son discours. "C’est l’adjectif qu’ont choisi les élèves que j'ai interrogés pour décrire leur professeur", explique-elle.
Alexandra se sert, quant à elle, de la poésie – "Tu seras un prof, mon fils"–, tandis que Julie cite "Les Tontons flingueurs". Mais la palme de l’audace revient à Aude, de l’ESPE de Créteil, qui a osé une présentation entièrement en chanson.

Aude, qui a travaillé sur l’impact de la musique sur l’apprentissage de la lecture, remporte le premier prix de cette édition. "Ce n’était pas évident de prendre du temps pour ce mémoire, mais le sujet m’a très vite passionnée", explique-t-elle.

Une année enrichissante mais éprouvante

Si le temps d'une après-midi, les étudiants se prêtent au jeu, ils n'en oublient pas moins que cette deuxième année de master a été exigeante. À 39 ans, Aude, en reconversion professionnelle après une maîtrise de marketing et dix ans de comédie, résume ainsi l'année qui vient de s'écouler : "Dure, fatigante mais extra."

Jacques Ginestié, président du réseau national des ESPE, le concède : "Les étudiants réalisent un mémoire, en suivant en même temps des unités d’enseignement et en étant en alternance dans un établissement. Et c’est un vrai stage en responsabilité."
Caroline, à mi-temps dans une école REP +, témoigne de la complexité à jongler entre tous ces impératifs : "Il y a bien des liens entre l’école et l’ESPE, mais ce sont deux types de questionnements différents. C’est une année très exigeante."

Le mémoire, "une soupape" ?

Simone Bonnafous, directrice générale de l'Enseignement supérieur au ministère, se veut rassurante : "On ne demande pas une thèse aux étudiants. Les mémoires sont même modestes parfois. Ils n'en sont pas moins une vraie pierre qui fonde l’élaboration d’un point de vue plus approfondi."

Surtout que, pour la plupart des candidats, comme Alexandra, la réalisation du mémoire était une respiration salutaire pour prendre du recul. "C’était une soupape d’aller à l’ESPE. Sans cette expérience, j’aurais mal vécu mon année. En classe, nous sommes pris dans le feu de l’action. Or c’est important de se questionner." C’est sa directrice de mémoire qui lui a suggéré de participer au concours. "Je ne voyais pas en quoi mon mémoire aurait un intérêt. J’avais le nez dans le guidon, relève-t-elle. Ce concours m’a permis de rencontrer d’autres étudiants professeurs, d’échanger avec eux. Nous avons tous les mêmes problématiques face à nos classes !"

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