Témoignage

Mémoire : le témoignage de Géry, qui met des mois à trouver son plan

Etudiante en master
Parvenir à une structure convenable pour son mémoire peut prendre plusieurs mois. Nos conseils pour vous éviter de tels tracas. © plainpicture/Hero Images
Par Myriam Greuter , publié le 21 mai 2013
1 min

En finance à Sciences po, Géry a perdu plusieurs mois avant de parvenir à une structure convenable pour son mémoire. Ses conseils pour vous éviter de tels tracas, relatés par Myriam Greuter dans Bien rédiger son mémoire ou son rapport de stage, publié aux éditions l’Etudiant. Extraits.

Pour son master en finance, puis pour son master de sociologie urbaine et géographie économique, Géry a été deux fois confronté à l'épreuve du plan. Si l'organisation du mémoire est très normée en finance, elle l'est beaucoup moins en sociologie urbaine. Et pourtant, c'est bien dans le premier cas que l'ancien étudiant de Sciences po s'est trouvé en difficulté.

Un plan standard en finance

Dans certaines disciplines, le plan obéit à des normes : encore faut-il le comprendre assez vite, pour éviter de phosphorer pour rien des mois durant.

fleche-rouge Trois mois pour découvrir l'évidence

« En finance à Sciences po, raconte Géry, pour mon mémoire sur « L'Impact des recommandations sur les valeurs boursières », je regrette de ne pas avoir compris suffisamment tôt que le plan du mémoire était imposé. Les cinq grandes parties sont en fait gravées dans le marbre : examen des sources, formulation de l'hypothèse, description de la méthodologie utilisée, présentation des résultats (souvent sous forme de tableaux statistiques), et enfin interprétation en quelques pages. Avant de découvrir cette évidence, j'ai perdu trois bons mois à imaginer plusieurs plans.

« Ce qui m'a sorti de l'ornière, c'est la lecture de mémoires des années précédentes, et les discussions avec de bons élèves. J'étais à ce moment-là en trop mauvais termes avec mon enseignante pour qu'elle consente à m'aider pour le plan. Après avoir enfin compris quelle organisation adopter, j'ai été forcé de rédiger mon mémoire en catastrophe, ce qui m'a empêché d'être tranquille durant l'été. »

fleche-rouge Plan imposé ne rime pas avec facilité

« Le fait d'avoir un plan très normé ne signifie pas zéro prise de tête, prévient Géry. Ce modèle est exigeant : il demande d'avoir assimilé les codes de l'exercice (et donc lu beaucoup d'articles), puis de se couler dans le moule. Pour bien comprendre et le type de plan attendu, et ses difficultés, je conseille vivement à tous les étudiants d'être attentifs dès le début de l'année, pas seulement au fond, mais aussi à la forme des publications qu'ils consultent. Ils doivent savoir qu'ils devront tendre vers ce modèle. »

fleche-rouge Méfiez-vous de l'ordinateur !

Le clavier serait-il l'ennemi des mémoires bien conçus ? Géry serait tenté de le croire : « Avec le couper-coller, il est devenu très facile de déplacer des bouts de texte, note l'ancien étudiant de sociologie urbaine. Le raisonnement perd alors de sa rigueur. En outre, sitôt qu'on a une belle phrase en tête, on est happé par l'envie de l'écrire ; cela détourne un peu plus du plan qu'on pensait suivre. Je ne sais pas si c'est courant chez les étudiants, mais en tout cas, quand je veux vraiment avancer dans l'élaboration d'un plan pour un article, je me force désormais à descendre en bibliothèque en emportant seulement du papier et un crayon. »

Sciences humaines : une liberté problématique

Après Sciences po et un détour par le monde du travail dans de grandes banques d'affaires, Géry décide de se replonger dans les études, et intègre la deuxième année de master cité et mobilité (sociologie urbaine et géographie économique), cohabilité par l'École nationale des ponts et chaussées et l'Institut français d'urbanisme (université Paris 8). Là, un autre mémoire l'attend, avec un plan beaucoup plus libre. À quoi faut-il veiller dans ce cas ? Quel calendrier respecter ? Bref, comment éviter les embûches ?

fleche-rouge Apprendre à raisonner par induction

« Pour mon mémoire sur Matra-City : « La firme et le marché, le territoire et l'usine (ou Ce que nous apprend la fermeture de l'établissement Matra Automobile à Romorantin) », je n'ai pas reproduit les mêmes erreurs qu'en finance, se félicite Géry. J'ai notamment pris soin de lire plusieurs mémoires avant de me lancer dans ma réflexion.

J'ai malgré tout rencontré certaines difficultés, comme la définition de mon sujet. Je souhaitais étudier les cellules de restructuration des entreprises, qui s'occupent des plans sociaux. Or, à force de discussions avec des élèves et des spécialistes, j'ai compris que l'essentiel (et le plus dur) était de trouver un terrain.

En sciences humaines et sociales, la réflexion s'organise en effet à l'inverse de la finance : on part d'un cas concret pour arriver à des généralisations. C'est ce qu'on appelle l'induction – l'inverse de la déduction. Je me suis donc lancé dans une monographie sur la fermeture de l'usine Matra de Romorantin, avec pour ambition de montrer que cette fermeture obéit à des facteurs qui dépassent très largement le tissu local. »

fleche-rouge Se frotter au plan problématique

« Pour des recherches comme celles qu'on mène en sociologie urbaine et géographie économique, il n'y a pas de plan type, en tout cas pas en France, remarque Géry. Le plan doit toutefois être problématique, c'est-à-dire qu'on essaie d'apporter des éléments de réflexion tout au long du texte (et non pas seulement en conclusion, comme dans certains articles anglo-saxons).

On suit en fait le modèle de la dissertation, exercice bien français. Il faut une grande idée par partie, et les chapitres doivent être de taille comparable. Pour ma part, j'ai adopté un plan en trois parties : description historique du contexte, recherche des causes externes ayant motivé la fermeture de l'usine, et enfin analyse du décalage entre acteurs locaux et facteurs nationaux et internationaux.

Ceci dit, je n'arrive toujours pas à séparer les trois étapes recherches/lectures, élaboration du plan, rédaction. Mon sujet est toujours modifié par mes lectures, mon plan réajusté au moment de la rédaction... L'idée de trois phases hermétiques me paraît très théorique. Mais attention, cela ne signifie pas jeter les plannings aux orties ! »

fleche-rouge Se tenir au calendrier

« J'ai pu faire mon mémoire en un an, se souvient Géry, mais j'ai très mal respecté le calendrier, et ça m'a joué des tours pour le plan. Idéalement, dans ma discipline, il faut avoir trouvé son sujet à Noël, le baliser par des lectures et des cogitations jusqu'en mars, étudier le terrain en avril, rédiger en mai et soutenir en juin. C'est impératif si l'on veut espérer décrocher une bourse pour continuer en thèse.

Or, en février-mars, je me suis pris au jeu d'un minimémoire, qui devait faire 20 pages, et qui en a finalement compté 100. Résultat : sur les rotules et manquant de temps au moment d'attaquer mon "vrai" mémoire, j'ai étudié le terrain en mai-juin, réfléchi, élaboré le plan et rédigé du 15 août au 15 octobre, en travaillant comme un malade.

Si j'évoque mes soucis de calendrier, c'est parce que, pressé par le temps, je n'ai pas posé mon plan suffisamment à l'avance. Conséquence : mon mémoire (200 pages au lieu de 100) m'a certes valu un 16, mais je le trouve en fait inabouti. Malgré les trois grandes feuilles A3 décrivant mon plan (une feuille par partie), que je remplissais d'idées réarrangées au fil du temps, j'ai le sentiment d'avoir trop développé certains points, d'autres peut-être pas assez.

Mon conseil ? Pensez dès le départ à produire un mémoire qui soit publiable (bien structuré, dense...). Prise séparément, chaque partie doit pouvoir donner lieu à un article : c'est le meilleur moyen de trouver le plan adéquat, d'accumuler des réflexions intéressantes... et d'agir dans l'intérêt de sa future carrière ! »

À lire, aux éditions de l'Etudiant
Bien rédiger son mémoire ou son rapport de stage, de Myriam Greuter

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