Décryptage

Demain, comment serez-vous évalués ?

L'UPMC a été la première université à utiliser les boîtiers interactifs en amphi.
L'UPMC a été la première université à utiliser les boîtiers interactifs en amphi. © Pierre Kitmacher
Par Morgane Taquet, publié le 24 novembre 2015
1 min

Les nouvelles technologies ont bouleversé les manières d'apprendre et les méthodes de travail des étudiants. Mais alors, quid de l'évaluation ? Découvrez quelques initiatives qui pourraient préfigurer l'évaluation du futur.

Le QCM qui compte à l'IESEG


Peu innovant sur la forme, le QCM se transforme avec le numérique. Il est sans doute aujourd'hui le mode d'évaluation informatisé le plus utilisé et le plus pratique pour évaluer les connaissances à un instant T. Exemple à l'IESEG : Loïc Plé, responsable du CETI (Center for Educational and Technological Innovation), propose à un groupe de 25 étudiants en première année un QCM en ligne pour un cours d'introduction à l'entreprise en classe inversée. Dans le cadre du contrôle continu, les questions sont projetées, et les étudiants répondent, sur leur tablette ou sur un ordinateur, en remplissant un document Google afin de vérifier que le cours a été vu en amont.

Et ne croyez pas qu'il s'agit juste d'un jeu ! Dans cette classe inversée, un volet d'une dizaine de QCM compte pour 40 % de la note finale, 40 % étant réservés à l'analyse d'une entreprise dans laquelle ils doivent se rendre et 20 % à la participation.

Être évalué à la maison à l'ESSCA Shanghai, Skema, PSB

Autre modalité d'évaluation proposée par la start-up TestWe, lancée en septembre 2015 par deux étudiants parisiens, Clément Régnier et Charles Zhu : l'évaluation où que l'on soit. Ces entrepreneurs proposent deux solutions logicielles : une plate-forme à destination des enseignants et une à destination des étudiants. Sur la première, les enseignants rédigent eux-mêmes leur modèle d'évaluation (QCM, QRC, soit questions à réponses courtes) et peuvent intégrer des supports vidéo ou des photos. Le logiciel pour les étudiants doit être téléchargé sur une tablette ou un ordinateur.

Quand les étudiants sont soumis à l'évaluation, elle est "sécurisée". En clair, les étudiants n'ont ni accès à d'autres documents ni à une page Web, et les raccourcis clavier sont neutralisés, tout comme les ports USB. "L'idée est que l'étudiant n'ait accès qu'à sa copie, ou qu'à ce qui est autorisé par l'enseignant, explique Clément Régnier. Une solution qui permet aussi d'éviter la triche en proposant des questions en mode aléatoire." Parmi les premiers clients : l'ESSCA Shanghai, qui l'utilise pour son évaluation finale, PSB (Paris school of business, ex-ESG MS) et Skema.

Tester ses connaissances en live à l'université de Bordeaux

Autre outil en vogue : les boîtiers électroniques. Stéphanie Roussel, maître de conférences en études germaniques à l'université de Bordeaux, les utilise pendant son cours de droit allemand. Dans son cours magistral réunissant une vingtaine d'étudiants pendant 1 h 30, des questions de QCM ont été intégrées dans le PowerPoint habituellement projeté pendant le cours. Les étudiants répondent aux questions à l'aide d'un boîtier électronique, réponses qui sont immédiatement compilées et transmises à l'enseignant.

"L'objectif est de voir en cours de route ce qu'ils ont compris et ce qu'ils n'ont pas compris, en leur posant à la fois des questions de vérification et des questions d'anticipation pour maintenir leur attention", explique l'enseignante. Hugo, étudiant en L2 de droit, a été séduit : "Le cours m'a semblé mieux intégré au moment où j'ai commencé mes révisions de fin de semestre. Et durant l'examen final, j'ai eu des flash-back des diapositives projetées", explique l'étudiant qui a réussi haut la main son examen final.

La note comme dans un jeu vidéo à la Catho de Lille

Plus ludique, le remplacement de la note par un score, tel que le pratique Jean-Charles Cailliez, vice-président chargé de l'innovation et du développement à l'université catholique de Lille. Pour adapter l'évaluation à sa classe "renversée" (les étudiants doivent eux-mêmes construire le cours sur le fond comme sur la forme), les notes sont transformées en capital de points, pour lesquels il n'existe pas de plafond maximum. "À chaque cours, c'est comme s'ils remettaient les compteurs à zéro, comme dans les niveaux des jeux vidéo. Cela fonctionne comme une monnaie."

À la fin du semestre, l'enseignant projette les moyennes sur un nuage de points pour aider les étudiants à se repérer. "S'il me le demande, un étudiant peut connaître la moyenne globale à un instant T afin de se situer au cours du semestre", explique-t-il.

Le devoir sans fin à la Catho de Lille

Autre expérimentation à l'université catholique de Lille : le devoir sans fin. Les étudiants travaillent par équipe sur une question posée pendant un cours. Une fois rentrés chez eux, ils ont la possibilité de revenir sur leur copie et d'y faire des ajouts, d'enrichir leur devoir. Seule inconnue : les étudiants ne savent pas quand intervient la notation, décidée par l'enseignant. Une bonne dose de suspense qui incite les étudiants à perfectionner leurs copies.

Une meilleure réussite pour les étudiants ?
Si l'évaluation s'adapte aux pédagogies actives, est-elle un gage de meilleure réussite des étudiants ? À la Catho de Lille, dans sa classe "renversée", Jean-Charles Cailliez remarque que ce système "déstabilise les bons élèves, et les plus scolaires qui ont besoin de se mesurer. Mais elle favorise ceux qui veulent travailler de manière collaborative." In fine, "on retrouve les bons élèves en tête, et les moins bons réussissent mieux." Faire réussir le plus grand nombre, c'est bien l'objectif escompté.

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