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Etudiant en BTS : gare au décrochage

publié le 24 septembre 2010
1 min

Parce que le risque d'abandon en cours de STS (section de techniciens supérieurs) n'est pas négligeable, les lycées mettent en place des ripostes pour aider leurs élèves à s’accrocher et… raccrocher.

Environ 22% des élèves qui entrent en STS abandonneraient leur cursus sans passer leur BTS, selon une enquête publiée par le Cereq* sur les parcours en formations courtes professionnelles. Le chiffre a de quoi surprendre. Il témoigne que le décrochage ne concerne pas que les étudiants de 1ère année à l’université. Il touche aussi les élèves en filières sélectives, des classes prépas aux STS. "Derrière l’évidente réussite d’une majorité des élèves en STS, certains rencontrent de réelles difficultés, le plus souvent sans se faire remarquer", souligne Joaquim Timotéo, chercheur et co-auteur de cette enquête Cereq, qui parle d’un "phénomène invisible".

Des signes qui ne trompent pas

Un manque de motivation sur la filière choisie, des difficultés dans telle ou telle matière, de mauvaises notes qui s’accumulent, des problèmes familiaux et/ou sociaux à surmonter, une envie de quitter l’univers scolaire pour entrer plus vite dans la vie active… les raisons qui amènent à lâcher prise sont diverses. Encore faut-il les repérer à temps. "Certains signes ne trompent pas, note Hervé Caspani, chef de travaux au lycée François Bazin à Charleville-Mézières (08). Des retards plus fréquents, des absences au moment des évaluations, un manque de participation en cours, un repli sur soi… Nous faisons en sorte de repérer ces signes avant qu’il ne soit trop tard, c’est à dire dès le 1er semestre."

Moins un problème de niveau que de motivation

Y a-t-il un profil type du décrocheur en STS ? "Les élèves les plus sensibles au décrochage sont souvent issus d’un bac technologique ou professionnel et ont déjà eu des difficultés scolaires dans leur parcours", note Joaquim Timotéo. Faut-il en déduire que le décrochage est lié à un simple problème de niveau ? Pas sûr. "Faute de candidats dans certaines de nos sections, nous sommes certes moins regardants sur les dossiers et nous accueillons de plus en plus d’élèves qui ont des lacunes dans certaines matières, note Hervé Caspani. Mais, tant que l’élève est motivé, nous arrivons toujours à remonter un niveau un peu faible." Même constat pour Gérard Jamin, chef de travaux au lycée Bachelard à Chelles (77) : "Il est toujours possible de remédier aux difficultés scolaires que rencontrent des jeunes, même dans des classes hétérogènes avec des bacs généraux qui tiennent le haut et des bacs pros qui ont peur de lâcher."

Souvent un problème de méthodologie

Plusieurs établissements mettent en place des dispositifs pour accompagner leurs élèves en difficultés. Des initiatives efficaces à condition d'être bien adaptées à la situation de chacun. "Quand un élève perd pied, il est inutile de lui rajouter des cours de rattrapage, souligne par exemple Hervé Caspani. Il faut plutôt lui proposer un encadrement personnalisé qui lui permet d’acquérir une méthodologie, de reprendre confiance, de sentir que profs et élèves sont dans le même bateau." Pour Jean-David Picard, directeur d’IRIS Formation, "c'est souvent un problème de méthode avec des élèves qui, par exemple, n’ont pas l’habitude d’avoir du travail personnel à la maison". Pour y remédier, nombre d'établissements misent sur le tutorat. "Les élèves de deuxième année sont les mieux placés pour rassurer les plus jeunes en première année et leur donner à voir ce qui les attend par la suite, précise Gérard Jamin. Seulement pour ceux qui ont l’impression de s’être trompé de filière c’est plus compliqué".

Une filière rénovée pour mieux prendre en compte les décrocheurs

"Il ne faut pas oublier que l'une des principales causes de décrochage tient à un problème d’information et d’orientation, de méconnaissance de la formation et des métiers auxquels mène la spécialité choisie de BTS", rappelle Brigitte Colin-Thomas, déléguée aux enseignements technologiques à l'académie de Versailles. C’est à partir de ce diagnostic désormais largement partagé qu’un projet de refonte de la filière STS est en préparation. Avec pour principal objectif de mieux prendre en compte le risque de décrochage, si besoin, en facilitant les réorientations vers une autre filière.

* Cereq n°275 (juin 2010)

 
Quand c’est l’entreprise qui fait décrocher
Signer un contrat de travail en cours de formation avant de passer son BTS… Ce genre de décrochage concerne le plus souvent des élèves de STS en alternance. "Se laisser aspirer par l’entreprise, même avec une promesse de CDI (contrat à durée indéterminée), est une vue à court terme, estime Jean David Picard, dont l’établissement prépare à des BTS tertiaires. Notre rôle est de rappeler que le BTS est un ticket de sortie qui donne une reconnaissance et une liberté de pouvoir changer d’entreprise avec le statut bac+2." Chef de travaux en BTS industriels, Hervé Caspani est du même avis en parlant de "pratique déloyale de la part d’entreprises en pénurie de candidats" : "Ce sont souvent des jeunes qui ne se sentent pas très bien en cours, qui ont envie et/ou besoin de gagner leur vie et qui s'estiment mieux valorisés en entreprise. A nous de les remotiver pour un effort de quelques mois le temps des révisions pour décrocher l'examen final. Ceux qui s'accrochent ne le regrettent pas."

Emmanuel Vaillant

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