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Ces IUT (instituts universitaires de technologie) qui manquent de candidats

publié le 19 octobre 2010
1 min

"Recherche candidats pour formation à bac+2 garantissant excellente insertion et/ou belles perspectives de poursuites d’études." Tel est le message que pourraient afficher quelques départements d’IUT (Instituts universitaires de technologie) qui, à chaque rentrée, peinent à recruter. "La situation est en fait très contrastée, précise Philippe Pierrot, directeur de l’IUT Montpellier. Certaines spécialités, le plus souvent tertiaires, attirent de plus en plus de candidats et sont très sélectives. D’autres ne remplissent pas leurs effectifs, principalement dans les filières industrielles."

Victimes de la désaffection pour les filières industrielles

En tête des spécialités de DUT qui ne font pas le plein : DUT réseaux et télécommunications, DUT GE2I (Génie électrique et informatique industrielle), DUT STID (Statistique et informatique décisionnelle), DUT GIM (Génie industriel et maintenance), DUT GMP (génie mécanique et productique, DUT QLIO (Qualité, logistique industrielle et organisation) ou encore DUT SGM (Sciences et génie des matériaux). "Les IUT n’échappent pas au phénomène de désaffection pour les filières industrielles, et ce sont aussi des effets de mode", note Christian Cuesta, directeur de l’IUT Créteil Vitry, citant, par exemple, les DUT Génie biologique et DUT Chimie qui attirent à nouveau des candidats après avoir été délaissés pendant quelques années. Et dans ce yoyo des recrutements, les IUT délocalisés (installés dans une autre ville que celle de leur université de rattachement) sont souvent les plus à la peine. "C’est un effet géographique qui fait, par exemple, que les IUT de Béziers, Carcassonne et Narbonne souffrent un peu plus que les IUT de Montpellier et Toulouse", explique Philippe Pierrot.

Ouverture plus large, sélectivité à la baisse

Moins de candidats pour autant de places… pour atteindre leurs effectifs certains IUT sont-ils alors moins sélectifs ? Le sujet est sensible. Les réponses divergent. "Pour remplir nos classes, nous allons jusqu’à retenir 80 % des dossiers déposés", avoue Christian Cuesta, directeur de l’IUT Créteil Vitry. "Tous ceux qui ont un dossier acceptable ont la possibilité de rentrer", note Patrice Berthaud, chef du département GE2I à l’IUT Paris Villetaneuse. "Sur certaines spécialités, on ne peut plus parler de sélectivité…", estime à son tour Philippe Pierrot, directeur de l’IUT de Montpellier. "Nous avons en fait un recrutement qui est assez hétérogène, avec des élèves dont le niveau est variable. Certains sont très bons, d’autres ont un peu de difficultés", souligne enfin Jean-Louis Michalak, chef du département QLIO à l’IUT de Hagueneau.

Des places à prendre...

Mais attention : dans tous les cas, l’ouverture a ses limites. "Même si nous sommes un peu moins regardants sur le niveau des élèves - ce qui offre une réelle ouverture à des bacheliers qui n'osent pas postuler à ces filières - nous ne cherchons pas à remplir nos classes à toux prix." souligne Marie Bruyère, chef du département STID de l’IUT de Pau, qui accueille chaque année à titre très exceptionnel des bacs technologiques. Même constat pour Patrice Berthaud, responsable d’un département GE2I qui recrute quelques bacs professionnels : "Nous ne sommes pas là pour laisser aller les élèves à l’échec. Si nous sommes moins exigeants sur le niveau des élèves, notre attention se porte sur les appréciations des professeurs : gare aux dossiers avec des absences non justifiées et surtout des problèmes de comportement." En clair, la désaffection de certains IUT offrent quelques opportunités pour des élèves au niveau un peu juste, mais motivés.

Quand la motivation va, tout va

Car le risque est clair. En conséquence d’un recrutement "élargi", certains IUT affichent des taux de réussite en baisse. "Le taux d’échec est plus important, note Christian Cuesta. C’est pourquoi nous proposons désormais aux élèves en difficulté un semestre de consolidation pour reconstruire les bases. Nous leur offrons aussi la possibilité de s’engager sur un diplôme en 3 ans avec un soutien à la clé." Pour accompagner leurs élèves, la plupart des départements mettent ainsi en place des dispositifs d’accompagnement. "Si l’élève n’aime pas les maths, on n’y peut pas grand chose. Mais nous pouvons toujours accompagner des élèves motivés qui ont des difficultés" note Marie Bruyère. Même constat pour Christian Cuesta de l’IUT Créteil Vitry : "Il y a des places à prendre dans des IUT qui manquent de candidats. Je dis aux élèves : ne vous censurez pas. Si vous êtes motivés, déposez un dossier. Nous nous chargeons du reste, c'est à dire de vous faire réussir."

Emmanuel Vaillant
Octobre 2010

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