Reportage

Une année en prépa : conseil de classe, réorientations, le stress monte !

Valentine et Louna, déléguées, donnent quelques éléments du conseil de classe à leurs camarades.
Valentine et Louna, déléguées, donnent quelques éléments du conseil de classe à leurs camarades. © Delphine Dauvergne
Par Delphine Dauvergne, publié le 28 janvier 2018
7 min

IMMERSION EN PRÉPA. Épisode 4. Cette année, l’Etudiant suit les élèves de la classe prépa BCPST, dite "prépa agro-véto", du lycée Pothier d’Orléans. En janvier, c’est le moment crucial du premier conseil de classe et des premières réorientations. Comment les élèves gèrent-ils cette nouvelle étape ?

Mardi 23 janvier 2018, les élèves de la prépa BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre) du lycée Pothier d’Orléans attendent avec impatience le compte-rendu de leur conseil de classe, qui s’est tenu la veille. Le cours de biologie se termine à 9 h 45, pour laisser place à une pause informative.

7 étudiants se sont réorientés

Sur les 48 élèves de la classe, 7 sont partis. Deux d'entre eux ont quitté la prépa après le premier mois. "La première venait de Tahiti et n’a pas sût s’adapter. Le second a été inscrit par ses parents et n’était pas motivé", explique une élève.

Les cinq autres ont attendu la fin du premier semestre pour se réorienter. "Il y a eu un effet de groupe. Certains voulaient finir l’année pour faire plaisir à leurs parents, mais le fait d’être plusieurs à envisager l’idée de se réorienter les a poussés à passer à l’acte", raconte Manon, 18 ans. Parmi eux, plusieurs camarades de son groupe d’amis. Leurs raisons sont diverses : "L'une ne voulait plus faire vétérinaire mais aller en licence STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives). Un autre avait une heure de route pour venir, d’autres encore ne faisaient plus de sport et cela avait un impact sur leur moral…"

Fabiola, 17 ans, a perdu sa colocataire d’internat dans ce premier écrémage. "Elle était venue en prépa sans savoir vraiment ce qu’elle voulait faire. Elle aimait la biologie, mais pas la physique-chimie. Elle s’est réorientée en licence de biologie, mais elle projette de partir faire des études de kiné en Écosse, car elle est bilingue."

Penser à un plan B ?

L’international, c’est l’alternative privilégiée

par les étudiants qui constatent que leurs résultats vont probablement les empêcher d’intégrer une école vétérinaire française. Fabiola, inspirée par son ancienne camarade de chambre, pense à tenter sa chance dans les pays anglophones, comme l’Irlande. "L’admission se fait sur dossier et on peut obtenir ensuite des équivalences pour d’autres pays." Même chose pour Manon, qui pense à la Belgique. Pour Morgane, l’alternative de l’international "serait trop difficile, je n’aurais pas le moral loin de ma famille".

L’enseignante Delphine Vernier met en garde certains élèves qui s’obstinent dans leurs choix au-delà du raisonnable : "Nous vous incitons fortement à vous renseigner sur les autres opportunités. Les inscriptions sur Parcoursup courent jusqu’à fin mars. Si vous pouvez bifurquer sans soucis à l’université grâce aux équivalences, il faut passer par un dépôt de candidature dès maintenant pour les formations en IUT (institut universitaire de technologie), les BTS (brevets de techniciens supérieurs), ou même pour intégrer une école d’agronomie postbac".

Ambiance en berne

Le conseil de classe a remarqué "une ambiance délétère", alerte Delphine Vernier. "Il y a une division dans la classe, entre les élèves les plus travailleurs et ceux qui le sont moins", rapportent les deux déléguées Valentine et Louna. "Il y a eu des cas de tricherie, des plaintes d’élèves affectés par le comportement des autres, des moqueries sur les élèves qui se trompent à l’oral", développe l’enseignante de biologie.
Conséquence : les élèves participent moins. "Si on vous encourage à participer en cours et à être solidaires et respectueux les uns des autres, c’est parce que c’est un climat qui permet de mieux réussir", insiste Delphine Vernier. Pour elle, "cette ambiance est une première depuis 11 ans, c'est inhabituel pour ce type de classe."
Manon et Emilie ont choisi d'étudier la vitesse des escargots pour leur TIPE.
Manon et Emilie ont choisi d'étudier la vitesse des escargots pour leur TIPE. © Delphine Dauvergne
Certains élèves, comme Manon, ne prennent pas le temps de lever la main en cours, car "écouter et écrire, c’est déjà assez difficile". D’autres sont timides ou s’autocensurent pour ne pas susciter les commentaires de leurs camarades. Les élèves constatent cependant, que l’ambiance est redevenue plus calme depuis les départs. Une nouvelle dynamique s’est enclenchée.

Stress et insomnies

Autre constat du conseil de classe : l’état de fatigue et de stress des élèves. "Inutile de travailler au-delà de minuit. Il faut faire attention à votre santé et il n’est pas normal de faire des insomnies", met en garde l’enseignante de biologie. Mathilde fait partie des élèves insomniaques de la classe : "C’est souvent à cause du stress, suscité surtout par les oraux. Je manque de confiance en moi". Elle est pourtant classée au-dessus de la moyenne de la classe.
L'enseignante de biologie conseille aux étudiants d'adopter un rythme de vie sain, en se ménageant des plages horaires pour souffler.
L'enseignante de biologie conseille aux étudiants d'adopter un rythme de vie sain, en se ménageant des plages horaires pour souffler. © Delphine Dauvergne
Tiffany, elle, est classée 40e et n’arrive pas à trouver un rythme sain sans culpabiliser. "Je travaille tous les soirs au moins jusqu’à minuit et tout le week-end. On m’a déjà mise en garde, mais si je travaille moins mes notes vont chuter, donc c’est un cercle vicieux…"
Pour Émilie, le manque de sommeil fait désormais partie de son quotidien : "J’ai des périodes où je ne dors que trois ou quatre heures par nuit. Cela m’arrivait déjà au lycée, mais je garde un bon mental. Je sais qu’il faudra sûrement que je cube (faire une troisième année de prépa pour passer une deuxième fois les concours), mais j’ai accepté de sacrifier trois ans de ma vie pour devenir vétérinaire". Cette passionnée a déjà fait plusieurs stages et veut consacrer tout son temps à réaliser son rêve : "Je ne suis sortie que quatre fois depuis le début de l’année !"
Pour beaucoup d’élèves, le temps passé à travailler n’est pas récompensé, à cause d’un manque de méthode. C’est notamment le cas d’Hugo. "Avant je faisais des fiches, je recopiais le cours, je relisais pour tout apprendre. Maintenant, j’essaie de lire différemment, de manière plus succincte, mais pour retenir les points importants. Je hiérarchise beaucoup plus les informations.". Pour être plus détendu, il s’est aussi remis au sport : renforcement musculaire, course et arts martiaux. Manon suit des cours de danse deux fois par mois et officie également comme pompier bénévole. Des bouffées d’oxygène essentielles pour tenir le coup.

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