Décryptage

Décodez les études en informatique

Big Data - Réseaux informatique
L'informatique fait partie des secteurs qui recrutent. © Fotolia
Par Martin Rhodes, publié le 27 octobre 2016
1 min

Le secteur est en perpétuelle évolution. Technologies, enjeux, métiers : tout change constamment et l'étudiant diplômé s'est substitué à l'informaticien autodidacte. Tour d'horizon de l'offre de formations en dix points clés.

Au sommaire

1. Tous les bacs sont acceptés
2. Des formations hors APB
3. Des cursus en deux, trois ou cinq ans
4. Attention à la qualité
5. Les écoles d'ingénieurs plus exigeantes
6. À la fac, des cursus de tous les niveaux
7. Des études polyvalentes
8. Une pédagogie par projet
9. L'international au menu
10. Des frais de scolarité à prendre en compte
Trois questions à Olivier Crouzet, directeur pédagogique de l'école 42

1. Tous les bacs sont acceptés

“Impossible.” C'est ce que répondent les écoles d'informatique quand on leur demande de dresser le portrait-robot de l'étudiant admis en première année.

Les bacheliers des séries S (scientifique), ES (économique et sociale), STI2D (sciences et technologies de l'industrie et du développement durable) et STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) sont recrutés en priorité. Toutefois, les candidatures des autres bacheliers sont soigneusement étudiées, pour peu qu'elles témoignent d'une certaine motivation et d'un intérêt marqué pour l'informatique. Pour ces profils autodidactes, la réalisation d'un petit projet, comme une application ou un site Internet, est un plus. Toutefois, les établissements répètent à l'envi qu'il n'est pas nécessaire de savoir coder pour postuler.

Quelques écoles, comme SupInfo, à Paris, recrutent uniquement sur examen du dossier scolaire. Les autres – la majorité – font en plus passer des tests écrits (logique, mathématiques, français, anglais, culture générale) et un entretien d'une trentaine de minutes.

2. Des formations hors APB

De nombreux lycéens tentés par les formations en informatique s'étonnent chaque année de ne pas trouver leur bonheur sur la plate-forme APB (Admission-postbac). Et pour cause, la grande majorité des écoles du secteur n'y figure pas car l'inscription dans ces établissements n'est pas centralisée.

Le site sur lequel vous devez postuler, le calendrier des admissions, les modalités de sélection (dossier, tests écrits, entretien) et la date de la rentrée (parfois deux par an) diffèrent d'une formation à l'autre. Un vrai casse-tête si vous souhaitez vous présenter à plusieurs écoles afin de multiplier vos chances d'admission. Heureusement, la rigueur et l'organisation sont des qualités qu'une première pratique de l'informatique vous a certainement permis de développer !

3. Des cursus en deux, trois ou cinq ans

Les écoles proposent généralement deux cycles complémentaires, la validation du premier permettant d'intégrer le second. Le premier cycle, d'une durée de trois ans, mène à un diplôme de niveau bac+3. Le second cycle est ouvert aux candidats d'autres établissements et aboutit à un diplôme de niveau bac+5.

Quelques rares cursus scindent le premier cycle en deux. C'est le cas notamment de HiTeMa, à Issy-les-Moulineaux (92). Les deux premières années sont sanctionnées par un BTS (brevet de technicien supérieur) SIO (services informatiques aux organisations), et la troisième par un Bachelor informatique. Cette dernière année est aussi accessible après un DUT (diplôme universitaire de technologie) ou une licence 2 d'informatique.

Si l'organisation des études est plus ou moins la même partout, les noms de diplôme peuvent être différents : Bachelor ou Bachelor of Science with Honours pour le premier cycle ; programme ingénierie, Master of Science ou encore MBA (Master of Business Administration) pour le second. D'où la nécessité de bien se renseigner sur le contenu du cursus avant de s'inscrire.

4. Attention à la qualité

Les écoles d'informatique sont relativement récentes. Pour le moment, rares sont les formations visées ou conférant le grade de master, deux labels accordés par l'État qui sont un gage de qualité. Seuls les établissements habilités par la CTI (Commission des titres d'ingénieur) peuvent délivrer le titre d'ingénieur diplômé. Théoriquement, un étudiant titulaire d'un diplôme non habilité peut prétendre à un poste d'ingénieur informatique mais, dans les faits, les employeurs réservent ces postes – à responsabilités et bien payés – en priorité à celles et ceux qui ont décroché le titre officiel.

Le meilleur moyen de savoir si une école d'informatique offre un programme de qualité est donc de mener sa petite enquête. Les portes ouvertes sont l'occasion de rencontrer les étudiants et les professeurs. Elles permettent également de passer en revue le matériel (nombre de postes, tablettes, serveurs, débit de connexion, imprimante 3D, casque de réalité virtuelle) et les locaux (incubateur d'entreprises, laboratoires de nouvelles technologies). Cette dernière précaution est particulièrement importante. Les écoles d'informatique multiplient les campus en France (jusqu'à 20) et certaines d'entre elles ne disposeraient pas d'équipements suffisamment nombreux et récents.

En dehors des portes ouvertes, une petite poignée d'établissements, comme Epitech, présent sur 12 sites, offrent également la possibilité d'assister à des cours ou de passer une journée entière sur un campus.

Enfin, les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn ou Twitter sont une aubaine pour contacter les premiers diplômés. Ces derniers connaissent mieux que quiconque la reconnaissance et les débouchés professionnels de la formation qu'ils ont suivie.

5. Les écoles d'ingénieurs plus exigeantes

Les écoles d'ingénieurs postbac sont quant à elles présentes sur la plate-forme APB. Les admissions se font via un concours plus difficile et sélectif que celui des écoles d'informatique. La partie écrite de ce concours évalue les connaissances ou les compétences en mathématiques, logique, physique, français et anglais.

Ces établissements délivrent une formation en cinq ans, elle aussi composée de deux cycles. La validation des deux années de prépa intégrée ouvre les portes du cycle ingénieur. Ce dernier étant exigeant, certains établissements font le choix de s'adapter aux différents profils de leurs recrues. Ainsi, à l'EFREI, à Villejuif (94), les bacheliers S entrent en prépa intégrée classique ; les étudiants titulaires du bac STI2D ou ES spécialité mathématiques intègrent pour leur part une “prépa renforcée” en physique et mathématiques.

Les établissements postprépa recrutent pour trois ans après une classe préparatoire scientifique, un DUT, une licence ou, bien que plus rarement, un BTS en sciences ou en informatique. Les préparationnaires passent un concours. Les autres sont sélectionnés par le biais des AST (admissions sur titres), c'est-à-dire dossier et entretien. L'école d'ingénieurs publique ENSIIE, à Évry (91), par exemple, réserve 45 de ses 160 places disponibles en première année aux AST.

6. À la fac, des cursus de tous les niveaux

Les universités sont généralement moins innovantes et équipées que les écoles, mais plus encadrées que ces dernières. Le grade de master délivré par l'État est incontestablement un critère auquel les recruteurs prêtent attention.
Les facultés d'informatique proposent généralement tout un panel de formations très variées, allant du DUT au master 2. Citons par exemple le DUT de l'université Claude-Bernard, à Lyon (69), et son programme pluridisciplinaire en informatique, mathématiques, langue, économie et communication ; ou encore la licence professionnelle de l'UPMC (université Pierre-et-Marie-Curie, à Paris) qui prépare, en un an, en alternance, au métier très en vogue de développeur d'applications.

Dans l'ensemble, les cursus courts sont généralistes et forment des techniciens supérieurs. La licence professionnelle et le master prodiguent quant à eux une expertise dans un domaine bien précis, comme la sécurité informatique, le data ou le cloud computing.

7. Des études polyvalentes

Il suffit de consulter leur emploi du temps pour constater que les étudiants des écoles d'informatique ne sont pas formés pour devenir des geeks purs et durs. Si le numérique se taille la part du lion (développement d'applications ou Web, intelligence artificielle, systèmes et réseaux, sécurité, objets connectés, big data), les autres matières ne sont pas oubliées : communication, culture générale, droit, gestion, marketing ou encore management. Les écoles d'ingénieurs informatiques dispensent même, en plus, des cours de physique et de mathématiques (algorithmes, probabilités, statistiques).

La polyvalence est en effet indispensable aux professionnels du numérique, qu'ils soient administrateurs de réseau, développeurs, chefs de projet ou consultants. Les recruteurs cherchent des profils touche-à-tout et ouverts, capables d'encadrer une équipe, de gérer des projets, de faire des choix technologiques, de vulgariser leur savoir, d'intégrer des contraintes budgétaires et écologiques, de convaincre des clients. Les emplois se trouvent dans des secteurs aussi variés que la santé, la finance, les télécommunications, les transports ou la construction.

8. Une pédagogie par projet

Une fois admis en première année, vous serez immédiatement jeté dans le grand bain de la “piscine”, c'est-à-dire quatre à cinq semaines de codage intensif. Ce moment phare – pour ne pas dire initiatique – des études en école d'informatique permet d'acquérir les bases de la programmation et une méthode de travail basée sur l'entraide, la recherche d'informations et de solutions.

“Le secteur évolue très vite et les professionnels doivent constamment se mettre à jour, souligne Jonas Biberian, directeur pédagogique d'Epitech. Ainsi, notre formation n'enseigne pas un savoir mais une méthodologie que nous résumons par la formule ‘apprendre à apprendre’.” Pas de cours ou très peu. L'intégralité du cursus est rythmée par des projets libres ou imposés, personnels ou collectifs, de quelques heures ou plusieurs années.

À l'école “d'ingénierie informatique” IngéSup, par exemple, la première année comporte huit travaux pratiques, encadrés et corrigés par des intervenants professionnels, dont la réalisation d'une page Internet et l'assemblage d'un ordinateur.

9. L'international au menu

“Pour développer une application, il faut être capable de comprendre l'utilisateur d'un autre pays que le sien. L'expérience internationale inculque cette ouverture d'esprit”, affirme Marielle Alliot-Sangare, la directrice des études du réseau EPSI. La quasi-totalité des écoles d'informatique et d'ingénieurs offre la possibilité d'effectuer des stages à l'étranger, mais certaines d'entre elles vont plus loin.

L'EPSI, par exemple, propose à ses étudiants de cinquième année de valider un double diplôme en passant six mois à Dublin (Irlande) ou à Sydney (Australie). À l'EPITA, au Kremlin-Bicêtre (94), une école habilitée par la CTI, les bacheliers bilingues peuvent intégrer la section internationale. Les cours sont alors entièrement dispensés en anglais, la langue officielle de l'informatique. Des programmes et des services qui ont bien évidemment un prix…

10. Des frais de scolarité à prendre en compte

Le coût de la scolarité dans ces écoles s'élève en moyenne à 20.000 € pour les trois premières années et varie entre 10.000 et 15.000 € pour les deux suivantes. Ainsi, le prix total d'un cursus en cinq ans oscille entre 30.000 et 38.000 €. Une somme importante à mettre toutefois en perspective avec le salaire offert à l'embauche. Selon les enquêtes d'insertion des établissements, les jeunes diplômés des écoles d'informatique peuvent espérer une rémunération brute de 33.000 € dès la première année. Leurs homologues des écoles d'ingénieurs perçoivent pour leur part jusqu'à 38.000 €. Un écart qui se creuse encore un peu plus après trois ans d'activité. Par conséquent, le montant total de cinq années d'études équivaut, approximativement, à une année de salaire à la sortie de l'école.

Mais des alternatives moins onéreuses existent, à commencer par les universités et les écoles d'ingénieurs publiques. Par exemple, à l'ENSIIE, une année d'études coûte 915 €.

Autre possibilité : l'alternance, qui dispense de payer les droits de scolarité, pris en charge par l'entreprise. Cette solution est en général accessible dès la troisième année et parfois directement après le bac, comme c'est le cas à l'école parisienne ESGI. Les directeurs d'école s'entendent pour dire que cette formule exigeante est la voie la plus sûre vers l'emploi, l'objectif de toute bonne formation.

Trois questions à Olivier Crouzet, directeur pédagogique de l'école 42, à Paris :
“40 % des admis n'ont pas le bac”

Comment sélectionnez-vous les candidats ?
“La première phase de sélection se fait en ligne, à travers une série de jeux de logique. Celles et ceux qui réussissent ce premier test intègrent la ‘piscine’ de 42. Un mois entier de programmation les attend. Cette ultime épreuve nous permet de déceler les candidats autonomes, capables de s'adapter, de collaborer, de chercher et d'utiliser des informations. Des qualités dont ils devront faire preuve dans notre cursus et en entreprise. Sur 30.000 postulants, 1.000 intègrent chaque année l'école.”
Les étudiants sans le bac peuvent candidater ; pourquoi ce choix ?
“Je compare souvent le monde du numérique à celui de l'entrepreneuriat. Certains professionnels ont le bac, d'autres ne l'ont pas et s'en sortent tout de même très bien. À 42, environ 40 % des admis n'ont pas le bac. Nous considérons que les examens et les diplômes ne sont pas de bons indicateurs pour déceler le prochain Mark Zuckerberg.”
Pas d'horaires, pas de cours, pas de diplôme : votre cursus est pour le moins original…
“Et j'ajouterais : pas de frais de scolarité, ce qui nous permet de recruter des étudiants issus de milieux sociaux différents. La formation, d'une durée moyenne de trois ans, est élastique. Chacun réalise les projets à son rythme. L'équipe pédagogique se résume à une quinzaine de personnes et les étudiants s'évaluent les uns les autres. Notre pédagogie n'entre définitivement pas dans les clous du système éducatif actuel et elle le revendique.”

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