Reportage

Enactus : une formation accélérée à la gestion de projet en "entrepreneuriat social"

Les ateliers, comme celui-ci, consacré à l'accès à l'énergie, incitent les étudiants à remettre en cause leurs projets à l'aune des solutions existantes.
Les ateliers, comme celui-ci, consacré à l'accès à l'énergie, incitent les étudiants à remettre en cause leurs projets à l'aune des solutions existantes. © Cécile Peltier
Par Cécile Peltier, publié le 18 décembre 2017
7 min

Zora, Léo, Flavien ou Émilie ont participé au séminaire "Eclosion" de l'association Enactus, organisé à Neoma Reims, fin novembre 2017. Trois jours intenses, pour faire émerger leur projet d’entrepreneuriat social, développer leur créativité et leur apprentissage de la gestion de projet. Rencontres.

Dans un grand hall coiffé d’une verrière, Zora et ses camarades, frais et dispos malgré l’heure matinale, accueillent les 220 étudiants venus de toute la France en cette fin novembre 2017. Ils ont rejoint le campus de Neoma Reims pour le séminaire "Éclosion" d’Enactus France, association spécialisée dans l’entrepreneuriat social étudiant. Trois jours et demi pour réseauter, phosphorer, découvrir de nouveaux outils et donner forme à son projet entrepreneurial. C'est un grand moment pour l’étudiante de deuxième année du master grande école de Neoma, qui a eu envie de présider le club Enactus de son campus à la suite du séminaire de 2016.

Un accent mis sur le développement durable

9 heures du matin. Les "Enacteurs" se prêtent avec enthousiasme aux activités de team building. Après avoir déterminé des objectifs, puis des engagements qu’ils s'étaient fixés pour le séminaire, l’idée est de l’expliquer à n'importe qui dans la salle.

Une fois la glace brisée, les participants se dispersent entre les différents ateliers du matin, animés par des membres d’associations et d’entreprises partenaires. Le thème : l'entrepreneuriat social au service du développement durable. Flavien, élève à l’ENSE3 (Grenoble INP), une école d’ingénieurs, a choisi celui consacré à l’accès à l’énergie, curieux de voir ce qu'en pensaient ses camarades issus d'autres formations.

Une formation au marketing et à la gestion d'équipe

Objectif de l'atelier : s'informer sur les enjeux et les pratiques existantes. "Est-ce que ça vaut le coup d’envoyer 30 personnes en avion pendant une semaine au Pérou pour installer un panneau solaire sur une école ?" interroge l’animateur.

Un rapporteur par groupe est chargé de détailler comment les membres de l'équipe comptent réinvestir les enseignements de l'atelier dans leurs propres projets. Un exercice naturel pour ces jeunes habitués à "pitcher". "Avec Enactus, j’ai acquis des compétences en marketing et en gestion de projet, que l'on apprend plutôt en école de commerce. Et en tant que coprésident de l’équipe Enactus de mon école, la gestion d'équipe !" énumère Flavien. Sans oublier pas mal de logistique et un peu d’événementiel.

L’après-midi doit permettre de "passer de l’idée au projet". Elle commence par une conférence sur le "Lean Start-up" : une méthode innovante de création d’entreprise consistant à vérifier que le produit réponde bien aux besoins des utilisateurs et à passer rapidement au prototypage. Les étudiants ont ensuite le choix entre plusieurs ateliers.

Un apprentissage du prototypage

Les plus avancés dans leur projet sont réunis dans la cafétéria pour un atelier de prototypage. Les participants ont quelques secondes pour présenter leur projet devant les professionnels qui les accompagnent : des conseils pour améliorer le modèle économique d’une application permettant aux étudiants de précommander leurs repas, la commercialisation d’une marque d’insectes comestibles, ou encore l'installation de ruches sur le toit d’une école...

Émilie, étudiante à GEM (Grenoble École de management), cherche à déterminer comment toucher les étudiants grenoblois pouvant être intéressés par ses cafés avec des réfugiés

. "Avez-vous discuté avec des réfugiés ? Quelle est votre cible ? Qu’est-ce que cela apportera aux étudiants ? Avez-vous réfléchi à la manière d’aborder les différences culturelles ?" Avec bienveillance, ses coachs guident sa réflexion.

Une introduction à la création d'entreprise

L'idée définie, le travail ne fait que commencer. De retour dans leur école ou leur université, les équipes devront encore mener une étude de marché, monter leur business plan, rechercher des partenaires, communiquer sur leur projet... À Neoma Rouen, Léo, a appris à créer un site Internet pour les besoin de son projet, un service de location d’appareils électroménagers à bas prix pour les étudiants. "Nous faisons plein d’autres choses. Nous avons reçu une association philippine, organisé un voyage à Londres… C’est hyper formateur !"

Pour donner de la visibilité à leur projet et le financer sa concrétisation, à côté de la compétition nationale Enactus, les équipes ont la possibilité de participer à des challenges thématiques organisés par Enactus France et des entreprises partenaires (le challenge Conduire responsable et mobilité durable de la fondation Vinci Autoroute, le Trophée Management des ressources humaines de la fondation Adecco Group, etc.).

Pour ceux qui, un jour, auraient envie de créer leur boîte, toutes ces expériences sont utiles pour se faire la main. "Enactus m'a permis de développer ma start-up avec un filet de sécurité sur un concept éprouvé et sans engager mes propres fonds", reconnaît Léo, qui envisage, tout fonctionne comme prévu, d’en faire son métier.

Une expérience à valoriser sur son CV

Mais tous les Enacteurs ne veulent pas forcément monter leur boîte, loin de là. Au final, beaucoup rejoignent des ONG (organisations non gouvernementales) et des grandes entreprises. C’est le cas de Zora. Intéressée par le marketing, l’étudiante se voit bien travailler dans l’agroalimentaire : "Il y a plein de choses intéressantes à développer dans le marketing responsable."

Avoir porté un projet d’entrepreneuriat social est une expérience valorisée sur un CV. Même si le projet échoue ou évolue en cours de route. En se rendant au Sri Lanka, Zora et ses amis n’ont pas trouvé dans l’eau la présence de métaux lourds liés aux pesticides contre lesquels le filtre qu’ils avaient imaginé était censé lutter dans le cadre du projet Clean Water... Mais les compétences acquises dans le cadre d'Enactus figurent noir sur blanc sur le profil LinkedIn de l'étudiante.

Enactus, et en particulier les séminaires comme celui-ci, sont également un moyen d'engranger des contacts. "Pour les entreprises, c'est une formidable filière de recrutement", estime une représentante d’Enactus France. "Même si ce n’est pas l’objectif premier, c’est un moyen d’avoir accès à de jeunes talents d'une manière différente", reconnaît Alexandra Darras, en charge de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) chez SAP France. Une nouvelle génération d’entrepreneurs ou de managers plus responsables à venir ?

Comment rejoindre Enactus ?

Si l'entrepreneuriat social vous intéresse et que vous avez envie de vous engager, vous pouvez rejoindre l'équipe Enactus de votre établissement. L'association est présente dans 70 universités et grandes écoles en France. Elle mobilise 745 professionnels et 1.443 étudiants autour de 220 projets. Ces derniers concourront du 29 au 30 mai 2018 à la compétition nationale, organisée par Enactus France à Paris.
L'équipe des vainqueurs s'envolera pour San Jose, en Californie, (États-Unis), la ville qui accueillera la World Cup du 9 au 11 octobre 2018. Elle y retrouvera les gagnants des autres pays. Le réseau Enactus Worldwide touche en effet 72.000 étudiants, issus de 1.730 universités, dans 36 pays (Australie, Azerbaïdjan, Mexique, Kenya, etc.).
Plus d'infos sur : enactus.fr

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