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Insertion professionnelle : les grandes écoles restent des valeurs sûres pour l'emploi

Par Sophie Blitman, publié le 19 juin 2012
8 min

Des taux d’activité toujours très positifs et des salaires globalement en hausse : tels sont les enseignements de l’enquête 2012 de la CGE (Conférence des grandes écoles) sur l'insertion des jeunes diplômés. Les écoles d’ingénieurs et de commerce restent une valeur sûre pour trouver rapidement un emploi stable et bien rémunéré.

Dans cette 20e édition de son enquête, la CGE note globalement une amélioration de la situation, alors même que la crise économique continue de sévir et que les prévisions des écoles de commerce notamment n’étaient pas très optimistes.  
Pour Bernard Ramanantsoa, directeur de HEC, cette résistance des jeunes ingénieurs et managers est le signe “d’une flexibilité et d’une capacité d’adaptation de nos élèves et de nos écoles”.

Ces bons résultats confortent aussi l’idée que le diplôme d’une grande école reste une barrière contre le chômage.Et leurs diplômés sont recrutés avant les autres, même en période de restriction d’embauches


Plus de 8 diplômés sur 10 avaient un emploi moins de 2 mois après leur sortie d’école

Début 2012, seuls 13 % des diplômés 2011 des grandes écoles étaient en recherche d’emploi : c’est 3 points de moins qu’en 2011, et 6 de moins qu’en 2010. Le taux net d’emploi (hors poursuite d’études et VIE) gagne, lui, près d’un point, en passant de 84 % à 84,9 %.
 
Concernant la recherche d’emploi, la proportion d’étudiants qui ont signé un contrat avant la sortie de l’école est en hausse : 82,5 % des diplômés (84,1 % dans les écoles d’ingénieurs et 78,5 % dans les écoles de commerce) sont en situation d’emploi moins de 2 mois après leur sortie d’école. Sur ce point, “l’enquête CGE fait apparaître l’importance de la relation des écoles avec le monde du travail”, indique Bernard Ramanantsoa. En effet, 45 % des jeunes diplômés disent avoir trouvé leur emploi par l’intermédiaire de leur établissement, qu’il s’agisse d’un forum emploi, d’une offre diffusée par le service insertion, d’un contact avec un ancien de l’école…
 
En particulier, le stage de fin d’études reste la principale voie d’accès à l’emploi, notamment pour les ingénieurs, puisqu’ils sont 28 % à transformer leur stage en emploi, contre 19 % pour les managers. Le réseau "personnel" serait lui bien moins efficace. Le directeur de HEC souligne que "les relations personnelles ne permettent qu’à 11 % des jeunes diplômés de trouver un emploi" (15 % en école de commerce, 10 % en école d’ingénieurs).
 
Enfin, la stabilité des emplois est également plus grande qu'il y a un an : 79,8 % des diplômés 2011 ont été embauchés en CDI, contre 76,2 % pour la promotion précédente. Cette amélioration bénéficie particulièrement aux ingénieurs (80,2 % en CDI) qui passent devant les managers (79,4 %). La CGE souligne que “nous n’avons pas rejoint le sommet d’avant la crise, mais les niveaux actuels peuvent être considérés comme élevés”. Et de préciser : “Cette situation tranche avec le pessimisme ambiant et l’augmentation constatée du chômage fin 2011 et début 2012.”
 
Enfin, à noter, 12 % des jeunes issus de grandes écoles poursuivent leurs études, essentiellement des ingénieurs :ils sont 16 % de la promotion 2011 dans ce cas, contre 4 % dans les écoles de commerce. Si les masters spécialisés les attirent, témoignant selon Bernard Ramanantsoa d’une “appétence pour les formations de nos grandes écoles”, c’est la recherche qui absorbe l’essentiel des flux. Le directeur de HEC y voit “le fruit de l’effort mené depuis plusieurs années par les écoles d’ingénieurs pour montrer l’importance de la recherche”


Des rémunérations globalement en hausse, mais…

Qu’ils soient ingénieurs ou managers, les salaires annuels bruts des diplômés de grandes écoles augmentent, pour atteindre en 2012 un niveau moyen de 37.268 €, contre 35.840 € en 2011, soit une hausse de près de 4 %. Des rémunérations cependant encore inférieures à celles de la promotion 2010, mais comparables à celles des diplômés de la promotion 2009. Dans le détail : pour les ingénieurs, les salaires passent, en un an, de 34.800 € à 36.400 €. Dans les écoles de commerce et de management, ils augmentent de 38 400 € à 39 200 €.
 
Petit bémol à ces bons résultats, si l’on prend en compte les rémunérations en euros constants (en tenant compte de l'inflation), on observe une baisse des salaires des diplômés des grandes écoles depuis 2000, prise comme année de référence par la CGE


Certains secteurs d’activité plus attractifs

D’une manière générale, l’enquête de la CGE fait apparaître une nette tendance à l’externalisation, comme en témoignent les proportions importantes de diplômés qui débutent dans les bureaux d’études et sociétés de conseil. En forte hausse chez les jeunes managers, ce taux représente désormais 15 % de leurs premiers emplois. Et s’il baisse chez les ingénieurs, ils sont encore 16,5 %, soit 1 sur 6, dans ce cas.
 
Quant au type de structures intégrées, il est à noter qu’un diplômé sur quatre travaille dans une entreprise de plus de 50.000 salariés. Enfin, en ce qui concerne les régions, l’Île-de-France s’impose désormais comme premier lieu de recrutement, surtout pour les jeunes managers : 58,6 % d’entre eux y travaillent. De leur côté, 38,6 % des jeunes ingénieurs sont franciliens.


Pour les jeunes ingénieurs

Pas de surprise concernant les secteurs d’activité dans lesquels les diplômés d’écoles d’ingénieurs trouvent leur premier poste : l’industrie des transports confirme sa place de premier employeur en accueillant 19 % des diplômés, devant le BTP qui rassemble 11,7 % des jeunes diplômés. Le secteur de l’énergie, lui, représente désormais 10,2 % des emplois (lire notre dossier Futurs ingénieurs, quels sont les secteurs les plus porteurs pour vous ?).


Pour les jeunes managers

Malgré la crise financière, le secteur de la banque et de l’assurance est toujours le premier recruteur de jeunes managers (16,9 % des emplois des diplômés 2011), suivi par les cabinets d’audit et l’expertise-comptable, à égalité avec le commerce et la distribution (10,9 %).
À noter aussi, même s’ils représentent des flux plus marginaux, que les médias, la culture et le luxe attirent de plus en plus les diplômés d’écoles de commerce et de management, rassemblant chacun un peu moins de 5 % des diplômés 2011


Les écarts hommes/femmes perdurent

L’insertion professionnelle des jeunes femmes diplômées des grandes écoles reste moins favorable que celle des jeunes hommes. Raison majeure évoquée par la CGE : les secteurs d’activité choisis par les jeunes filles sont d’une manière générale assez peu rémunérateurs.
 
Ainsi, alors qu’elles sont en moyenne minoritaires dans les écoles d’ingénieurs, les jeunes filles investissent massivement les écoles de chimie ou d’agroalimentaire, secteurs où les salaires sont plus bas… De même, dans le secteur du BTP, comme le souligne Florence Darmon, directrice de l’ESTP, elles optent “davantage pour la conception et les bureaux d’études que pour la construction, qui paie mieux”. Quant aux diplômées d’écoles de commerce, elles aiment travailler dans des agences de pub ou le luxe, qui rémunèrent nettement moins que les grandes banques…

Résultat : une femme ingénieure gagne 2.800 € de moins qu’un homme (en salaire brut annuel, primes et avantages inclus). Un écart qui atteint même 5.700 € pour les managers.

Cependant, affirme Florence Darmon, “à poste équivalent, la rémunération est équivalente : pour peu que les femmes choisissent le même métier que les hommes, les salaires sont rigoureusement identiques”. Et de souligner qu’ ”à la sortie de l’école, les entreprises jouent le jeu”. Même si, par la suite, les évolutions de carrière sont souvent différentes, en raison notamment de facteurs culturels et sociaux.
Moins que sur la rémunération, c’est au niveau de la stabilité de l’emploi que les différences sont les plus visibles,puisque 24 % des jeunes femmes diplômées sont en CDD, soit deux fois plus que les jeunes hommes


L’international attire surtout les jeunes managers

Si l’international attire globalement les jeunes, cela ne se traduit pas nécessairement tout de suite par un emploi à l’étranger : l’enquête de la CGE montre ainsi que la très grande majorité des diplômés (88 %) démarre sa carrière en France. Et ce, alors que les salaires sont souvent plus élevés à l’étranger et que les jeunes actifs expatriés manifestent en moyenne une grande satisfaction vis-à-vis de leur situation professionnelle.
 
Mais dans ce domaine, les différences sont grandes selon le type d’établissement. En effet, 18,2 % des diplômés d’écoles de commerce partent à l’étranger pour leur premier emploi, contre seulement 9,7 % de leurs homologues d’écoles d’ingénieurs. On peut également souligner que l’international attire davantage les hommes que les femmes.
 
Pour les 12 % qui choisissent de s’expatrier après l’école, les destinations les plus lointaines ne sont pas les plus pourvoyeuses d’emploi : c’est en effet la Suisse qui accueille le plus de jeunes diplômés, suivie du Royaume-Uni et de l’Allemagne.
 
Cependant, débuter en France ne ferme pas les perspectives internationales, au contraire ! Comme le souligne le directeur de HEC Bernard Ramanantsoa, “beaucoup d’entreprises françaises sont prêtes à envoyer des jeunes à l’étranger une fois qu’ils ont passé un ou deux ans en France”.
 

>> Lire l’intégralité de l’enquête 2012 Insertion jeunes diplômés de la CGE (pdf).

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