Reportage

Au cœur de l'École européenne de chimie de Strasbourg

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L’ECPM diplôme une centaine d’élèves ingénieurs chaque année, dont plus de la moitié sont des filles. © Mathieu Cugnot / Divergence pour l'Etudiant
Par Laura Makary, publié le 21 juin 2017
1 min

À l’École européenne de chimie de Strasbourg, les cours des élèves ingénieurs alternent entre travaux pratiques, cours scientifiques et linguistiques, dans une ambiance détendue et familiale. Avec en ligne de mire un doctorat et une carrière à l’international.

Devant le bac de réacteurs, Jonathan et Marine s'affairent. Blouse blanche, lunettes et gants de protection enfilés, les deux étudiants vont et viennent entre leur ordinateur et les quatre réacteurs. La question qu'ils se posent : "Comment se distribue une molécule, et quel est son temps de séjour, dans chaque réacteur ?"

Dans la salle d'à côté, un trinôme d'étudiantes, Tiphaine, Myriam et Apolline, s'intéressent aux conséquences de la présence d'azote sur la transformation de glucose en bioéthanol par des levures. "Pour l'instant, ce n'est pas bon", lance Apolline en souriant. Sa professeure, Barbara Ernst, également responsable de la formation pratique de l'école, l'encourage, en observant l'expérience : "S'il y a inhibition, c'est important aussi de le savoir."

Calculs et expérimentations

Bienvenue à l'ECPM, l'École européenne de chimie, polymères et matériaux, située à Strasbourg (67), sur le même campus que l'IPCMS (Institut de physique et de chimie des matériaux de Strasbourg), le CNRS (Centre national de recherche scientifique) ou l'IUT (institut universitaire de technologie) Louis-Pasteur de Schiltigheim.

Cette école publique, dans le giron de l'université de Strasbourg, rassemble 415 étudiants. Cet après-midi des TP (travaux pratiques) de génie des procédés sont organisés pour les élèves de deuxième année en spécialité science analytique. Durant toute la journée, ces 24 futurs ingénieurs enchaînent calculs, simulations et expérimentations, sous le regard de leur professeure.

Pendant le cursus de trois ans du cycle ingénieur, les étudiants optent parmi deux majeures : chimie par la santé et l'environnement ou matériaux émergents pour le développement durable. Les élèves, répartis en promotions de 100, suivent de nombreux TP, qui représentent plus d'un tiers de la formation. Mais aussi des cours de sciences théoriques, des enseignements de sciences humaines, sociales et économiques et participent à l'élaboration de projets. Pas le temps de s'ennuyer.

Lire aussi : Le palmarès des écoles d'ingénieurs 2017

Langues vivantes obligatoires

D'autant que l'école strasbourgeoise met un accent particulier sur les langues. L'anglais est obligatoire en LV1 et une certification externe TOEIC, Test of English for International Communication), ou TOEFL (Test of English as a Foreign Language) est demandée.

La seconde langue vivante est à chosir entre l'allemand ou l'espagnol. La frontière franco-allemande étant toute proche, c'est naturellement vers la langue de Gœthe que la majorité des élèves se dirigent. L'inverse de ce que l'on observe en général dans les collèges et lycées français.

"Nous avons cinq groupes d'allemand, contre un seul d'espagnol. Mais la moitié des étudiants n'a jamais appris l'allemand et débutent dans cette langue", explique Heike Biermann, enseignant depuis quinze ans à l'ECPM.

Dans sa classe du matin, c'est justement un groupe de débutants qui assiste dans le calme à son cours et répond à ses questions. Ils écoutent les extraits sonores et notent le vocabulaire. "Seite 102, Aufgabe eins, zwei und vier", propose l'enseignante, indiquant la page du manuel et les exercices à réaliser. Pas si débutants que ça, ces étudiants de première année, qui ne sont pourtant à l'école que depuis quelques mois. "Ce sont de très bons élèves, ils ont déjà terminé un manuel et ils ont appris très vite à se débrouiller avec les bases", commente Heike Biermann.

Cours scientifiques en anglais

Il faut dire que, pour une école d'ingénieurs chimistes, le dispositif linguistique est renforcé : stages intensifs, soixante-dix heures de cours en LV1, ainsi qu'en LV2, en première année, avec 20 heures supplémentaires pour les débutants. Une LV3, facultative, est aussi proposée. L'objectif : pouvoir travailler outre-Rhin, là où l'industrie chimique recrute.

Tout cela n'est pas vain : les étudiants suivent assez vite des cours scientifiques en anglais. Aujourd'hui, c'est une leçon de chimie organo-métallique sur la différence entre catalyses homogènes et hétérogènes que les étudiants de deuxième année en chimie moléculaire écoutent dans la langue de Shakespeare en prenant des notes. 20 % de leurs cours théorique sont en anglais. En troisième année, ce sera l'intégralité.

Un club Pompom renommé

Entre deux cours ou TP, c'est sur la pelouse que se retrouvent les futurs chimistes, et pas pour se détendre sur l'herbe au soleil. Pompons accrochés aux mains, garçons et filles dansent, en souriant, sur une chorégraphie et une musique rythmées. C'est l'une des nombreuses répétitions des pompom. Une équipe reconnue dans les tournois interécoles de chimie, mais également à Strasbourg.

86 élèves, dont les trois quarts sont en première année, composent ce club pas tout à fait comme les autres. Élisabeth, en deuxième année, est l'une des responsables de cette association étudiante hors normes. "Nous répétons deux à quatre fois par semaine, selon les périodes, principalement le midi. Notre équipe est renommée, c'est très motivant, mais aussi stressant, car les anciens comptent sur nous", explique l'étudiante, après la répétition.

Comme toutes les écoles d'ingénieurs, l'ECPM dispose également d'un BDE (bureau des élèves), géré par une équipe de 12 personnes et présidé par Clémentine, étudiante de première année. "J'aime mon école. Nous sommes une grande famille soudée, sans compétition entre nous. Je me suis sentie très vite intégrée et j'ai eu envie d'apporter en retour quelque chose à l'école", confie-t-elle, installée sur la mezzanine du foyer des élèves, près de deux grandes tables de billard.

Clémentine énumère les clubs : le bureau des Arts (qui regroupe du théâtre, de la cuisine, des arts manuels et des sorties), le bureau des Sports (qui propose badminton, football, basket, volley-ball, handball et piscine, week-ends randonnée), le club 4L Trophy, le club Ingénieurs sans frontières (une association humanitaire nationale), et le club Voyages d'études, qui se charge d'organiser le séjour de fin d'année des troisième année, juste avant leur départ de l'école. Cette année, c'était en Croatie.

Poursuite en doctorat

Les étudiants de troisième année quittent ensuite l'ECPM pour leur stage de fin de cycle. La majorité des diplômés commence ensuite à travailler, mais 35 à 45 % décident de poursuivre en thèse. "Ce choix de haut niveau de poursuite d'études s'explique notamment par la proximité avec l'Allemagne, où le doctorat est très reconnu dans le secteur industriel", souligne Sylvie Bégin, directrice de l'ECPM.

Deux tiers des diplômés se tournent vers les domaines de la chimie, des polymères et des matériaux, et plus de la moitié en recherche et développement et en qualité, sécurité et sûreté de fonctionnement.
Entre les langues renforcées, la proximité de la frontière franco-allemande, la présence d'environ 15 % d'étudiants venant de l'étranger et des enseignants d'autres nationalités, l'ECPM se veut une école tournée vers l'international.

Les élèves passent en moyenne six mois en stage à l'étranger. Résultat : 35 % des diplômés vont travailler hors de France après l'obtention de leur diplôme. Et souvent avec des salaires supérieurs à ce qu'ils pourraient prétendre.

Entrer en cycle d'ingénieur

L'ECPM recrute au niveau bac + 2 au minimum. Notamment des élèves en classes préparatoires aux grandes écoles, via les concours communs polytechniques, en physique-chimie. Autre voie possible : un DUT (diplôme universitaire de technologie) ou une licence, spécialisés dans la chimie. L'admission s'effectue alors sur dossier et après un entretien.

L'école accueille en outre une partie des classes préparatoires intégrées de la Fédération Gay-Lussac. Cette formation qui se déroule sur deux ans après le bac permet à ses élèves d'intégrer une des 20 écoles de chimie de la fédération, réparties partout en France.

Dernière possibilité : entrer directement en deuxième année du cycle ingénieur, après un master 1 en chimie ou en matériaux et nanosciences.

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