Portrait

Ces élèves ingénieurs français ont testé la vie sur Mars

Pierrick et Gwendal, deux étudiants ingénieurs de l'INSA Toulouse, en mission "sur Mars".
Pierrick et Gwendal, deux étudiants ingénieurs de l'INSA Toulouse, en mission "sur Mars". © Photo fournie par le témoin
Par Mathilde Saliou, publié le 20 janvier 2017
1 min

ILS VONT FAIRE LA UNE. Gwendal Hénaff et Pierrick Loyers, deux étudiants de l’INSA Toulouse, ont été sélectionnés pour passer 15 jours en isolement dans le désert de l’Utah, aux États-Unis. Objectif : simuler les conditions de vie d’une mission sur Mars. Une aventure très "spatiale".

Pierrick Loyers et Gwendal Hénaff, 23 ans, se sont rencontrés sur les bancs de l'INSA (Institut national des sciences appliquées) Toulouse. Ils y suivent actuellement leur quatrième année d'études d'ingénieurs. Début 2016, ils postulent à la Mars Society pour participer à une simulation de mission dans la Mars Desert Research Station de l'organisation, aux États-Unis. Gagné ! "Nous ne pensions pas être sélectionnés, explique Pierrick, mais nous étions tous les deux passionnés, alors nous avons tenté notre chance." Leurs parcours respectifs et leur projet de radar à pénétration de sol, pour établir une cartographie en 3D du sol martien et y trouver d'éventuelles traces d'eau, ont convaincu.

Du 31 décembre 2016 au 14 janvier 2017, ils ont donc rejoint les cinq autres membres de "l'équipe 172", internationale, pour mener différentes expérimentations et vivre dans les conditions d'une mission sur la planète rouge. "L'équipe était constituée de notre commandante italienne, d'une Indienne et de trois Américains [non étudiants], tous plus âgés que nous. Nous ne connaissions personne en arrivant mais nous avons passé deux semaines ensemble dans cet environnement fermé. L'expérience a été très enrichissante humainement", explique Gwendal.

Une sieste sous contrôle chaque jour

Elle l'a été techniquement également. La commandante, Ilaria Cinelli, a par exemple mené une étude sur le sommeil en conditions inhabituelles. "Nous devions toujours faire une sieste d'une demi-heure après le déjeuner, la tête bardée d'électrodes. Notre sommeil était alors mesuré grâce à un électro-encéphalogramme, raconte Pierrick. J'étais assez sceptique au début, mais finalement, l'expérience a très bien fonctionné. De notre côté, nous avons mis en application le projet de cartographie 3D que nous avions proposée dans notre dossier, poursuit-il. Notre sonde est capable de plonger à 15 mètres en profondeur et peut donc rapporter quantité d'informations utiles pour des astronautes."

Vie quotidienne martienne

Le rythme de vie "sur Mars" était régulier. "Lever vers 7 h 30, petit-déjeuner puis préparatifs pour nos simulations en extérieur pendant deux heures, liste Pierrick. Vers 11 h, de trois à cinq personnes sortaient pour leurs travaux de recherche, tandis que les autres les aidaient. Puis au bout de deux ou trois heures, nous rentrions déjeuner, continuer nos autres expérimentations, vaquer à nos occupations..."
Un jour, l'équipe a dû gérer un accident. Gwendal décrit : "Un astronaute s'est retrouvé la jambe prise entre deux Rover. La situation a demandé beaucoup de sang-froid car, en combinaison, notre liberté de mouvements était sérieusement amoindrie. Mais il ne fallait surtout pas que nous sortions de la simulation. Comme si nous avions réellement été sur Mars, nous l'avons rapatrié vers notre lieu de vie. Ses blessures étaient légères, mais cet épisode nous a rappelé que ce genre d'environnement est particulièrement difficile".

Une mission sur Mars en Arctique

Les deux Frenchies ont travaillé dur pour en arriver là. "Nous avons toujours eu la tête dans les étoiles, déclare Gwendal. Quand j'étais plus jeune, la lecture de "Patience dans l'azur" de Hubert Reeves, m'a particulièrement marqué. Puis, au fil du temps, j'ai réalisé que je pouvais faire d'une passion une véritable activité. Je me suis orienté en ce sens, d'un point de vue académique comme extrascolaire. En parallèle de mes études, en 2016, j'ai donc participé à une campagne de vol en apesanteur du Centre national d'études spatiales." Selon l'étudiant, son volontariat à la Croix-Rouge et son statut de réserviste de la Marine nationale lui ont aussi été utiles pour être sélectionné par la Mars Society.
Si Pierrick a suivi un parcours plus traditionnel d'apprenti ingénieur, en effectuant notamment un stage chez Safran et un projet pour Rolls-Royce, il affiche le même intérêt pour l'aérospatial. Ainsi n'est-il pas étonnant d'entendre les deux étudiants déclarer : "La Mars Society a une autre station d'études en Arctique, dans le Grand Nord canadien, dans laquelle nous aimerions vraiment aller. Il y aura le même processus de sélection. Mais cette fois, nous aurons le privilège de l'expérience".

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Toujours plus loin dans les étoiles

S'ils peuvent postuler aux missions en parallèle de leurs études, il reste tout de même à Pierrick et Gwendal un an et demi de cours et de stages à achever pour décrocher le diplôme de l'INSA. Ensuite ? Ni l'un ni l'autre n'ont de projets fixes. Gwendal voudrait réaliser son rêve de se rendre en Antarctique. Pierrick parle d'éventuels travaux de recherche, sans savoir vraiment où.
Quant à partir réellement dans l'espace comme le Français Thomas Pesquet ? "Je veux travailler dans le milieu spatial, c'est certain, affirme Pierrick, comme son ami. Alors tenter de devenir astronaute, oui, pourquoi pas. Il faut être sélectionné, mais cela ne coûte rien d'essayer." Une philosophie qui a déjà fait ses preuves, puisqu'elle l'a mené sur Mars.

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