Reportage

Concours : Barbie relookée par des étudiantes en mode, ça donne quoi ?

Le croquis de Barbara : une tenue pour Barbie inspirée "d’un univers post-apocalyptique".
Le croquis de Barbara : une tenue pour Barbie inspirée "d’un univers post-apocalyptique". © Sarah Hamdi
Par Sarah Hamdi, publié le 09 février 2016
1 min

Nouveau look pour une nouvelle vie ! À l'occasion du concours national "Habille Barbie", organisé par le musée des Arts décoratifs, 11 étudiantes en mode de l’École supérieure d’art Conte relookent la fameuse poupée de Mattel. Reportage dans leur atelier de confection, avant les résultats, le 20 février 2016.

Sur les tables de confection, échantillons de tissus colorés, épingles, dentelle et fils à coudre se mélangent. Un souk stylé de matières et d’outils d’atelier. Chaque croquis des tenues de Barbie trône près de sa modéliste. "J’ai dessiné un habit en croisant les thèmes de la course à pied et du minéral. Un vêtement d’inspiration sportwear, mais que l’on peut porter dans la rue", décrit Ségolène, 20 ans, entre deux découpes. "J’aime travailler sur les inspirations [les premiers jets de travail, ndlr] et les gammes colorées. Le côté minéral est présent dans mes matières. Je tamponne moi-même de la peinture sur le tissu, c’est ce qui lui donne cet effet rocheux," précise l’étudiante en mode de l’École supérieure d’art Conte qui souhaiterait travailler en bureau de style.

La Barbie dans le commerce : "trop vulgaire"

Au total, 22 petites mains s’activent pour donner vie à leur projet de vêtement à destination de la plus célèbre des poupées, Barbie. Ces 11 étudiantes, toutes en Bachelor stylisme de mode ou en design textile, participent au concours national "habille Barbie" organisé par le musée des Arts décoratifs. Les lauréat(e)s verront leurs créations exposées lors de l’exposition "Barbie" qui se tiendra du 10 mars au 18 septembre 2016.

Une belle occasion de montrer son talent. Mais surtout, de relooker l’icône de son enfance. "Longtemps, j’ai joué à la Barbie, comme nous toutes ici ! Ce concours nous donne la possibilité de créer quelque chose de différent… Je n’aime pas trop comment les Barbie du commerce sont habillées. Trop de rose, très 'fifilles', pas modernes. Et dernièrement, et de plus en plus vulgaires," décrypte Ségolène, en montrant la poupée. La tenue incriminée en question : une jupe rose pailletée moulante et un top blanc (non moins moulant) au slogan "Be yourself". Pas de quoi crier "magnifaïque, ma chérie !", comme Cristina Córdula…

Une Barbie dans la ville

"C’est un rêve d’enfant qui se réalise ! Je dessine des vêtements depuis que je suis toute petite. Je visualisais ma Barbie portant mes créations", se souvient Barbara, 25 ans. Pour revêtir la poupée des temps modernes, elle imagine "un monde hostile où les femmes s’adaptent à l’urbanisme" et s’inspire "d’un univers post-apocalyptique". Sa blonde en plastique s’habillera d’une tenue "inspirée du mimétisme animal" avec des "formes militaires pour passer inaperçue dans la nature", explique Barbara. La difficulté ? Les tailles à adapter. "Ce qui est plus compliqué avec le modèle miniature, c’est de découper les formes pour le patronage", détaille l'étudiante qui envisage de poursuivre ses études dans le design et la conception de vêtements. 

Des contraintes de temps et de proportions

Pour Cécile Balme, professeur de dessin de mode et de modélisme, c’est là tout l’enjeu de cette compétition. "L’échelle réduit le champ d’action et celui de l’imagination. C’est ce qui peut leur faire peur. En revanche, on peut vraiment tout faire au niveau du style." Elle trouve que ses étudiantes sont "bien parties", malgré un "démarrage toujours un peu long". L’enseignante dispense ses conseils dans les rangs : "Réfléchissez bien par rapport à la silhouette de Barbie. Attention aux proportions ! La grosse rayure sur ton tissu, est-ce qu’on la verra sur le vêtement ?" Un peu plus loin, Michaël Cailloux, directeur pédagogique, remotive ses troupes : "l’idéal serait que vous sortiez votre tenue ce soir ! C’est tout de même une épreuve en temps limité."

"Mix and match" entre la sapologie et le BCBG

Vicky, 22 ans, commence tout juste à faire ses toiles avant de patronner. Terminera-t-elle à temps ? Pas de problème. "Elles sont habituées à travailler en short time", confie Marie Bertrand, professeur d’accessoire de mode. La création de Vicky : un mix and match entre l’image de la bourgeoise caricaturée, un peu coincée, et le courant de la sapologie. "Je trouvais intéressant de mélanger ces deux influences en utilisant le wax (tissu africain imprimé coloré) et des pièces classiques, et en donnant un côté street, urbain." Une idée qui lui est venue en prenant les transports en commun et qui contraste avec le côté girly de la si populaire poupée Mattel. "Barbie a un côté très codifié. Le défi est de sortir de cette image qu’on a tous de Barbie." Et finalement de lui donner un style "plus contemporain et plus proche de nous", espère Vicky. Quel look séduira le plus le jury des Arts Décoratifs ? Verdict le samedi 20 février 2016.

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