Témoignage

Prépa aux écoles d'art : 6 étudiants racontent

Les classes ou ateliers préparatoires ont pour objectif de vous préparer aux concours d'entrée dans toutes les écoles d'art.
Les classes ou ateliers préparatoires ont pour objectif de vous préparer aux concours d'entrée dans toutes les écoles d'art. © Miguel Angel Pelaez Gonzalez
Par Sophie de Tarlé, publié le 06 janvier 2015
1 min

Il n’est pas évident de choisir une prépa artistique. C’est une décision très personnelle dont va dépendre la suite de vos études en école d’art. Six étudiants racontent leur expérience.

L'accès aux écoles d'art est sélectif et les plus réputées font chaque année de nombreux déçus lors des résultats au concours d'entrée. Les plus prisées, comme les Arts déco et les Gobelins, admettent moins de 5 % des candidats.

Pour optimiser leurs chances d'entrer dans l'école de leurs rêves, la plupart des étudiants passent par une MANAA (mise à niveau en arts appliqués) ou par une classe ou un atelier préparatoire. La MANAA a la particularité de préparer à toutes les spécialités des arts appliqués (design, graphisme, mode…). C'est aussi un préalable pour entrer en BTS (brevet de technicien supérieur) ou en DMA (diplôme des métiers d'art) quand on n'est pas titulaire d'un bac STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués). Les classes ou ateliers préparatoires ont pour objectif de vous préparer aux concours d'entrée dans toutes les écoles d'art, en particulier la quarantaine d'écoles dépendant du ministère de la Culture et de la Communication, communément baptisées les Beaux-Arts.

À quoi ressemble vraiment une année de prépa artistique ? Six étudiants en école d'art, qui sont passés par là, se souviennent.
 

La prépa d'Eugénie : l'ENSBA, à Lyon

"J'ai découvert tout un univers."


La prépa d'Eugénie : l'ENSBA, à Lyon // © Olivier GUERRIN pour l'Etudiant"Le plus difficile, c'est presque d'entrer dans la prépa ! À l'écrit, il fallait analyser un texte issu d'un livre sur l'art contemporain. C'est l'épreuve que j'ai le mieux réussie grâce à l'année en fac de philosophie que j'avais faite après mon bac L. Pour l'épreuve pratique, ça a été plus compliqué. Le thème ? ‘Courts circuits et circuits courts’. J'ai fait des jeux de mots et des dessins.

À l'oral, c'est surtout sur mon écrit que j'ai été interrogée, parce que le jury adapte ses questions en fonction du candidat. J'avais aussi apporté une dizaine de peintures, sculptures, vidéos et expérimentations. Il ne faut pas se censurer.

Pendant un an, j'ai découvert tout un univers : des cours de peinture, de dessin, d'histoire de l'art, de photo, d'anglais et de pratique contemporaine. Le cours de "verbalisation et conceptualisation", par exemple, nous apprend à parler de nos travaux, et c'est très utile pour les concours. J'en ai d'ailleurs passé plusieurs : les Beaux-Arts de Bordeaux [33], de Cergy [95], de Lyon [69], de Nantes [44], et j'ai été admise à tous. Finalement je suis restée à Lyon, car c'est l'école où les cours théoriques sont le plus nombreux."

© Olivier Guerrin


Le plus : "Être déjà aux Beaux-Arts nous met en condition."
Le moins : "L'entrée est très sélective."
Frais de scolarité : 792 €

 

La prépa d'Agathe : l'Atelier de Sèvres, à Paris

"J'y ai fait beaucoup de rencontres, des gens créatifs, originaux."

La prépa d'Agathe : l'Atelier de Sèvres, à Paris // © DR"Comme je n'avais jamais pris de cours, j'ai passé toute l'année à apprendre à dessiner, et j'ai repiqué une seconde année. Heureusement, je progressais vite.

Je me souviens avoir dû transformer une case de bande dessinée en un tableau, le tout en noir et blanc. Les cours de nu sont singuliers, mais c'est aussi tellement ancestral que cela paraît normal.

À Sèvres, l'ambiance est à la fois studieuse et créative. Les professeurs enseignent dans les écoles où les étudiants postulent et ils sont ‘cash’. J'y ai fait beaucoup de rencontres, des gens créatifs, originaux, marginaux parfois. Ces deux années m'ont beaucoup enrichie et m'ont permis d'intégrer les Beaux-Arts de Paris."


Le plus : "C'est une excellente préparation aux différents concours."
Le moins : "C'est très cher."
Frais de scolarité : 7.560 € par an

 

La prépa de Camille : LISAA de Rennes

"J'ai partagé avec les élèves des années supérieures."


La prépa de Camille : LISAA de Rennes // © DR"Après mon bac L option arts plastiques, j'ai choisi la prépa de LISAA [L'Institut supérieur des arts appliqués] de Rennes [35], car c'était près de chez moi. Je trouvais rassurant aussi que cette école soit présente dans plusieurs villes de France.

Le programme était très chargé : j'ai étudié à la fois des matières techniques (natures mortes, objets de la vie quotidienne, croquis d'extérieur…) et des matières générales tel l'histoire de l'art.

Je me suis fait beaucoup d'amis aussi. LISAA, c'est comme une famille. Un an plus tard, j'ai préféré continuer en section design plutôt que passer des concours, car l'école me convenait parfaitement."


Le plus : "J'ai pu partager avec des élèves des années supérieures inscrits dans l'école."
Le moins : "L'enseignement est assez dense : il y a beaucoup de cours."
Frais de scolarité : 5.890 €

 

La prépa de Yueling : la MANAA de l'ESAAT, à Roubaix

"Avoir suivi cette MANAA a facilité mon admission à l'ESAAT."


La prépa de Yueling : la MANAA de l'ESAAT, à Roubaix // © DR"Au lycée, j'ai choisi de redoubler ma première S pour avoir un meilleur dossier scolaire, car je visais le DMA cinéma d'animation, et j'ai écrit ma lettre de motivation pour la MANAA en ce sens. Il faut rester honnête et ne pas mettre une référence à ce que l'on ne maîtrise pas juste parce que cela fait bien.

Pendant l'année de mise à niveau, en plus des cours d'arts plastiques et des cours de nu, j'ai étudié le design produit, le design espace, le graphisme. J'ai créé ainsi un packaging pour du café en grains et pour une paire de lunettes. J'ai aussi suivi des cours d'histoire de l'art, de maths, d'anglais, de physique et de français. L'emploi du temps, avec 35 heures par semaine, est bien chargé.

Aujourd'hui, je suis en première année de DMA cinéma d'animation à l'ESAAT [École supérieure des arts appliqués et du textile] de Roubaix [59]. Je pense qu'avoir suivi la MANAA dans cette école a facilité mon admission."


Le plus : "L'ambiance est géniale, les élèves sont très soudés."
Le moins : "Certaines bases du dessin sont enseignées, mais ce n'est pas l'essentiel des cours."
Frais de scolarité : aucun

 

La prépa de Sara-Lou : la CAAP du lycée Pablo-Picasso de Fontenay-sous-Bois

"Les conditions d'études sont tout simplement idéales."


La prépa de Sara-Lou : la CAAP du lycée Pablo-Picasso de Fontenay-sous-Bois // © DR"J'ai trouvé la procédure d'admission en prépa plutôt facile. J'étais en L option arts plastiques, et sur APB [Admission postbac] j'ai placé le lycée Pablo-Picasso de Fontenay-sous-Bois [94] en premier vœu. En plus de mon dossier scolaire, j'ai envoyé cinq planches (peintures, dessins, photos…) et une lettre de motivation. Pour l'admission, j'ai dû analyser une œuvre, la voiture de Bertrand Lavier [Giulietta, 1993]. Mais il n'y avait pas de piège. Le jury était plutôt bienveillant : il était composé du professeur d'arts plastiques, mais aussi des étudiants de la prépa.

Les conditions d'études dans la CAAP [classe d'approfondissement en arts plastiques] étaient tout simplement idéales. Notre classe était un préfabriqué dans la cour du lycée. Nous disposions d'un atelier et d'une salle de cours, où nous pouvions laisser nos affaires de peinture. Nous étions 24 élèves en tout. Le matin, nous avions cours en atelier, et l'après-midi était consacré à l'enseignement général (anglais, histoire, lettres, philosophie). Et, surtout, des concours blancs avaient lieu une semaine sur deux.

J'ai été admise à Strasbourg [67] et à Caen [14], et j'ai été admissible aux Beaux-Arts de Nantes [44] et de Paris. En fin de compte, j'ai choisi d'intégrer, en septembre dernier, l'HEAR [Haute École des arts du Rhin] de Strasbourg."


Le plus : "Prix imbattable, je n'ai dû payer que 60 € par an pour le modèle de nu."
Le moins : "La CAAP ne permet pas de postuler en BTS arts appliqués."
Frais de scolarité : aucun

 

La prépa de Pierre : l'EPSAA, à Ivry-sur-Seine

"J'ai énormément progressé."


"L'admission à l'atelier préparatoire de l'EPSAA [École professionnelle supérieure d'arts graphiques et d'architecture] repose sur une épreuve pratique de dessin. Je sortais d'un bac L spécialité arts plastiques, mais cela ne m'a pas aidé. Une fois admissible, j'ai passé un entretien devant un jury à qui j'ai présenté des planches ainsi que mes carnets de croquis.

La prépa de l'EPSAA à Ivry-sur-Seine [94] est très intense et j'ai énormément progressé, même si, au début, j'ai assez mal vécu le premier travail à réaliser : une fresque graphique personnelle. Heureusement, les professeurs sont proches de nous et nous conseillent en fonction de l'école souhaitée. Le but est que l'on ait tous une école en fin d'année. Je voulais intégrer les Arts déco. J'ai passé le cap des écrits et… j'ai échoué à l'oral. Aujourd'hui, je suis en première année à l'EPSAA. Quand je serai diplômé, j'envisage de retenter ma chance aux Arts déco."


Le plus : "Il y a beaucoup de cours de dessin."
Le moins : "Ce n'est pas facile, au début, de se mettre dans le bain."
Frais de scolarité : 440 €



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