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Une Maison familiale rurale, pour se former autrement

publié le 02 mars 2009
1 min

Alors que le Salon de l’agriculture vient d'ouvrir ses portes, coup de projecteur sur les MFR qui proposent depuis plus de 70 ans un enseignement original basé sur l’alternance cours/entreprise (en stage ou en apprentissage).

Filière agriculture, mais pas seulement

« Je n’aime pas l’école. Je préfère le monde du travail ». Elle a son franc parler, Céline ! A 19 ans, la jeune normande est en terminale du bac professionnel Productions animales à la Maison familiale rurale (MFR) de Maltot, près de Caen (Calvados). « En troisième, je savais déjà que je voulais devenir agricultrice, mais pour y arriver il me fallait au minimum un bac professionnel. Donc je devais continuer mes études ! J’ai entendu parler des MFR et j’ai décidé de m’inscrire dans la plus proche de chez moi, pour y préparer un Brevet d’études professionnelles (BEP) ». Bien lui en a pris puisque celle qui n’aimait pas l’école a décroché son BEP avec mention !

130 qualifications, 18 secteurs professionnels. Lancé dans les années 30, le mouvement des maisons familiales rurales a été créé par des agriculteurs soucieux de bien former leurs jeunes. Avec le temps, les formations proposées se sont diversifiées et les MFR proposent aujourd’hui 130 qualifications différentes réparties dans 18 secteurs professionnels : agriculture, bien sûr, mais aussi vente, social, bâtiment, services aux personnes, tourisme... Autre changement, aujourd’hui les MFR accueillent aussi bien des jeunes « de la ville » que des citadins. Enfin, l'image d'une école réservée aux fils et filles d'agriculteurs a vécu : si 10% des jeunes accueillis en MFR viennent effectivement du monde agricole, 30% ont des parents ouvriers, et 19% des parents employés.


Une pédagogie différente

Du BEP au brevet de technicien supérieur (BTS), tous les diplômes préparés en MFR sont des diplômes nationaux. Leur originalité est ailleurs.

Des profs « moniteurs ». Les enseignants, formés par le ministère de l’Education nationale comme les autres professeurs de collège ou de lycée, sont baptisés « moniteurs », et reçoivent tous une formation à la pédagogie de l’alternance. « Nous tenons à ce terme de « moniteur » car il signifie « accompagner » explique Patrick Gués, responsable de la communication des MFR et lui-même ancien moniteur. En plus des cours, nos moniteurs doivent assurer des heures de présence auprès des jeunes pour les aider à monter leur projet d’orientation ou partager avec eux le repas ».

Surtout en internat. Du côté des jeunes aussi, la différence est grande avec l’école « classique ». Céline, qui n’habitait pourtant qu’à 20 kilomètres de la MFR, a pourtant choisi d’être interne : « Je voulais couper le cordon ombilical avec mes parents, et puis c’était l’occasion de vivre une expérience différente ». En MFR, 80 % des élèves sont internes, et chacun doit participer à la vie collective, considérée comme une composante importante de la formation. C’est pourquoi chaque semaine tous les jeunes sont affectés à un « service » particulier (mettre la table, desservir, faire le ménage dans les chambres, nettoyer les espaces extérieurs, etc.). Pas trop lourd à gérer ? « Non, témoigne Céline, nous sommes nombreux pour régler toutes ces tâches. Et quand il y a un « service » un peu plus lourd que d’habitude, on s’y met tous, et c’est vite réglé ! ».

Pour qui ? La formule des MFR est intéressante pour les jeunes qui se sentent infantilisés dans le système scolaire classique mais qui sont motivés à l’idée de décrocher un diplôme, tout en mettant un pied dans le monde du travail. L’approche pédagogique particulière, basée sur la responsabilisation, l’autonomie, et un dialogue jeune / adulte constamment favorisé, en stage comme en cours, permet de retrouver confiance en soi. Une méthode qui a fait ses preuves puisqu’en MFR, le taux moyen de rupture des contrats d’apprentissage va de 5 à 8% contre 25% de moyenne nationale. CQFD.


Sandrine Chesnel

Repères
- Privé : Les MFR appartiennent à l’enseignement scolaire privé mais sont financées par le Ministère de l’agriculture (pour les formations agricoles) et par les Conseils généraux (pour les autres formations). Chacune a le statut d’association à but non lucratif.
- 70 000 élèves dans 510 établissements partout en France, dont 50 000 jeunes en « alternance scolaire » (stagiaires en entreprise, ils ne reçoivent pas de salaire), et 11 000 en contrat d’apprentissage (apprentis, ils ont un contrat de travail et sont rémunérés).
- 5 à 8% : Taux moyen de rupture des contrats d’apprentissage dans les MFR (contre 25% de moyenne nationale).
- De 14 à 20 ans : l’âge des jeunes accueillis en MFR. Certaines MFR accueillent aussi des adultes en formation continue.
- 55% de filles.
- Internat : 80% des élèves sont internes.
- 62% des élèves sont non-boursiers.
- Coût : de 1500 à 2500 euros par an, « nourri, logé, blanchi ».
- Pour en savoir plus : www.mfr.asso.fr

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