Décryptage

À Paris-Dauphine, les étudiants ont confiance en l'avenir... et en leur mère

Université Paris Dauphine parcours Trajectoires
Amphithéâtre interactif à l'université Paris-Dauphine dans le cadre du programme "Trajectoires". © Université Paris Dauphine
Par Aurore Abdoul-Maninroudine, publié le 15 février 2017
1 min

Comment vous aider à avoir confiance en vous et à vous épanouir dans vos études ? Cette question est au cœur du programme "Trajectoires" lancé par l’université Paris-Dauphine à la rentrée 2016. Obligatoire pour les 800 étudiants en L1 "sciences des organisations", il devrait être décliné tout au long de cette licence.

"Maman", puis "les parents". Interrogés sur la ressource sur laquelle ils pourront toujours compter, c'est la réponse qu'ont donnée, à une grande majorité, les 800 étudiants de 1re année de licence "sciences des organisations" de l'université Paris-Dauphine. "On notera que la réponse "papa" était rare", remarque Catherine Chouard, spécialiste des ressources humaines et directrice du programme "Trajectoires" nouvellement mis en place dans l'établissement. Deuxième observation : "Il n'est pas toujours évident d'anticiper le niveau de maturité des étudiants, ces jeunes adultes encore en transition", constate-t-elle encore. Elle avait plutôt imaginé que la réponse la plus fréquente serait "moi".

Un amphi interactif pour des réponses en direct

Un des objectifs de ce programme est d'établir un dialogue avec la nouvelle promotion de la licence "sciences des organisations". À la rentrée 2016, celle-ci a été réunie dans le grand amphithéâtre dans lequel un dispositif avait été installé permettant aux étudiants de répondre de façon interactive aux questions qui leur étaient posées, via leur ordinateur ou des tablettes. Les questions portaient sur leur degré de confiance en eux, en l'avenir ou encore sur les différentes formes d'intelligence. Les réponses s'affichaient instantanément sur un grand écran.

"S'ils sont très confiants en l'avenir, les étudiants sont aussi en quête de sens", analyse Catherine Chouard. Ainsi, interrogés sur ce qu'est la réussite, l'épanouissement personnel arrive en première position, loin devant le fait de gagner de l'argent, en quatrième place. "Ils sont encore jeunes et, pour certains, déconnectés des contingences matérielles, mais ce résultat est significatif", souligne l'ancienne DRH.

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Objectif : aider les étudiants à grandir

Dans ce programme, l'amphi interactif n'est pas un événement isolé. Cobayes de cette première mouture, les étudiants de première année ont l'obligation d'assister à cinq événements organisés tout au long de l'année universitaire : une table ronde, deux conférences réunissant la promotion au complet et deux ateliers d'une heure et demie en petits groupes de 30.

"Ce programme se différencie nettement de la préparation à l'emploi", indique Catherine Chouard. L'objectif affiché par Dauphine est plus large. À une époque où l'on parle de plus en plus de "burn-out" (épuisement professionnel) et de "bore-out" (ennui au travail), "nous avions envie d'agir", affirme Renaud Dorandeu, le directeur du département licence sciences des organisations - économie - gestion. "Au-delà des compétences académiques, il nous semble important de travailler avec les étudiants sur leur rapport à eux-mêmes, aux autres et au monde."

L'objectif est donc d'aller au-delà de la traditionnelle transmission des savoirs et savoir-faire pour toucher du doigt les savoir-être. "Il s'agit d'amener nos étudiants à devenir des adultes et, plus tard, des professionnels curieux, critiques, ouverts sur les autres et à l'écoute du monde", résume l'enseignant-chercheur. "Nous espérons leur donner des outils pour faire des choix cohérents avec leurs envies", complète Catherine Chouard.

Test : Avez-vous confiance en vous ?

Et l'université fait moins peur

Le dispositif a visiblement plu à Emmanuel et Alexandre, deux étudiants de licence. "Le système de sondage en direct m'a surpris. C'était sympa de voir les réponses des autres étudiants, de pouvoir liker ou pas", décrit Alexandre, arrivé d'Avignon pour ses études supérieures. Autre point positif, "ce type d'événements remet l'humain au centre et nous donne l'occasion d'en savoir plus les uns sur les autres. Je vois moins l'université comme ce grand machin qui fait peur", assure le jeune homme. Mais pour les deux étudiants, le constat est le même : s'ils ont trouvé l'exercice de l'amphithéâtre "intéressant", ils ont été bien plus marqués par le premier atelier intitulé "s'écouter et écouter".

Prendre conscience que chacun est unique

Lors de ce moment en petit groupe, les étudiants ont dû écrire sur un carton quelques mots ou dessiner quelque chose évoquant un événement qui parlait d'eux et qu'ils avaient envie de partager avec les autres. "C'était à la fois intimidant mais aussi très agréable de se sentir écouté par tous. On pouvait parler sans avoir honte", témoigne Emmanuel.

Afin de les obliger à revoir leurs préjugés sur les uns ou les autres, les étudiants devaient également faire l'exercice avec ceux qu'ils connaissaient le moins. "Ils étaient un peu contrariés au début, mais ils ont indiqué avoir été surpris in fine. Beaucoup ont fait part de leurs difficultés à rencontrer des camarades en cours", relève Catherine Chouard.

Autre enseignement intéressant : de l'atelier est ressortie la crainte des étudiants d'être "juste normal", de n'avoir "rien d'exceptionnel à dire d'eux". "J'ai essayé de leur montrer que l'enjeu n'est pas d'être exceptionnel mais d'être pleinement soi-même, de développer ce que chacun d'entre nous a d'unique."

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