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Apprenez à apprendre ! 5 conseils pour mieux travailler chez vous

Surdoué
Le cerveau : un organe que l'on peut muscler. © iStockphoto
Par Sophie Blitman, publié le 02 mai 2016
1 min

Vous êtes resté enfermé à travailler pendant des heures et pourtant vous n'avez pas réussi à bien mémoriser votre cours... Votre cerveau manque probablement d'entraînement ou vous n'avez pas les bons réflexes. Les neurosciences peuvent vous aider à devenir plus efficace ! On vous explique comment en 5 points.

Beaucoup d'étudiants, notamment en première année d'études supérieures, ont des difficultés parce qu'ils n'ont pas de bonnes méthodes de travail. D'où l'importance d'apprendre à apprendre. Tel est le credo d'Isabelle Le Brun, maître de conférences à l'université Grenoble-Alpes. Cette spécialiste des neurosciences s'appuie sur le fonctionnement du cerveau pour développer des outils d'apprentissage.

1. Dormir suffisamment et manger équilibré

Vous considérez que dormir est une perte de temps ? Erreur ! Le sommeil est essentiel pour que votre cerveau puisse bien fonctionner. Par nature, il existe des petits et des gros dormeurs. Mais, en moyenne, nous avons besoin de 8 heures de sommeil par jour. L'idéal est de vous coucher à 23 h, ou au moins avant minuit, afin de bénéficier d'un nombre suffisant de cycles. Si le début de la nuit assure le repos physique grâce au sommeil lent et profond, dans les cycles suivants, le sommeil paradoxal prend une plus grande place. C'est à ce moment-là que le cerveau réorganise les informations et les mémorise. Une phase à ne pas négliger !

Bien dormir et bien manger, c'est un peu comme mettre le bon carburant dans une voiture !

De la même manière, une nourriture saine et équilibrée a un impact physiologique important. Cela permet d'alimenter les cellules de notre organisme qui se renouvellent en permanence, y compris celles du cerveau. Bien dormir et bien manger, "c'est un peu comme mettre le bon carburant dans une voiture !" sourit Isabelle Le Brun.

2. Se fixer des objectifs concrets par petites séquences

On ne fait vraiment bien qu'une seule chose à la fois. Partager votre attention entre différentes tâches revient à en accorder moins à chacune d'entre elles. Pour être efficace, Isabelle Le Brun recommande d'éliminer les "distracteurs" : votre smartphone qui vibre à chaque nouveau SMS, votre écran d'ordinateur qui clignote quand s'ouvrent de nouvelles fenêtres… La musique, elle, n'est pas forcément à bannir, à condition qu'il n'y ait pas de paroles dans une langue connue.

Sur le fond, l'idée est de concentrer votre attention sur des objectifs clairs, concrets et d'une durée relativement brève : connaître une définition, identifier les concepts-clés d'un chapitre, savoir refaire un schéma… Pour cela, plutôt que de travailler pendant 3 heures d'affilée, mieux vaut découper votre temps de travail en "mini-missions" de 20, 30 ou 45 minutes, entrecoupées de petites pauses – pendant lesquelles vous pourrez consulter vos SMS !

Cette méthode présente un double avantage : elle vous permet d'être actif dans votre apprentissage, mais aussi d'estimer le temps qu'il vous faut pour réaliser tel ou tel exercice. Utile le jour des partiels ! Cela aide également à voir comment vous avancez dans votre mémorisation ou vos révisions. Vous pouvez rendre cette progression concrète, en déplaçant des Post-it sur votre bureau ou en barrant au fur et à mesure les éléments d'une liste. Dans tous les cas, n'hésitez pas à faire le point : il est toujours satisfaisant de se rendre compte qu'on connaît désormais telle notion ou qu'on a fini une série d'exercices. Ces petites récompenses intellectuelles rendent l'effort consenti gratifiant !

3. Créer des automatismes

Acquérir de nouveaux savoirs suppose d'avoir de bons fondamentaux. Plus on a de connaissances, plus il est facile d'apprendre et plus on s'exerce, plus l'apprentissage devient facile. Il en va ainsi du calcul mental comme de figures de gymnastique. Pour faire comprendre ce mécanisme, Isabelle Le Brun utilise une métaphore : "Quand vous marchez dans un champ, l'herbe se couche sous vos pas. Si vous passez plusieurs fois au même endroit, la trace devient plus marquée, elle s'élargit, et finalement ne disparaît plus. Le chemin est plus facile et vous allez plus vite."

Cette image reflète le fonctionnement de la mémoire, qui repose sur un réseau de neurones qui communiquent entre eux. Plus on répète une action, plus on réutilise les mêmes connexions. Cela les renforce et effectuer la tâche initiale demande moins d'attention : vous avez créé des automatismes. Vous pouvez alors vous consacrer à de nouvelles pratiques, plus complexes.

N'hésitez pas à varier les formats, les méthodes, les lieux et les situations dans lesquelles vous travaillez.

4. S'entraîner à reconstruire les informations

Vous l'avez sans doute constaté : écouter ou lire un cours ne suffit pas. Pour être sûr de l'avoir bien compris et mémorisé, il faut être capable de reconstruire les informations. C'est ce que l'on vous demande de faire à l'examen, mais autant vous être entraîné avant ! Faire des exercices, reformuler la définition d'une notion ou expliquer un phénomène à quelqu'un sont autant de manières de restituer des connaissances sous des formes différentes. Des applications existent également pour concevoir des "flash cards" sur smartphone ou tablette. Vous pouvez aussi les fabriquer avec du papier : ces petites cartes de question (au recto)-réponse (au verso) sont un bon outil de mémorisation.

"N'hésitez pas à varier les formats, les méthodes, mais aussi les lieux et les situations dans lesquels vous travaillez", insiste Isabelle Le Brun : cela évite que votre mémoire dépende, inconsciemment, du contexte dans lequel vous avez appris quelque chose. Vous serez alors capable de répondre le jour de l'examen, mais aussi plus tard. Les connaissances que vous acquérez pendant vos études vous seront utiles bien au-delà !

5. Regrouper des notions pour les mémoriser

Il existe de nombreuses méthodes pour faciliter la mémorisation. Celle dite "de l'empan 7±2" s'appuie sur le fait qu'en moyenne, nous retenons facilement 7 items, plus ou moins 2 selon les aptitudes (et l'entraînement) de chacun.

Une technique éprouvée scientifiquement consiste à regrouper les informations afin d'augmenter la capacité de stockage de notre mémoire. Il s'agit, par exemple, d'apprendre des nombres à deux chiffres plutôt que les chiffres seuls : retenir 14 et 27 monopolise deux fois moins la mémoire que la liste 1, 4, 2 et 7. De la même manière, au lieu de s'escrimer à apprendre 35 des verbes irréguliers anglais d'un coup par ordre alphabétique, rassemblez-les en fonction de leur thématique ou de leur phonétique, et vous n'aurez plus qu'à vous focaliser sur 5 listes de 7 verbes chacune. Si cette méthode fonctionne, pourquoi s'en priver ?

D'autres méthodes et astuces

Isabelle Le Brun est l'auteur, avec Pascal Lafourcade, maître de conférences en informatique à l'université Grenoble-Alpes, du livre  "Comment s'exercer à apprendre" (De Boeck, 2015). L'ouvrage passe en revue les thématiques de la mémorisation, de l'attention, des émotions et des représentations mentales, alternant explications théoriques et petits exercices pratiques. Une manière de comprendre comment fonctionne le cerveau et de le faire travailler, mais aussi de montrer qu'apprendre n'est pas une activité longue, ennuyeuse et solitaire.

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