Reportage

Au cœur de l'IAE Lille : une grande école à la fac

Au cœur de l'IAE Lille : une grande école à la fac
La cérémonie de remise des diplômes est un symbole fort dans le parcours des étudiants de l'IAE. En février 2016, ils étaient une soixantaine à terminer leur cursus. © Aimée Thirion pour L'Étudiant
Par Marine Miller, publié le 03 mai 2016
1 min

Au cœur du Vieux-Lille, l'IAE forme les managers et les entrepreneurs de demain. Son credo : délivrer des diplômes d'État (licence, master, doctorat), mais fonctionner comme une Business School et cultiver le lien avec les entreprises de la région.

Certaines étudiantes se sont mises sur leur 31, robes de soirées, talons hauts, coiffure et maquillage sophistiqués, rien n'a été laissé au hasard. D'autres, au contraire, n'ont pas jugé utile de s'habiller autrement que pour aller en cours. Ce vendredi soir, veille des vacances de février, c'est la cérémonie de remise des diplômes de licence professionnelle management des organisations. À l'IAE Lille (l'école universitaire de management), c'est une tradition. Une soixantaine d'étudiants sont appelés pour venir récupérer leur diplôme sur scène. Un discours, parfois une simple poignée de main, et ils repartent s'asseoir dans le vaste amphithéâtre. Un rituel pour montrer que les étudiants ne sont pas des simples numéros perdus dans la masse, mais des jeunes potentiels qu'il faut récompenser.

L'IAE est situé au centre du quartier historique lillois, avenue du Peuple-Belge. Près d'une large parcelle de verdure à quelques mètres des ruelles pavées, des petites places et des bâtiments du XVIIIe siècle, l'école occupe l'hospice général, commandé par Louis XV en 1738 et qui était destiné à recueillir les enfants abandonnés, les invalides et les mendiants. Aujourd'hui, ce sont près de 2.000 étudiants ambitieux qui investissent, à chaque rentrée, ce bâtiment inscrit sur la liste des monuments historiques.

La pédagogie par l'erreur

L'IAE prépare aux divers métiers de l'entreprise : gestion, finance, marketing, ressources humaines en mettant l'accent sur la pratique. Dans ce cours de gestion des ressources humaines pour les L3 sciences de gestion, les étudiants travaillent en petit groupe sur un cas concret et réel. Après les cours théoriques du matin, l'objectif est simple : trouver une solution au problème de "turn over" d'une grande entreprise française du tourisme. "Ici, je demande aux étudiants d'identifier un dysfonctionnement pour l'entreprise et les conséquences économiques. Ensuite, je leur demande de cerner les facteurs explicatifs et, enfin, de trouver des axes de solution", explique Philippe Pailot. Cet enseignant estime que la "pédagogie par l'erreur" permet aux étudiants de mieux comprendre les problèmes des entreprises. "C'est en faisant et en se trompant que l'on apprend le mieux". Un principe à l'IAE.
Chaque cursus peut être suivi en alternance, c'est cette voie qu'a choisi Benjamin. Après trois ans d'études à la faculté de droit – qu'il a jugés trop théoriques – il décroche un contrat en alternance à la mairie de Béthune et choisit d'étudier à l'IAE pour conserver son emploi au service RH. "Ce que j'aime avec l'alternance, c'est qu'on met en pratique tout de suite ce qu'on voit en cours. Rien n'est abstrait", raconte l'étudiant, qui fait un point, en cette veille de vacances, sur son mémoire avec Frédéric Sauvage, son directeur de master.
"Les étudiants produisent du savoir, les enseignants viennent étayer cette production. Pour stimuler nos étudiants en alternance, il faut aller les chercher dans leur expérience", complète l'enseignant. Car les étudiants sélectionnés à l'IAE ont souvent une idée assez précise du métier qu'ils entendent faire.

12 jours à Varsovie et à Gdansk

Pendant que Benjamin affine son sujet de mémoire dans les combles du bâtiment, d'autres étudiants se préparent à faire un long séjour en Pologne. Sara, 20 ans, s'apprête à partir. Après un BTS (brevet de technicien supérieur) commerce international, la jeune fille est entrée en licence professionnelle métier du commerce international avec une idée en tête : créer sa propre entreprise dans la décoration intérieure. Pour l'instant, sa mission est de développer de l'import-export des PME (petites et moyennes entreprises) lilloises en Pologne. "Nous partons douze jours à Varsovie et à Gdansk avec pour mission de ramener des contrats", s'enthousiasme la jeune fille.
"Nos étudiants se préparent depuis le mois de septembre à ce séjour en Pologne. Ils ont fait des études de marché, des recherches de distributeurs. Ils ont travaillé avec une question en tête : y a-t-il un marché pour nos entreprises ?", explique de son côté Jocelyne Groux, responsable de la licence professionnelle. Une fois sur place, les étudiants assurent les rendez-vous, parfois de nouveaux contacts sont noués. Un compte-rendu de chaque visite est rédigé et transmis à la PME.

Savoir manager aussi une association

Les étudiants qui ont le goût d'entreprendre sont encouragés, comme Thomas, rencontré à la cafétéria de l'IAE à l'heure du déjeuner. L'étudiant en master science de gestion, originaire de Nice (06) et ancien handballeur s'est réorienté, à 18 ans, après une blessure aux ligaments croisés. Il s'inscrit à l'université de Nice-Sophia-Antipolis en licence économie et gestion, puis il passe le test d'aptitude des IAE (le Score IAE message) et choisit de traverser la France pour étudier à Lille. En parallèle de ses études, il développe une application de géolocalisation d'événements. "Tous les étudiants dans mon master sont encouragés à avoir un projet. J'ai été choisi par l'IAE pour présider l'association Campus. Je fais quasiment le travail d'un chef d'entreprise. Je dois manager mes équipes, négocier avec les fournisseurs et j'ai même embauché un comptable", détaille l'étudiant.

IAE vs école de commerce : une insertion identique

Ludovic, étudiant en master management de l'innovation et des sciences sociales, assis à côté de Thomas, partage cet avis. Il fait partie lui aussi d'une association, Enactus. Le jeune Normand a suivi une filière de classe préparatoire et il n'est pas mécontent d'être sorti d'un certain "formatage". "J'ai fait deux ans de prépa à Alençon (61) pour intégrer une école de commerce. J'ai donc entendu un discours très pro-école de commerce. Notre génération ne sait pas si elle va trouver un emploi après un bac+5, alors quand j'ai vu que le ratio d'insertion des diplômés était le même dans les IAE et que les frais d'inscription étaient ceux de la fac, je n'ai pas hésité longtemps", confie-t-il. Selon lui, la différence entre les IAE et les écoles ne se fait plus sur les "taux d'insertion mais sur les taux d'équipements. Les cours sont les mêmes, les professeurs et les débouchés également. Seul, le prix fait la différence..."

Des étudiants issus de tous milieux

En effet, le taux d'insertion de l'IAE Lille à six mois est de 90,5 % (85,3 % pour les licences professionnelles et 92 % pour les masters 2). S'il est aussi élevé, c'est aussi parce que l'IAE choisit, comme les grandes écoles, ses étudiants à l'entrée. "Nous sélectionnons les étudiants en fonction de l'adéquation entre leur projet professionnel et la formation qu'ils veulent suivre", assume Pascal Philippart, le directeur de l'IAE. "Et nous revendiquons le terme d'école : nous nous battons contre le cliché du 'c'est gratuit, donc ce n'est pas de qualité'", poursuit-il. Au final, tous les candidats ont leur chance, comme en témoigne cet enseignant-chercheur en finance. "Je suis aussi attentif à d'autres critères que les résultats scolaires. Par exemple, si l'étudiant a eu un parcours moins linéaire : est-ce parce qu'il a eu des doutes et qu'il s'est interrogé ?", rapporte David Bourghelle, responsable du master finance et développement des entreprises. "Pour moi, l'IAE est aussi un ascenseur social qui recrute des étudiants de tous les milieux", poursuit-il. Avec un dénominateur commun : l'envie de réussir.

Se former à l'IAE Lille

L'IAE Lille, qui dépend de l'université Lille 1, recrute des étudiants ayant validé la deuxième année de licence. La sélection se fait en fonction des notes obtenues au test Score IAE message. Pour certaines formations, vous devrez passer en plus un entretien.

La plupart des étudiants rejoignent l'IAE Lille après un bac+2, mais le niveau de recrutement le plus fréquent est un bac+3. En 2015, on dénombrait 16.145 candidatures contre 13.216 en 2012.

L'IAE propose des diplômes qui préparent aux différents métiers de l'entreprise : le management, la gestion des ressources humaines, l'entrepreneuriat et management de projet ou l'audit et la finance.
Plusieurs cursus sont disponibles en alternance, en formation initiale ou en formation continue.

Les frais d'inscription sont ceux de l'université : 184 € pour le cycle licence et 256 € pour le master.

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