Reportage

Au cœur de l’université Paris 4 : la Sorbonne, un héritage du savoir

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Victor Hugo siège dans la cour d'honneur. © Simon Lambert/Haytham pictures pour l'Etudiant
Par Maria Poblete, publié le 21 mars 2017
1 min

L’université Paris-Sorbonne, nommée aussi Paris 4, abrite 21.000 étudiants, 18 UFR (unités de formation et de recherche) dont celles de lettres, musicologie et sociologie. Bienvenue dans ce lieu mythique de la connaissance.

Dans la cour d'honneur du site de l'université Paris-Sorbonne, deux statues accueillent la jeunesse qui vient s'instruire. Elles symbolisent les sciences et les lettres. À droite, Louis Pasteur regarde un ballon de laboratoire. À gauche, Victor Hugo serre l'un de ses écrits. C'est près de la statue de ce dernier que Laetitia, 22 ans, étudiante en master 2 de sociologie, et Camille, 20 ans, en L3 (troisième année de licence) de sociologie, se sont donné rendez-vous.

"Le symbole est important, nous sommes fiers et respectueux de cet endroit qui porte une histoire", reconnaît Camille. Laetitia acquiesce : "Je suis argentine et je considère qu'étudier dans cette université est une chance. Nous avons des enseignants excellents, beaucoup de possibilités et d'ouverture." Après un bac ES obtenu au lycée français de Buenos Aires en Argentine, Laetitia a suivi une licence de sociologie, puis un M1 (première année de master) à Londres en séjour Erasmus. Elle est de retour dans le Quartier latin. Quant à Camille, il a passé un bac L au lycée Marie-Curie à Sceaux (92) et il se destine à la recherche en sociologie politique.

La troisième année de licence au Quartier latin

Le Quartier latin est évoqué par tous. Même si tous n'y étudient pas : en première et deuxième année de licence, personne en effet n'y suit de cours. Les études se déroulent sur plusieurs sites : Malesherbes (dans le XVIIe), Serpente (dans le VIe), Clignancourt (dans le XVIIIe).

Le site de Clignancourt accueille une partie des 21.000 étudiants. Ils sont répartis sur 16 sites en Île-de-France. // © Simon Lambert/Haytham pictures pour l'Etudiant

Ce n'est qu'en troisième année que les étudiants ont cours à Saint-Michel. C'est le cas de Marin, 23 ans, en master 1 d'histoire contemporaine qui, au début, était étonné de traverser Paris. Puis il en a pris son parti. "La vie universitaire est une réalité plus concrète dans les annexes de la Sorbonne où les espaces collectifs sont nombreux et bien organisés. On s'y rencontre plus aisément, on peut s'arrêter dans le jardin du centre Clignancourt ou grignoter à la cafétéria. À Paris 4, c'est agréable, mais il faut avoir les moyens de voir ses amis dans les cafés !" L'avantage du Quartier latin est le rapprochement avec les professeurs "que nous n'hésitons pas à solliciter", assure-t-il.

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Une formation d'excellence pour des étudiants impliqués

Les enseignants sont en effet disponibles. Ce matin a lieu le cours de sociologie sur le genre aux États-Unis à la Maison de la recherche, située rue Serpente, à deux pas de la place du Panthéon. Pierre-Marie Chauvin, maître de conférences, responsable de la licence de sociologie et coresponsable du master professionnel chargé d'études sociologiques, ne tarit pas d'éloges sur ses étudiants "très impliqués" : "Nous leur demandons du travail personnel, des lectures et des approfondissements. Ils savent que notre faculté est en croissance, elle est jeune et a d'excellents résultats, mais nous avons encore tout à prouver."

L'enseignant nous dit avoir "beaucoup de plaisir" à venir ici. Il est évidemment conscient du prestige historique de l'université mais prévient les élèves dès la rentrée : "Ce ne sont que des représentations, que les étudiants ont directement ou indirectement. J'évoque rapidement la 'théorie du signal' [théorie développée par M. Spence selon laquelle le diplôme indique les talents individuels non observables a priori d'un étudiant et indépendants de son passage à l'université], c'est parce qu'une personne est douée et efficace qu'elle obtient des diplômes, et non l'inverse !"

Où l'on apprend l'autonomie et l'exigence

Pauline, 20 ans, en L3 lettres modernes, quant à elle, apprécie l'autonomie que procurent les études à l'université. Après une khâgne et une hypokhâgne au lycée Lakanal à Sceaux, elle a intégré, comme elle dit, "un paradis du savoir". Elle a choisi cette voie davantage pour le programme de lettres que pour sa réputation. "Je me sens tellement mieux qu'en classe prépa ! C'est inimaginable, ici nous avons une grande liberté et les professeurs sont très exigeants. J'ai eu la bonne surprise de ne pas être parachutée au milieu d'immenses amphis, et de pouvoir suivre des TD en petits groupes. Je suis heureuse dans mes études !" Après sa licence, Pauline souhaiterait poursuivre en master d'édition.

Le célèbre grand amphithéâtre Richelieu est occupé cet après-midi par quelques étudiants préparant le CAPES (certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré) de lettres. Devant eux, François de Saint-Chéron, maître de conférences à l'UFR littérature française et comparée. Ce spécialiste d'André Malraux reconnaît être un enseignant qui demande beaucoup à ses étudiants : "Et, il y a un certain rang à tenir et une envie de réussite forte de leur côté aussi. Avec ces jeunes gens, nous sommes certains de voir perdurer la continuité du travail."

À Clignancourt, la vie de campus

Changement de décor. Loin des vieilles pierres, nous sommes ici à quelques mètres du boulevard périphérique, au centre Clignancourt. Le vaste hall d'entrée est entièrement vitré pour offrir une vue sur le jardin. Sous le hall, les locaux de la vie étudiante sont en accès direct avec l'espace végétal : les architectes ont creusé le sol pour gagner de la surface. Cadré à l'est par le bâtiment d'enseignement, le jardin est délimité à l'ouest par la bibliothèque sur trois niveaux.

Au-dessus, le pôle sport comprend une salle de danse, une salle de musculation et un gymnase en double hauteur. 1.500 m2 tout de même. D'une des salles, s'échappent des notes de musique colombienne. Alice, 19 ans, en L2 de lettres édition médias audiovisuels, et Justine, 23 ans, en L2 de lettres et de coréen, présentent une chorégraphie comptant pour la validation de leur cours de rock salsa. Françoise Loakes-Gouju, leur enseignante, note l'inventivité et la création. "C'est très bien ce qu'elles proposent. On voit aussi le plaisir qu'elles ont de danser, dit l'enseignante. La possibilité de bénéficier de ces structures sportives est précieuse."

Entièrement rénové en 2013, le site abrite les UFR de langues, sciences humaines et musicologie. "Les conditions d'études sont bonnes. Les pelouses sont prises d'assaut aux beaux jours, relève Frédéric Billiet, vice-président à la vie étudiante. C'est une vraie vie de campus, les étudiants bénéficient d'espaces pour se réunir, d'une bibliothèque importante pour travailler."

L'UFR de musique et musicologie a une aura internationale. Des studios de répétition sont en accès libre. // © Simon Lambert/Haytham pictures pour l'Etudiant

La plus grande université de musicologie

Les seuls étudiants à ne jamais quitter le site de Clignancourt sont les musiciens. "C'est la plus importante UFR de musicologie de France, s'exclame Sylvie Douche, codirectrice de l'UFR et professeure d'études musicales. Elle est unique parce qu'elle abrite des spécialités qui n'existent pas ailleurs." Les salles de cours côtoient des studios que les étudiants peuvent réserver pour jouer ensemble. Les profils des étudiants sont variés, leurs origines sont diverses. À l'image de Yann, 21 ans, en L2. Après deux ans passés à l'École Atla de musiques actuelles et de jazz (à Paris), il a choisi de compléter sa formation avec une licence tout en commençant à gagner des cachets de musicien. Après leur cours de lecture musicale, Eugénie, 17 ans, et Marie, 21 ans, toutes les deux en L1 de musique et musicologie, se retrouvent au studio pour jouer un moment. Les salles de cours se vident, les studios se remplissent. La vie rêvée ?

Les formations à Paris 4

18 UFR et 21.000 étudiants en formation initiale : 92 diplômes y sont proposés. Les disciplines vont de l'archéologie aux sciences du langage en passant par la musicologie, la philosophie, la géographie, le français langue étrangère...

Les autres universités de la Sorbonne : l'université Paris 4, ou Paris-Sorbonne, fait partie du pôle universitaire appelé Sorbonne universités avec l'UPMC, l'Insead et l'université de technologie de COmpiègne. C'est l'un des tout premiers pôles français avec 58.778 étudiants, dont 10.608 étrangers, plus de 17.000 en master et 5.735 enseignants et chercheurs. Paris 4 et l'UPMC prévoient de fusionner en 2018.

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