Reportage

NTIC à la fac : voyage au cœur du cerveau humain à l'UPMC

Par Fabienne Guimont, publié le 10 décembre 2009
1 min

Un amphi interactif, c’est possible. La preuve avec le cours de neuro-anatomie (anatomie du cerveau) de Dominique Hasboun, à l’UPMC-Pitié Salpétrière. Reportage au milieu des étudiants de première année du diplôme d’Etat de psychomotricien.

Des centaines de paires de lunettes 3D posées sur des nez en l’air… Un : vous êtes à une projection de film au Futuroscope. Deux : vous êtes dans un amphi parisien au milieu d’étudiants psychomotriciens en train de regarder un cerveau en trois dimensions. Réponse deux ! La vision est encore exceptionnelle, mais l’enthousiasme de ces étudiants de première année pour une matière assez austère donnera peut-être des envies à d’autres pédagogues de l’université…
 

Chorégraphie neurologique

 
cours d'Hasboun à l'UPMCSur le grand écran, des coupes de cerveau humain alternent avec des vidéos de sa dissection, le tout mis en perspective par des images en trois dimensions de cet organe complexe. Aux manettes de cette chorégraphie neurologique, sur son portable comme sur la table de mixage d’un DJ’s, avec son micro-cravate : Dominique Hasboun. Ce vendredi de novembre 2009, ce maître de conférences fait réviser à ses étudiants de première année toutes les parties du cerveau. Tous les détails sont montrés et repérés à la fois sur les images planes (coupes, dessins) et en relief : nerfs, corps calleux, thalamus, circonvolutions temporales… Place ensuite quelques minutes à la vidéo de dissection pour montrer "en vrai " où se situe la partie désignée précédemment. Le disséqueur de la vidéo, c’est encore lui. Silence dans l’amphi. Les élèves sont plongés au plus profond de cette anatomie fort absconde pour le néophyte.
  

"Ecouter plutôt que gratter sur du papier

  
Devant son ordinateur portable, Maïlys est enthousiaste, même si les termes à retenir s’accumulent. "Hasboun, c’est la crème de la crème, le top du top. On peut plus écouter que gratter. C’est le seul prof qui nous aide pour apprendre avec ces cours interactifs, qui nous suit. On n’est pas seul à la maison. Et pour les révisions, c’est deux fois plus facile car on réentend les mots plusieurs fois en réécoutant les cours numériques et en les regardant. Ces cours me permettent de repréciser les choses, je les réécoute tous les dimanches. Les mots nous paraissent plus familiers au final. Et le prof est tellement passionné que ça nous donne envie d’être comme lui. D’ailleurs, je ne sais pas comment nos profs ont fait pour apprendre tout ça seulement avec les livres et les dissections !"
  

Réécouter pour repréciser

  
Dominique Hasboun reconnaît lui-même qu’il aurait honte de faire cours comme à ses débuts avec du texte, des croquis anatomiques tracés à la main et des radios projetées illisibles... "Ces nouvelles technologies éducatives apportent de la rigueur, de l’exactitude et sont très efficaces sur le savoir-faire. A mon époque, on apprenait sur des croquis qu’on recopiait et j’étais assez moyen en dessin. Aujourd’hui, en quelques secondes, on passe de la névralgie à la clinique. C’est un enrichissement de nos contenus et une mise en perspective professionnelle indéniable". Les apprentis psychomotriciens ne disent pas le contraire. "Les cours numériques m’aident à compléter mon poly annoté en cours, témoigne Charlotte. En fin de séance de cours, il est impossible d’avoir tout compris : les cours numériques que je consulte à la maison m’aident à comprendre ce que j’ai noté de manière souvent assez barbare."
 

Cours numériques, vidéos, serious game

 
Dans quelques heures, les étudiants retrouveront en effet ce cours sur la plateforme pédagogique "Sakaï" où sont stockés tous les enseignements de leur filière. Ils auront aussi accès à toutes les vidéos du site de Dominique Hasboun, Neur@nat. Et, cerise sur le gâteau, il leur a concocté un "serious game" baptisé "Dynaslice" pour s’entraîner. A eux de "jeter" des cartes avec des coupes neuronales à remettre dans l’ordre, en s’aidant de conseils avisés si nécessaire. De quoi aborder les partiels de janvier dans les meilleures conditions. Les excellents résultats des années précédentes dans cette matière devraient les encourager… Pas ingrats, des étudiants ont créé un groupe "fans de Hasboun" sur Facebook.
 


De l’usage des TICE
Les étudiants de médecine utilisent-ils beaucoup les TICE (technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement) ? Aucune étude n’en a révélé l’ampleur des usages. On sait qu’au-delà des ressources de l’UMVF bien utilisées pour les ECN (épreuves classantes nationales) notamment, chaque université met des ressources numériques plus ou moins larges sur son ENT issues des cours dispensés dans la faculté. Si les vidéos diffusées en cours sont de plus en plus courantes, leur mise en ligne suscite encore des réticences chez certains professeurs, de peur que les étudiants ne désertent leur cours. Des réticences que Dominique Hasboun, responsable de TICE-méd à l’UPMC réfute. "Les étudiants ont les polycopiés de référence et tout est enregistré de la première à la quatrième année de tronc commun et accessible sur l’espace numérique de travail de l’université - monUPMC - et pourtant les étudiants viennent en cours. Les TICE ne cassent donc pas le présentiel", constate l’enseignant-chercheur.

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