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Laurent Wauquiez : « Il faut remettre l’étudiant au cœur de la licence »

mis à jour le 13 juillet 2011
1 min

La nouvelle licence entrera en vigueur à la rentrée 2012. Principaux objectifs : lutter contre l’échec et améliorer l’insertion professionnelle. Principaux changements : définition d’un seuil minimum d’heures de cours, davantage de passerelles favorisant les réorientations, généralisation des stages et création d’un référentiel de compétences.

Côté vie étudiante, le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Laurent Wauquiez ne revient pas sur les augmentations du prix du ticket de resto U ou des frais d’inscription. Mais promet de travailler sur la question des bourses.


La réforme de la nouvelle licence a été adoptée le 12 juillet 2011, avec le soutien des organisations étudiantes. Quel en est l’objectif ?

Remettre l’étudiant au cœur de la licence. C’est pourquoi j’avais fait le pari de réunir le soutien unanime des organisations étudiantes. Cela a été le cas, ce qui est pour moi un grand motif de satisfaction, d’autant, je crois, que c’est une première.
Sur le fond, cette réforme vise à améliorer l’attractivité de la licence, diplôme national qui doit garantir une équité républicaine sur le territoire. Elle repose sur trois principes : assurer la qualité du diplôme, lutter contre l’échec et créer un véritable passeport pour l’emploi.

Pourquoi avoir voulu instaurer un seuil minimum de 1.500 heures de cours ?
Aujourd’hui, il existe une vraie hétérogénéité en termes de nombre d’heures en licence qui pose un problème de qualité du diplôme national. Ce n’est certes pas le nombre d’heures qui fait la qualité de l’enseignement, mais il est certain que vous ne faites pas la même chose en 700 heures qu’en 1700.
Nous sommes donc partis du principe que, pour qu’une licence ait du sens, il faut un minimum d’heures. Et nous avons prévu l’équilibre entre cours magistraux et d’autres formes d’enseignement, qu’il s’agisse de e-learning ou de travail en petits groupes.

Le texte prévoit également la construction d’un référentiel de compétences. Comment celui-ci est-il conçu ?
Il s’agit d’assurer le socle des compétences et des connaissances acquises dans une licence, parce que la qualité de la licence, c'est d'abord la qualité de son exigence académique - sans pour autant définir au niveau national les maquettes dans le détail - et de donner une visibilité aux employeurs. Pour cela, il faut identifier, au-delà du champ disciplinaire, des compétences transverses qui sont les grilles de lecture des employeurs : la capacité à travailler en groupe, à exercer son esprit critique, à faire de la prospective, à rédiger des projets ou des rapports...
Ce référentiel doit être l’occasion d’un débat et d’une réflexion de l’ensemble de la communauté universitaire avec les professionnels. Nous allons prendre le temps de la concertation, l’objectif étant d’avoir un corpus de référentiels relativement établi pour la rentrée universitaire 2012.

Vous prônez une personnalisation des parcours en licence. Cela n’est-il pas contradictoire avec la dimension nationale du diplôme ?
La réalité aujourd’hui, c’est qu’on a un système qui sélectionne par l’échec, avec 20 % de décrochage en licence. Pour lutter contre l’échec, certaines expérimentations qui visent à amortir le choc de la rentrée universitaire ont des résultats intéressants : par exemple, Aix-Marseille 3 a instauré un suivi avec des référents, Paris 2 des audits d’orientation, Bordeaux 3 une semaine d’intégration. D’autre part, je crois beaucoup à la réorientation. Cela fonctionne bien notamment sur la L1 santé, qui intègre la possibilité d’un semestre rebond.
L’un des objectifs de la réforme licence est de généraliser ces expérimentations isolées. Cela doit s’accompagner d’un vrai décloisonnement des parcours mais on est vraiment loin d’une dérégulation !

Comment cette réforme peut-elle, selon vous, contribuer à améliorer l’insertion professionnelle, d’autant que si faire un stage est désormais possible dans toutes les licences, cela n’est pas obligatoire ?
Le but, tout d’abord, est d’associer des professionnels sur l’évaluation des formations et d’améliorer la compréhension avec des employeurs potentiels. Les universités vont améliorer leurs liens avec le tissu économique local, au sens large.
Concernant les stages, ils ont été développés dans certaines universités avec beaucoup de succès, en permettant une validation à l’intérieur du programme d’enseignement. Ils ne deviennent pas obligatoires parce que je ne veux pas inscrire quelque chose que nous ne sommes pas capables de tenir. Mais à terme, c’est vers une généralisation qu’il faut aller.

Récemment, les augmentations des frais d’inscription, du ticket de resto U et de la sécurité sociale étudiante ont suscité la polémique. Que répondez-vous aux étudiants ?
Tout d’abord, quand je suis arrivé, les arbitrages interministériels avaient été rendus. La décision a été prise, je l’assume : il y a une continuité de l’Etat, c’est normal.
Pour le reste, sachons raison garder et remettons cela en perspective : l’augmentation du ticket de resto U représente 10 euros par an pour un étudiant qui prend 200 repas, alors qu’il y a une explosion des denrées alimentaires. On amortit totalement le choc.
L’augmentation de 1,7 % des frais d’inscription en licence, quant à elle, va représenter 3 euros. En revanche, je serai très attentif aux frais d’inscription illégaux.

Annoncé en août 2010 et échelonné sur deux années, le versement du dixième mois de bourse doit être effectif à la rentrée 2011. Son financement est-il garanti ?
Le versement d'un dixième mois de bourses est lié à l'allongement effectif des études. Nous pourrons le mettre en place pour l'année universitaire 2011-2012. Nous travaillons par ailleurs à nous assurer que les étudiants pourront avoir leur premier versement des bourses le plus tôt possible en septembre pour assurer une rentrée sereine. C’est incontestablement l’un de mes gros chantiers d’investissement.
 

Propos recueillis par Sophie Blitman et Emmanuel Davidenkoff

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