Portrait

De l'autre côté du périph' : ma vie d'étudiante à l'UPEC

Par Marie-Anne Nourry, publié le 16 décembre 2014
7 min

Plantée entre la cité des "Choux" et le centre commercial de Créteil Soleil, l'UPEC (université Paris-Est Créteil) est l'illustration parfaite de l'université en banlieue. Naila, qui y suit une licence d'éco-gestion, nous décrit son quotidien… et en profite pour donner un coup de balai aux clichés.

Naila, 21 ans, en licence d'éco-gestion à l'UPEC.
Naila, 21 ans, en licence d'éco-gestion à l'UPEC. © Marie-Anne Nourry

L'UPEC (université Paris-Est Créteil) n'était pas forcément le premier choix de Naila. Pourtant, l'étudiante de 21 ans ne regrette pas d'y avoir été admise : cours de qualité, enseignants investis, entraide des étudiants... Les bonnes surprises ont été nombreuses. À tel point qu'à l'issue de sa L3 d'éco-gestion, elle compte y poursuivre ses études en master.

La première fois que Naila a foulé les allées de l'UPEC, ce n'était pas comme étudiante mais comme lycéenne, avec sa classe de terminale ES. Une visite du campus déterminante pour l'orientation de cette élève sérieuse originaire du Val-de-Marne. "J'étais d'abord attirée par l'architecture. C'est seulement quand j'ai eu l'occasion d'assister à un cours d'économie à la fac que j'ai commencé à envisager de poursuivre des études dans le prolongement du lycée, plutôt que de m'aventurer dans autre chose."

La jeune femme avait alors plusieurs établissements dans son viseur : elle a candidaté à Paris-Assas où elle a été acceptée en licence d'éco-gestion, et elle s'est retrouvée sur liste complémentaire pour intégrer une double licence de Nanterre. Mais son choix s'est finalement porté sur Créteil. "C'est la proximité qui m'a décidée. Entre la vingtaine d'heures de cours et le travail personnel, il me semblait préférable de limiter le temps de transport. Là, je n'ai que 30 minutes de bus."

Campus Upec
Campus Upec © Marie-Anne Nourry

Pour découvrir l'université en images, consultez notre diaporama.

Une fac qui gagne à être connue

Si l'étudiante connaissait déjà la ville de Créteil, à l'UPEC, c'est le saut dans l'inconnu. "J'avais juste entendu que les locaux n'étaient pas extraordinaires et que c'était une université de second rang", confie-t-elle. Des stéréotypes trompeurs qui tombent les uns après les autres, au fil des semaines. "En vérité, les profs s'investissent énormément, l'environnement est sympa et l'état des locaux ne justifie pas de ne pas venir ici", assure-t-elle.

Parmi tous les avertissements que Naila a reçus, un seul a trouvé son fondement : le niveau élevé en maths. "Je ne vais pas mentir, c'est vrai. Pour autant, il n'est pas nécessaire d'avoir un bac S, j'arrive très bien à m'en sortir avec un bac ES, même s'il est évident que la spécialité maths est un avantage."

Un rythme soutenu, mais de l'entraide

L'étudiante avoue ne pas compter ses heures, surtout en périodes d'examens. "J'arrive vers 9 h et j'ai deux à trois cours dans la journée, principalement des cours magistraux. Le midi, je déjeune à la cafétéria de la fac d'éco qui dépend du CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires), et quand j'ai un trou, je vais à la BU (bibliothèque universitaire). Enfin, je reprends le bus vers 17 h pour travailler encore 2 heures chez moi."

Pour affronter ces semaines chargées, l'esprit d'entraide et la bonne ambiance qui règnent dans la promo sont des atouts considérables. "On échange les notes, on réserve souvent une salle à la bibliothèque pour travailler à plusieurs", détaille-t-elle.

Et si Naila a un conseil, c'est celui de travailler dès le début de l'année. "On est moins encadré qu'au lycée et il faut consacrer une bonne part au travail personnel, sans attendre le dernier moment. Mais je ne pense pas que ce soit propre à l'UPEC, s'empresse-t-elle d'ajouter. C'est lié à l'université en général !"

Cours à l'Upec ©M-AN
Cours à l'Upec ©M-AN © Marie-Anne Nourry

J'y suis, j'y reste

De la licence au master, un grand brassage s'opère à l'UPEC, qui perd la moitié des étudiants et en gagne une autre moitié venue de la France entière. "Quand on est à proximité de Paris, il y a une facilité de transport et les étudiants ne sont pas captifs", remarque le président de l'université, Luc Hittinger. Certains choisissent, en effet, de poursuivre leur master dans une université à Paris intra-muros.

Naila, pour sa part, souhaite rester à l'UPEC pour s'engager dans le parcours économie de la santé. "Ce master existe aussi à Paris-Descartes mais je préfère rester à Créteil où je sais déjà qu'il y a une bonne équipe enseignante." En revanche, beaucoup de ses camarades de licence préparent les concours aux grandes écoles de commerce.

BU Upec
BU Upec © Marie-Anne Nourry

Pas de vie de campus

En fait, le seul regret de la jeune femme est la pauvreté de la vie de campus. "Il y a bien un BDE (bureau des étudiants) à la fac d'éco mais il ne touche pas l'ensemble des étudiants." Quand les cours sont finis, ils prennent les transports et vont ailleurs.

Pour développer un esprit d'appartenance, l'UPEC multiplie les événements. "Happy UPEC" s'est ainsi tenu à la rentrée sur trois jours dans le but de faire découvrir les services et les associations de l'université dans un cadre festif. Au programme : organisation de concerts, invitation de graffeurs pour décorer les murs du campus principal, etc.

L'établissement mise aussi sur une implication des étudiants dans les services de l'université, grâce à la création d'emplois étudiants supplémentaires. Naila a ainsi trouvé un petit boulot de 5 heures par semaine à l'accueil "Vie de campus". "Je renseigne les étudiants en matière de sport, santé, logement, job étudiant", indique-t-elle.

Mais il n'est pas dans l'intérêt de l'université de mettre trop en avant l'esprit UPEC sur les prochains mois car la fusion avec l'UPEM (Université Paris Est Marne-la-Vallée) est annoncée pour le 1er janvier 2017. Il sera alors temps de valoriser cette nouvelle université unique de l'Est parisien.

Une réponse adaptée à chaque profil

Pour fidéliser les bacheliers affichant de fortes ambitions, l'UPEC va proposer une licence en deux ans dès la rentrée 2015. Elle prévoit aussi de mettre en place des parcours internationaux avec des cours en langue étrangère et d'étendre le système des doubles licences.
En parallèle, pour accompagner les étudiants en difficulté, l'université lance en licence 1, à compter de la rentrée 2015, un dispositif d'accompagnement durant les 60 premiers jours. Le principe : renforcer le suivi des étudiants pour leur proposer des alternatives si nécessaire. Exemple : à un bac pro qui s'inscrit par défaut en licence de lettres, l'université pourra proposer une réorientation en BTS avant la fin d'année en le préparant grâce à une formation transversale, ou le former avec des DU pour l'amener à intégrer le marché du travail au bout d'un ou deux ans.
L'UPEC va fusionner avec l'UPEM

L'UPEC va fusionner avec l'UPEM (Marne-la-Vallée) pour donner naissance, au 1er janvier 2017, à une grande université de l'Est parisien. La première crainte liée à cette fusion est celle des étudiants qui redoutent de devoir voyager d'une université à l'autre. Réponse du président Luc Hittinger : "Nous avons observé ce qui caractérisait chacun des sites pour décider de ce qu'on allait maintenir sur l'un et l'autre. Depuis cinq ans, un bus relie Créteil à Marne en 40 minutes et nous sommes très attentifs à la question des transports. Nous sommes en lien avec la RATP qui est prête à prendre en considération les flux d'étudiants et de personnels."

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