Portrait

Anna, de la prépa à la fac : "L'université, c'est le lieu de tous les possibles"

Amphithéâtre à Paris Diderot dans le bâtiment de la Halle aux farines © Hervé de Brus - Direction de la communication - Université Paris Diderot
Amphithéâtre de l'université Paris Diderot, dans le bâtiment de la Halle aux farines. // © Hervé de Brus/direction de la communication/université Paris Diderot ©
Par Marine Miller, publié le 28 janvier 2016
1 min

Cinq ans après leur bac, la moitié des élèves de prépas littéraires sont inscrits à l’université sans passer par la case grande école. La fac, vécue comme un choix par défaut pour certains, peut aussi devenir un lieu d’épanouissement. Comme le raconte Anna, passée par la classe prépa du lycée Chaptal à Paris, qui est aujourd'hui en M2 lettres à l'université Paris Diderot.

L'année de son bac (2011), Anna rêve d'entrer en bilicence anglais-lettres. Sur APB (Admission-postbac), ses deux premiers vœux vont vers cette filière dans deux universités parisiennes. Pourtant, ce n'est pas de la fac qu'Anna reçoit une réponse favorable mais d'une prépa littéraire, son troisième choix.

"J'étais un peu déçue de ne pas avoir été acceptée dans mon premier choix. La prépa me faisait peur avec sa réputation d'école militaire des lettres et sa compétition pour entrer à l'ENS", confie la jeune fille.

Inscription obligatoire à la fac pour les prépas

Finalement, Anna prend goût à l'exigence de son cursus et se passionne pour la littérature anglo-saxonne. "En hypokhâgne, j'ai passé le concours blanc et j'ai été classée quatrième de ma classe en Lettres, ça m'a redonné de l'espoir." En cours d'année, Anna finit par renoncer aux grandes écoles et veut poursuivre ses études de lettres. La meilleure option, c'est la fac.

Anna, en M2 lettres à l'université Paris Diderot :

Son lycée, qui a signé une convention avec l'université Paris Diderot, lui permet de s'inscrire en licence de lettres. "Je me suis renseignée, j'ai regardé les programmes. J'ai trouvé la licence et surtout le master lettres, arts et pensée contemporaine qui m'intéressait beaucoup." Encore une fois, la fac se révèle être sélective et, pour entrer en L3, Anna doit écrire une lettre de motivation. Cette fois-ci, elle est prise.

"De la liberté surveillée à la liberté totale"

Arrivée en licence, Anna est surprise par le changement de rythme. "On passe de la liberté surveillée du lycée à la liberté totale. Ce qui peut être déstabilisant. On vient d'une classe où on est chouchoutés par les profs et on arrive à la fac, où des centaines de personnes se côtoient dans l'anonymat et où les profs ne nous parlent jamais si on ne se manifeste pas", compare-t-elle.

Cette réorientation correspond pour Anna à un moment d'intenses découvertes. "Il faut vraiment voir la fac comme un lieu de possibilités immenses." Mais attention, l'université ne demande pas moins de travail. "C'est en général un investissement plus personnel et moins réparti dans le semestre qui est demandé. Il y a moins d'heures de cours, mais beaucoup de travail personnel !" prévient l'étudiante.

La sélection tout au long du parcours

Tout au long de son parcours dans l'enseignement supérieur, Anna a été sélectionnée. Pour obtenir le master 2 de son choix, elle a misé sur son mémoire de M1, car avoir une bonne note est un critère pour être admis. Aujourd'hui, la jeune fille, passionnée de lettres, voudrait continuer ses études à la fac et commencer une thèse sur le théâtre contemporain. 

"Il y a une grande dévalorisation de l'université en France. Je me souviens de mes anciens camarades de prépa qui se plaignaient de ne rien apprendre à la fac. Moi, j'y ai découvert ma vocation pour l'enseignement. Aujourd'hui, je rêve de devenir professeur à l'université", sourit la jeune fille. Anna ne quittera peut-être jamais les bancs de la fac...

S'inscrire à la fac : désormais obligatoire pour les élèves de prépa
Depuis la rentrée 2015, les élèves de classes préparatoires (commerciales, scientifiques et littéraires) doivent obligatoirement s'inscrire à l'université. L'objectif est de garantir une équivalence universitaire et de se protéger en cas de réorientation. C'est le proviseur du lycée qui est responsable de l'inscription des élèves à la fac.

Gilles Roussel, président de l'université Paris-Est Marne-la-Vallée, conseille aux étudiants en prépa de "bien s'informer sur les universités qui ont une convention avec leur lycée pour déjà cibler la filière en cas de réorientation et ce dès APB". Être inscrit permet, de droit, une inscription en L3 dans l'université choisie. "Ce qui ne signifie pas que les étudiants en prépa ne peuvent pas également postuler dans d'autres universités", précise Gilles Roussel.

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