Décryptage

STAPS : les étudiants manifestent pour défendre leur filière

Manifestation des étudiants en STAPS du 9 avril 2014
Manifestation des étudiants en STAPS du 9 avril 2014 © BDE STAPS Lille 2
Par Marie-Anne Nourry, publié le 11 avril 2014
1 min

Mercredi 9 avril 2014, les étudiants de STAPS ont arpenté les rues de 15 villes de France pour dénoncer le projet de loi de modernisation du sport, portée par le ministère du Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. En cause : la crainte d'une dévalorisation de leur diplôme au profit des brevets professionnels et des certificats de spécialisations, ainsi que le tirage au sort mis en place dans plusieurs académies pour limiter l'affluence en licence.

Les étudiants de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) sont en rogne. Selon leur association (ANESTAPS - Association nationale des étudiants en STAPS), 4.500 d'entre eux auraient manifesté, le mercredi 9 avril 2014, pour dénoncer le projet de loi de modernisation du sport. Selon eux, celui-ci favoriserait les brevets professionnels et leurs certificats de spécialisation au détriment des diplômes universitaires. "Le ministère est parti en guerre contre les STAPS, enrage Laurent Beauvais, président de l'association. Ce projet de loi a été réalisé sans concertation avec les étudiants, alors qu'il était prévu que nous participions à des groupes de travail."

 

STAPS et BPJEPS : une opposition de longue date


L'opposition entre la filière STAPS et les BPJEPS (brevets professionnels de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport), formations "maison" du ministère de la Jeunesse et des Sports, dont le coût peut atteindre 12.000 €, ne date pas d'hier. "À diplômes non équivalents, nous nous retrouvons avec les mêmes champs d'intervention, grince Laurent Beauvais. Alors qu'en STAPS il faut une licence pour devenir entraîneur sportif, un an suffit avec un brevet professionnel."

Pourtant, beaucoup de professionnels du secteur sportif privilégient le recrutement de BPJEPS. "Ils voient les STAPS comme des intellectuels", ironise Didier Delignières, président de la Conférence des directeurs d’UFR (unité de formation et de recherche) STAPS. Face à des études longues et difficiles ou une formation courte mais onéreuse, les bacheliers hésitent sur la stratégie à adopter. Pour éviter une dévalorisation de la filière universitaire, l'ANESTAPS revendique un système unique de formation : "Il faudrait réfléchir à des niveaux de qualification, du bac pro au master, en fonction des compétences nécessaires", détaille son président. 

Le tirage au sort fait débat

Autre revendication des manifestants : la suppression de la sélection à l'entrée en licence. Car face à l'affluence en STAPS (+ 20 % à la rentrée 2013), plusieurs universités ont été contraintes de limiter les capacités d'accueil des étudiants en mettant en place un tirage au sort des candidats en première année. "Ce n'est pas la solution, il nous faut plus de moyens", objecte Laurent Beauvais, qui souligne que le tirage au sort est régulièrement contourné par des étudiants qui choisissent une autre filière et se réorientent en STAPS au deuxième semestre. "Ça ne change rien au problème", martèle-t-il.

Didier Delignières, doyen de l'UFR STAPS de Montpellier 1, est plus nuancé. "J'ai demandé des capacités d'accueil pour 650 étudiants et j'ai reçu 4.500 demandes. Vu l'état des finances dans les universités, je n'attends pas des moyens supplémentaires. Et nous n'avons pas le droit de sélectionner les étudiants sur des critères objectifs. Que puis-je faire d'autre ?" Bonne nouvelle pour les plus motivés : Montpellier 1 s'est engagée, comme d'autres établissements, à accepter tous les étudiants de l'académie qui ont placé la licence STAPS en premier vœu.

Suite au remaniement ministériel du 2 avril 2014, le projet de loi porté par Valérie Fourneyron, l'ex-ministre des Sports, est aujourd'hui entre les mains de la nouvelle ministre Najat Vallaud-Belkacem. Celle-ci saura-t-elle répondre aux inquiétudes des étudiants ?

Licence de STAPS : ça se passe comment une journée en première année ?
Vous êtes nombreux à rêver de faire une licence de STAPS. Mais à quoi ces études, loin de se limiter à la seule pratique du sport, ressemblent-elles vraiment ? Entre TD de psychologie, de physiologie et activités sportives, lire le récit d’une journée ordinaire en L1, à l’université d’Orléans.

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