Portrait

Ma vie d’étudiant à Sciences po Lille : Robin se voit en serviteur de l'action publique

Robin est étudiant en 5e année à Sciences po Lille.
Robin est étudiant en 5e année à Sciences po Lille. © Delphine Dauvergne
Par Delphine Dauvergne, publié le 03 juin 2018
1 min

En cinquième année à Sciences po Lille, Robin, 23 ans, a été séduit par l'ambiance chaleureuse de la cité nordiste. Il espère pouvoir entrer dans la fonction publique, après son cursus pluridisciplinaire au sein de l'IEP (institut d'études politiques), qui lui a appris à avoir l’esprit critique.

"Je voulais faire de la politique, le parcours idéal semblait être Sciences po", se souvient Robin, 23 ans. Après un premier échec au concours de Sciences po Paris et au concours commun de 6 IEP régionaux (aujourd'hui 7 avec Saint-Germain-en-Laye), ce bachelier ES a suivi une prépa lilloise publique pendant un an, pour être mieux armé, l'année suivante, face aux épreuves. Certains enseignants de l'IEP de Lille donnant des cours dans sa prépa, il avait en tête d'intégrer l'établissement de cette ville, à laquelle il s'est attaché.  "Sciences po Lille avait aussi la meilleure réputation parmi les IEP du concours commun", affirme-t-il pour justifier son choix, qui s'est révélé le bon puisque Robin a réussi le concours.

Formé aux méthodes de travail Sciences po

En première année, "les cours restent généraux, on étudie les quatre piliers fondamentaux : droit, économie, histoire et sciences politiques. On se spécialise au fil du cursus, il faut d'abord se familiariser avec la "méthode Sciences po" : apprendre à parler d'un sujet spécifique de façon synthétique et structurée", décrit Robin. Ainsi, chaque semestre pendant les premières années, un ou deux exposés, souvent en groupe, sont demandés dans chaque matière, alors qu'à la fin du cursus Robin goûte aux simulations de procès.

Robin a choisi d'intégrer un IEP "pour garder une interdisciplinarité, car à l'université on doit souvent choisir". Autre différence avec les bancs des facs, "un emploi du temps aussi lourd qu'au lycée, avec une vingtaine d'heures de cours par semaine". La charge de travail en dehors de la classe n'est pas pour autant allégée : "Faire des fiches de lecture, de synthèse, préparer des exposés... cela demande de bien savoir s'organiser car nous sommes très chargés". Pour Robin, "Sciences po nous apprend aussi à avoir l'esprit critique, à battre en brèche les idées reçues, en décryptant par exemple l'actualité avec des outils économiques".

Lille est parsemée de bâtiments aux briques rouges, un décor typique du Nord que Robin apprécie.

Autre dimension qui marque l'étudiant : le corps enseignant. "Les professeurs à Sciences po sont souvent des 'personnages', certains nous évoquent un peu la IIIe République et ont des 'punchlines' assez marquantes, comme cet enseignant en droit qui aime commencer ses cours par un : 'Tout ce que je vous dis est faux'", raconte Robin.

En troisième année, les étudiants de Sciences po Lille doivent partir une année à l'étranger. Robin, à moitié Hollandais, a choisi Maastricht, aux Pays-Bas. "Je ne me voyais pas partir à New York ou en Inde, je voulais vivre quelque chose de dépaysant mais sans avoir trop le mal du pays", justifie-t-il.

Sa spécialisation : "l'action publique"

Une fois en quatrième et cinquième années (master), "nous ne sommes plus considérés comme des étudiants, et ce sont surtout des professionnels qui viennent partager avec nous leurs expériences", souligne Robin. Il a choisi la spécialité Métiers de l'action publique, qui forme aux métiers de fonctionnaires sociétaux, directeurs d'hôpital, préfets...

Sur quels types de fonction Robin se projette-t-il ? Pour blaguer, Robin a souvent répondu qu'il souhaitait devenir président de la République. Mais, s'il reconnaît qu'un engagement d'élu lui plairait, "le côté partisan et idéologique" ne l'attire pas. "Je n'ai jamais pris ma carte dans un parti. Ce qui m'intéresse, c'est surtout de créer des projets, de mettre en place des politiques publiques", explique-t-il.

Robin veut désormais intégrer la fonction publique et prépare plusieurs concours administratifs, dont l'INET (Institut national des études territoriales). "Le privé ne m'intéresse pas, ni la fonction publique au niveau national. Je veux agir sur le quotidien des administrés, voir les effets sur place des politiques menées", défend-t-il.

Une vie étudiante moins chère qu'à Paris

Avec la charge de travail intense, "il est difficile de concilier les études avec un job étudiant, l'emploi du temps ne s'allège qu'en cinquième année", prévient Robin. Ses parents prennent en charge son inscription universitaire et son loyer, tandis qu'il réussit à financer le reste de ses dépenses régulières (transports, livres, nourriture...) grâce à sa bourse au mérite (1.800 € par an). Il a également été boursier échelon 0 pendant cinq ans après le bac, ce qui l'exemptait jusque-là des frais de scolarité, qu'il paie désormais pour sa cinquième année (300 €, auxquels s'ajoutent les 256 € de l'inscription universitaire).

Comme la plupart des étudiants de Sciences po Lille, Robin vient en cours en vélo.

Robin loge en plein centre-ville, au pied du beffroi de Lille, dans le quartier de Wazemmes. "C'est un quartier étudiant, populaire, où les loyers ne sont pas chers. Mon loyer, en colocation, est à 400 €", précise l'étudiant. Il se rend en cours avec son propre vélo, qu'il a rapporté des Pays-Bas.

Il reste déjeuner à l'IEP le midi, soit en mangeant à la cafétéria, avec Catherine et Michèle [ndrl les deux employées derrière le comptoir], soit en apportant son repas à réchauffer au micro-ondes. Les étudiants peuvent aussi aller au restaurant du Crous, situé à quelques minutes à pied.

Robin déjeune souvent dans l'espace cafét de Sciences po Lille.

Du potager à l'opéra, des associations tous azimuts

Chaque semaine, il récupère aussi son panier de fruits et légumes bio, auprès de l'association étudiante "Les jardins de l'IEP", qui se fournit auprès des producteurs locaux. À Sciences po Lille, la vie étudiante tourne beaucoup autour des associations, très variées. Le futur président de la République a été longtemps délégué étudiant. "J'aimais aider l'administration dans ses missions, comme les cérémonies de remise de diplômes", assure-t-il.

Robin paie 48 € par semestre pour une dizaine de paniers de légumes et de fruits bio.

Robin a aussi été chambellan (secrétaire général) du bureau es arts, qui propose des sorties gratuites ou à prix réduit aux étudiants et qui a permis la réalisation d'une fresque sur l'histoire du Nord, par des street artistes. Pour lui, "Lille est une ville rêvée pour les étudiants qui aiment la culture. Il y a beaucoup de musées, d'expositions, de théâtre, d'opéras...".

Séduit par la "chaleur du Nord"

Pour sortir, il conseille le vieux Lille, où les restaurants sont peu onéreux, ou la fameuse rue de Solfé, qui fait office de "rue des bars" de la ville. "Il y a bien sûr les spécialités culinaires du Nord : le welsch (plat de fromage et de bière qui se mange avec des frites), la carbonade flamande, ou encore les moules frites", cite-t-il. Le totem de l'école est une moule géante en papier mâché. "C'est notre mascotte pour l'intégration, mais on la sort aussi pour la braderie de Lille", sourit l'étudiant.

L'étudiant est séduit par l'ambiance du Nord, "chaleureuse", même s'il conçoit que "le temps pluvieux puisse faire fuir". Les diplômés de Sciences po Lille reçoivent d'ailleurs un parapluie dédié à leur promo lorsqu'ils quittent l'école. Robin adhère tout à fait à la célèbre réplique de Dany Boon dans le film "Bienvenue chez les Ch'tis" : "Quand on arrive dans le Nord, on pleure deux fois : quand on arrive et quand on repart."

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