Décryptage

Quel avenir après Sciences po Paris ?

Par Solène L’Hénoret, publié le 15 septembre 2010
1 min

L’insertion des anciens élèves de l’IEP (institut d’études politiques) dépend des secteurs d’activités… et comme ailleurs, on paie généralement mieux dans la banque que dans la culture.

Les diplômés de Sciences po sont-ils encore « bankable » ? L’étude sur les conditions d’insertion professionnelle des diplômés, mise en place en 2007 par Richard Descoings en partenariat avec TNS-Sofres, conduit à un premier constat : globalement, les anciens étudiants de la rue Saint-Guillaume sont privilégiés. Ainsi, 18 mois après l’obtention du diplôme, 88 % des élèves qui ont terminé leurs études en 2006 ont trouvé un emploi. Parmi eux, 75 % ont une situation stable (CDI ou fonction publique). La rémunération moyenne, tous masters confondus, s’élève à 34 700 euros bruts par an (soit 2890 euros bruts par mois). Sans grosse surprise, les trois secteurs qui les recrutent le plus sont la banque, le conseil et l’administration publique. Et ils environ 30 % travaillent à l’étranger.
 

Le label compte plus que la mention du master

 

Profiter de la marque « Sciences po »….

Pour Bertrand Molinier, Campus manager chez Capgemini, c’est le label Sciences po qui compte le plus, le master choisi par l’étudiant n’intervient qu’après. « C’est un gage pour nous que les étudiants ont des connaissances académiques et professionnelles très solides, ainsi que des capacités d’adaptation et de communication à l’écrit comme à l’oral, essentielles dans les métiers du conseil », explique t-il.

… Mais aussi du réseau offert par l’IEP.

Les étudiants profitent en effet souvent du réseau de l’école. Eléonore Bonne, 25 ans, diplômée 2006 du master marketing et communication, a ainsi trouvé son premier poste en communication grâce à l’un de ses profs qui l’a recommandée auprès d’une agence de « naming » (spécialisée dans la création de noms). Sans compter que Sciences Po Avenir, le service des stages, de l'orientation professionnelle et du premier emploi des étudiants, organise un grand nombre de rencontres avec des entreprises.
 

La multiplication des parcours déstabilise les employeurs

 
Cependant, tout n’est pas rose. Le rapport d’évaluation de Sciences po, réalisé par la section des établissements de l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur), le souligne : « A la lumière du constat de l’accroissement global des flux étudiants et de l’étude de leur insertion professionnelle, la question de la sélection et de la qualité du diplôme de Sciences po se pose avec acuité. »

Des débouchés variables selon le master.

Et, en effet, les douze masters professionnels et les six masters recherche présentent des conditions d’insertion très hétérogènes. Si les diplômés des masters finance et stratégie et droit économique trouvent sans difficulté un emploi bien rémunéré (45000 € brut par an en moyenne, soit 3750 e€ brut par mois), dans d’autres masters, la situation est bien différente. Géraldine Franck, diplômée 2006 du master recherche histoire, est un peu amère : « J’ai enchaîné six CDD dans les treize mois qui ont suivi mon diplôme. Aujourd’hui, je suis chargée de mission dans une association qui lutte contre la précarité. Cela me plaît, mais pendant longtemps, j’ai eu un statut de travailleur social et non un poste à responsabilité ».

Evidemment, le secteur d’activité y est pour beaucoup.

La banque paie souvent mieux que la culture. Mais certains y voient également une dévalorisation du diplôme et une « dispersion » excessive des formations de l’IEP, selon les termes de l’AERES. Bertrand Molinier, pourtant familier de l’école, reconnaît que la lecture d’un CV de Sciences po est complexe, à cause de la diversité des parcours. Conscient de ces difficultés, l’IEP réorganise ses formations pour les adapter au mieux au marché du travail. Outre l’abandon de la mention management de la culture et des médias (dont la dernière promotion sera diplômée en 2009) à cause des problèmes d’insertion de ses étudiants, l’ensemble des masters pourrait être transformé en écoles, qui permettront, selon la direction des études, l’intégration progressive de la formation à des métiers, des études doctorales et des recherches conduites dans leur champ. Les résultats des prochaines enquêtes sur les anciens diplômés, désormais systématiques, permettront de juger de la pertinence de ces réorganisations.

Enfin, les diplômés ne se lancent pas tous sur le marché du travail.

Beaucoup, poursuivent leurs études dans une autre école, à la recherche d’une formation plus professionnalisante, ou préparent des concours (ENA, agrégation, concours de la magistrature, etc.), auxquels l’IEP de Paris obtient des taux de réussite très élevés. Par exemple, les diplômés de Sciences po Paris fournissent 90 % de ceux qui réussissent le concours externe de l’Ecole nationale d'administration.

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