Décryptage

Écoles d’art : 5 raisons de mettre le cap sur la Belgique

École de design privée, le CAD de Bruxelles compte 40 % de français parmi ses élèves.
École de design privée, le CAD de Bruxelles compte 40 % de Français parmi ses élèves. © Sophie de Tarlé
Par Sophie de Tarlé, publié le 10 juillet 2014
1 min

Les écoles d’art belges ont la cote. Dans certaines sections, comme la BD, l’illustration ou l’architecture d’intérieure, les Français y sont même majoritaires. Prix abordables, enseignement professionnel et excellent accueil sont autant de bonnes raisons de passer la frontière.

Les français apprécient d’étudier immédiatement la spécialité qu’ils ont choisie (ici une soutenance de diplôme d’architecte d’intérieur au CAD de Bruxelles). // © Sophie de Tarlé
Les Français apprécient d’étudier immédiatement la spécialité qu’ils ont choisie (ici une soutenance de diplôme d’architecte d’intérieur au CAD de Bruxelles). // © Sophie de Tarlé 

Hergé, Franquin, Peyo, Magritte et plus récemment Stromae : depuis longtemps, les artistes belges étonnent la France par leur créativité et leur talent. "La création belge est reconnue à l'étranger et, aujourd'hui, les étudiants français n'ont absolument plus de complexe à venir étudier chez nous. Bien au contraire : c'est devenu chic de venir étudier à Bruxelles", constate Éric Maquet, directeur du CAD, école de design bruxelloise qui compte 40 % de nos compatriotes.

Dans la partie francophone de la Belgique (Bruxelles, Charleroi, Namur, Liège, Mons, Tournai...), les étudiants français représentent 32 % des étudiants des écoles d'art, soit 2.444 inscrits en 2012-2013 (sur 7.649 étudiants)*. Un chiffre qui a bondi de 76 % en huit ans. Dans certaines écoles, ils sont même devenus largement majoritaires. À l'Institut Saint-Luc de Tournai, près de la frontière, 90 % des élèves sont français.

Un engouement qui s'explique en 5 points

Pourquoi cet engouement ? "L'enseignement y est complet, professionnel, à la fois libre et encadré", apprécie Rebecca, qui a quitté sans regrets les Beaux-arts de Paris où elle venait d'être admise, pour l'ERG à Bruxelles. La plupart des écoles étant subventionnées par l'État, les frais de scolarité sont très abordables. "La vie y est aussi très agréable et moins chère qu'à Paris", déclare Rebecca. "On développe beaucoup les qualités humaines dans ces écoles. Il y a une dimension de partage, de proximité entre les enseignants et les élèves", souligne Yves Sabourin, inspecteur de la création artistique au ministère de la Culture. Sans compter que les épreuves d'admission ayant lieu entre fin août ou début septembre, c'est une excellente option si vous avez échoué à l'entrée des écoles d'art françaises. Bref, voici cinq bonnes raisons de passer la frontière.


fleche-rouge Un enseignement professionnel où la culture a son importance
fleche-rouge Des études en français
fleche-rouge Des écoles de haut niveau plus accessibles qu'en France
fleche-rouge Un cadre de vie agréable et à moindre coût
fleche-rouge Des diplômes reconnus à l'étranger
fleche-rouge Les écoles d'art accessibles après le bac en Wallonie-Bruxelles


1. Un enseignement professionnel où la culture a son importance

En Belgique, les écoles d'art proposent de nombreuses options. Par exemple, l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles propose des cursus en dessin, gravure, peinture mais aussi en tapisserie, communication visuelle (publicité) et illustration. Les Français apprécient d'étudier immédiatement la spécialité qu'ils ont choisie, ce qui n'est pas toujours le cas en France. L'enseignement est également très complet. "En Belgique, nous avons un véritable désir de cultiver l'élève, de l'instruire, de lui donner l'envie de s'épanouir dans le domaine qu'il a choisi. Ainsi, les cours théoriques sont présents jusqu'en 5e année, ce qui est très apprécié des familles françaises", explique Marie Pantanacce, directrice de la communication de La Cambre. "Chaque semaine, nous allons au musée et il y a un examen sur chaque musée visité", relate Alexandre, 22 ans, étudiant au CAD (college of advertising & design).

2. Des études en français

Les Bruxellois ainsi que les habitants de la région wallonne parlent français. Les villes de Liège, Mons et Tournai, qui comptent des écoles d'art réputées, sont également francophones. Il existe toutefois quelques particularités au niveau de la langue. Vous apprendrez vite à dire "nonante" au lieu de 90, et "septante" au lieu de 70. "On dit aussi ‘tu sais’ au lieu de dire ‘tu peux’, ce qui donne : ‘tu sais m'amener le cahier ?’". Et on ne parle pas de bonbons, mais de chiques. Un bonbon, c'est en fait un biscuit ! C'est surtout un bon sujet pour rire ensemble. "À force, les Français se sentent tellement chez eux qu'ils sont vexés quand on leur rappelle qu'ils sont étrangers !", confie Éric Maquet.

3. Des écoles de haut niveau plus accessibles qu'en France

L'admission dans les écoles belges est plus facile qu'en France. Après avoir fait une demande d'équivalence, les bacheliers français doivent s'inscrire aux épreuves d'admission mi-août, pour passer des épreuves qui ont lieu généralement fin août ou début septembre. Il ne s'agit pas de concours. L'objectif est plutôt de vérifier, sur deux ou trois jours, l'aptitude à suivre une formation artistique. L'école la plus difficile d'accès est la Cambre avec 12,5 % d'admis. Mais d'autres sont plus accessibles comme l'institut Saint-Luc de Bruxelles avec ses 75 % d'admis.

"Les étudiants français sont bien préparés, comparés aux Belges qui n'ont pas la culture de la prépa", souligne Fiona, qui a intégré La Cambre après une année à l'EPSAAVP, en région parisienne. Comme tous les candidats, l'étudiante a passé une épreuve de dessin, suivie d'un questionnaire de culture artistique et d'exercices spécifiques selon l'option choisie. Enfin, elle a montré son book à l'occasion d'un entretien de motivation. "Nous regardons l'ensemble du parcours du candidat et pas seulement ses notes du bac", souligne Marie Pantanacce, directrice de la communication de La Cambre. "La sélection est plus juste qu'en France. Les exercices ont lieu sur place et l'entretien compte beaucoup", renchérit Fiona.

À Saint-Luc de Bruxelles, la motivation compte aussi énormément. "En Belgique, nous partons du principe que c'est à l'école de former l'étudiant. Nous vérifions juste que l'élève a les aptitudes requises". Ensuite, un jury décide chaque année s'il peut passer en année supérieure", explique Marc Streker, directeur pédagogique de l'institut Saint-Luc de Bruxelles. Il n'y a toutefois pas de sélection couperet en cours de cursus : avec du travail, le passage d'une année sur l'autre est tout à fait faisable.

4. Un cadre de vie agréable et à moindre coût

Certaines écoles sont des œuvres d'art. À la Cambre par exemple, les études se déroulent dans une abbaye, un lieu propice à la création artistique. Au CAD de Bruxelles, un beau jardin permet aux élèves de pique-niquer dehors aux beaux jours. Globalement, la vie est agréable en Belgique. Les soirées étudiants sont nombreuses : les Belges travaillent dur, mais savent aussi s'amuser.

Et il est plus facile qu'en France de trouver un logement, même dans la capitale. À Bruxelles, le vieux centre-ville est très populaire et les chambres sont très peu chères. Certains vivent en "Kot", des logements communautaires où l'on partage salle de bain, cuisine et salon. Étudiante à l'ERG, Rebecca a trouvé une colocation dans le quartier d'Uccle à Bruxelles et paie 340 € par mois. Alexandre, étudiant au CAD de Bruxelles, loge seul dans un 75 m² pour 750 € par mois. À Liège, c'est encore moins cher, il est possible de trouver une location à partir de 200 €.

Les étudiants français apprécient la dimension humaine des écoles d’art belges  (un cours au CAD de Bruxelles).

Les étudiants français apprécient la dimension humaine des écoles d’art belges  (un cours au CAD de Bruxelles). // © Sophie de Tarlé

5. Des diplômes reconnus à l'étranger

L'enseignement supérieur en Belgique est calqué sur le système LMD (licence master doctorat). Dans l'enseignement court, un premier cycle professionnalisant de trois ans est sanctionné par le grade de bachelor (ou bachelier) professionnel. Dans l'enseignement long, un premier cycle de trois ans mène au grade de bachelier ou bachelor "de transition". Ce bachelor ne mène pas à un métier mais permet d'accéder au master en deux ans et au doctorat.

Les étudiants peuvent aussi préparer l'agrégation pour se former au métier d'enseignant. Ce n'est pas un concours de la fonction publique comme en France, mais un examen. "Ces diplômes sont parfaitement reconnus à l'étranger", insiste Nathalie Jauniaux, coordinatrice de l'Observatoire de l'enseignement supérieur de la Fédération Wallonie-Bruxelles. "J'ai fait un stage aux Trois Suisses en France. Le fait de venir d'une école belge n'a pas été un problème", assure Alexandre, étudiant au CAD. De nombreux diplômés rentrent ensuite en France. Cécile, qui a fait toutes ses études à l'ESA-Saint-Luc de Tournai à partir de la seconde, est revenue exercer son métier d'architecte d'intérieur à Arles sans aucun problème.

*Source : Etnic-CCBI (service statistique de la fédération de Wallonie-Bruxelles).

Les écoles d'art accessibles après le bac en Wallonie-Bruxelles

Bachelor : diplôme à bac+3
Master : diplôme à bac+4/5
Agrégation : diplôme d'enseignant
Cumulus : Association internationale des écoles d'art et de design
S : école subventionnée par l'Etat
Pr : école privée
P : publique

LES ÉCOLES D'ART EN WALLONIE-BRUXELLES

Écoles d'art accessibles après le bac en Wallonie-Bruxelles Villes
Membre du réseau Cumulus
Subventionné/Privé/Publique
Date de création
Académie des beaux-arts de Tournai Tournai / P 1757
Académie royale des beaux-arts de Bruxelles Bruxelles / P 1711
ARTS2 Mons C P 2011
CAD (college of advertising & design) Bruxelles / Pr 1961
École de recherche graphique Bruxelles / S 1972
École nationale supérieure des arts visuels de la Cambre Bruxelles / S 1927
École supérieure d'art Saint-Luc de Tournai Tournai / S 1904
École supérieure des arts de la Ville de Liège Liège / P 1836
École supérieure des arts de l'image Le 75 Bruxelles / S 1972
École supérieure des arts Saint-Luc de Liège Liège / S NSP
École supérieure des arts Saint-Luc Bruxelles Bruxelles C S 1882

L'OFFRE DE FORMATION

Écoles d'art accessibles après le bac en Wallonie-Bruxelles Spécialités à bac+3
Diplômes
Frais en 1re année (2013-2014)
Académie des beaux-arts de Tournai Dessin, peinture, design textile, archi d'intérieur, communication, publicité, arts numérique, BD, illustration. Bachelor, master, agrégation 450 €
Académie royale des beaux-arts de Bruxelles Design (archi d'intérieur, design textile, urbain), art (dessin, gravure, litho, peinture, photo, sculpture, sérigraphie, tapisserie), média (espace public, communication, illustration). Bachelor, master 450 €
ARTS2 Arts visuels (archi d'intérieur, numérique, communication, dessin, gravure, peinture, sculpture), musique, et théâtre. Bachelor, master, doctorat 350 €
CAD (college of advertising & design) Archi d'intérieur/design, publicité/création digitale, et jeux vidéo/ animation. Bachelor, master 7.800 €
École de recherche graphique Vidéo, typo, sculpture, photo, peinture, performance, illustration, dessin, graphisme, animation, BD. Bachelor, master, agrégation 843 €
École nationale supérieure des arts visuels de la Cambre Architecture d'intérieur, céramique, animation, graphisme, restauration, édition, design, dessin, peinture, sculpture, mode, photo, scénographie. Bachelor, master, doctorat et agrégation 350 €
École supérieure d'art Saint-Luc de Tournai Archi d'intérieur, design objet, mode, publicité, graphisme et photo. Bachelor 581 €
École supérieure des arts de la Ville de Liège Peinture, sculpture, gravure, scénographie, publicité, illustration, BD, vidéo. Bachelor, master, agrégation 430 €
École supérieure des arts de l'image Le 75 Graphisme, images, peinture, photo (reportage, documentaire). Bachelor 650 €
École supérieure des arts Saint-Luc de Liège BD, graphisme, illustration, publicité, photo, peinture, sculpture. Bachelor, master 490 €
École supérieure des arts Saint-Luc Bruxelles Dessin en archi, archi d'intérieur, arts numériques, illustration, BD-édition, graphisme, publicité. Bachelor, master, agrégation 757 €

LA SÉLECTION

Écoles d'art accessibles après le bac en Wallonie-Bruxelles Nombre d'élèves
Pourcentage de Français
Taux de réussite à l'admission
Académie des beaux-arts de Tournai 400 60 % 100 %
Académie royale des beaux-arts de Bruxelles 557 33 % NSP
ARTS2 600 5 % 50 %
CAD (college of advertising & design) 170 40 % 40 %
École de recherche graphique 415 25 % NSP
École nationale supérieure des arts visuels de la Cambre 147 70 % 12,5 %
École supérieure d'art Saint-Luc de Tournai 480 90 % 58 %
École supérieure des arts de la Ville de Liège 270 3 % 99 %
École supérieure des arts de l'image Le 75 250 50 % 91 %
École supérieure des arts Saint-Luc de Liège 1.000 13,4 % 90 %
École supérieure des arts Saint-Luc Bruxelles 500 90 % 75 %

De la France à la Belgique : comment faire une demande d'équivalence ?
Avant de vous inscrire dans une école d'art belge, il faudra faire une demande d'équivalence de votre bac français au Service des équivalences de l'enseignement secondaire. Vous devrez envoyer votre dossier au plus tard le 15 juillet 2014. Si vous avez obtenu votre bac l'année précédente, il est préférable de le faire avant le 15 mars. Les titulaires d'un bac international (IB) en sont exemptés.
Dans votre dossier, il faudra fournir une lettre de motivation précisant le motif de la demande et les études envisagées, avec vos nom, prénoms et adresse. Des modèles de lettre sont proposés sur ce site : equivalences.cfwb.be. Il faudra également joindre un extrait d'acte de naissance original ou une copie certifiée conforme de la carte d'identité et une copie certifiée conforme du bac. Si vous n'avez pas encore obtenu votre diplôme, une copie certifiée conforme du relevé de notes suffira. Enfin, vous devrez ajouter une preuve originale de paiement des frais administratifs (174 €). Il est possible de payer directement sur Internet.
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