Décryptage

Les diplômes obtenus à l'étranger sont-ils reconnus en France ?

Drapeaux Pays - Réseaux // © Maksim Pasko/Fotolia
Selon votre destination, il vous sera plus ou moins facile de faire reconnaître votre formation à votre retour. © Fotolia
Par Sophie Collet, avec la collaboration de Morgane Taquet, publié le 21 janvier 2017
1 min

La reconnaissance de vos périodes de formation à l'étranger dépend beaucoup du pays où vous séjourniez. À l'intérieur de l'Europe, elle est favorisée par les mesures encourageant la mobilité des étudiants et des chercheurs. Au niveau mondial, en revanche, c'est encore le cas par cas qui prévaut. Explications extraites de l'ouvrage “Partir étudier à l'étranger” de Sophie Collet.

Découvrir une autre culture, une autre langue, un autre pays, ça n'est jamais du temps perdu. Mais quitte à étudier à l'international, autant faire que cette expérience soit valorisée en France. Les formations étrangères sont-elles reconnues académiquement en France ? Et dans le monde du travail, un diplôme acquis à l'étranger aura-t-il autant de valeur qu'un diplôme français ?

En Europe, un bon système d'équivalences

L'UE (Union européenne) s'est engagée en 1998 à constituer un espace favorisant la mobilité des étudiants, des enseignants et des chercheurs, et à rendre cet espace lisible et attractif à l'échelle du monde entier. C'est ce qu'on appelle le processus de Bologne, d'où est née la fameuse réforme LMD (licence, master, doctorat). Aujourd'hui, 48 pays de la “grande Europe” y adhèrent et ont tenté de faire coïncider leurs systèmes d'enseignement supérieur.

La réforme LMD fixe trois niveaux de qualification : d'abord la licence, puis le master et enfin le doctorat. L'objectif ? Parvenir à une reconnaissance des études effectuées, tant académique que dans le monde du travail, afin de mettre en place une vraie mobilité dans les pays d'Europe, des étudiants comme des professionnels. Les étudiants sont censés pouvoir circuler librement sur le continent pendant leurs études et exercer la profession correspondant à leur diplôme dans n'importe quel État membre de l'UE.

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Pourtant, si la mobilité académique a réellement progressé grâce à ce système, la reconnaissance professionnelle, elle, reste difficile à mettre en œuvre, excepté pour les professions réglementées. En outre, il continue d'exister des disparités de niveaux (et des préjugés) dans l'espace de Bologne. Ainsi un professeur responsable de la sélection en master ou un employeur ne considéreront pas forcément de la même manière une licence obtenue en Roumanie ou un bachelor obtenu en Angleterre !

Les crédits ECTS, comment ça marche ?

Les crédits ECTS (“European Credit Transfer System”, système européen de transfert de crédits) forment le fer de lance de l'harmonisation des systèmes d'enseignement supérieur en Europe. Le principe est simple : il s'agit d'introduire un compteur commun à tous les cursus européens. Ainsi, un certain nombre de crédits ECTS est attribué à chaque matière. Pour obtenir son année, quel que soit son pays de formation, l'étudiant doit valider 60 crédits, ce qui représente entre 1.500 heures et 1.800 heures de travail.

Théoriquement, une année validée en Lituanie ou en Espagne a exactement la même valeur. En pratique, le système est encore imparfait. Si les crédits ECTS ont facilité la reconnaissance des parcours d'études effectués à l'étranger, ils ne s'appliquent en général que dans le cadre d'un accord d'échanges entre deux établissements. En d'autres termes, la reconnaissance en France d'une licence obtenue en Allemagne n'est pas assurée. Elle dépendra au cas par cas du jugement de l'établissement français.

Lire aussi : Étudier à l'étranger, oui, mais pendant combien de temps ?

L'Europass, pour expliciter les expériences et les compétences

Autre dispositif au service de la reconnaissance des formations européennes : l'Europass, de plus en plus utilisé. Cet outil européen, qui se présente sous la forme d'un livret, regroupe différents documents (CV, passeports de langues, diplômes…). Ces derniers visent tous à faciliter le recrutement ou la poursuite d'études dans un autre pays, en explicitant les formations et les compétences acquises.

D'après l'Agence Erasmus+ France/Education Formation, “il peut être difficile de faire comprendre son parcours à un recruteur européen. Le CV Europass rend vos expériences lisibles pour tous. Il a d'ailleurs rencontré un engouement réel : entre 2005 et 2016, plus de 60 millions de CV Europass ont été mis en circulation en Europe”. Le CV Europass peut être créé directement sur Internet. Il suffit de le télécharger sur la plate-forme de la Commission européenne. Pensez-y !

Dans le reste du monde, des situations inégales

Hors d'Europe, il n'existe pas de coordination internationale de reconnaissance des diplômes. Certains sont mondialement réputés, alors que la renommée d'autres formations ne dépasse pas les frontières nationales.

Masters of science, PhD, MBA américains… Ces titres ne rentrent pas forcément dans le cadre du processus de Bologne, mais ils bénéficient d'une vraie reconnaissance sur le marché du travail hexagonal. Marie Garcin, consultante dans un cabinet de recrutement, témoigne : “Toutes les grandes sociétés françaises ont mis au point leur propre nomenclature très précise des diplômes acceptés à l'embauche. Et elles y incluent fréquemment les diplômes des grands pays occidentaux.” Cependant, cette reconnaissance est laissée à la libre appréciation des entreprises et n'est en rien automatique.

Pour les médecins, infirmières, kinés, vétérinaires ou encore architectes, le cas par cas est moins fréquent, car leurs métiers font partie des “professions réglementées”. Il s'agit de métiers contrôlés par des lois et régis par des associations professionnelles (comme l'ordre des médecins). Ce sont ces dernières qui fixent les critères d'accès, en évaluant les qualifications et en délivrant, selon le cas, le certificat, le titre réservé ou le permis d'exercer aux personnes qui remplissent les critères requis.

Si votre qualification ne relève pas d'une formation réglementée, il vous reste un recours. Il s'agit du centre ENIC-NARIC qui, depuis 2009, est chargé de la reconnaissance des diplômes obtenus à l'étranger. Chaque dossier est étudié individuellement pour établir au mieux des correspondances avec le système français. Le résultat ? Une “attestation de comparabilité”, afin de pouvoir poursuivre ses études ou travailler. Mais attention, ce certificat n'a pas de valeur juridique, il permet seulement aux décideurs concernés (professeurs, employeurs) d'estimer la teneur d'un diplôme.

POUR ALLER PLUS LOIN
À découvrir aux Éditions de l'Etudiant :
Partir étudier à l'étranger”,
par Sophie Collet.

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