Témoignage

Le concours de la Fémis, une épreuve initiatique

Et... action ! Les étudiants de la Fémis en plein tournage.
Et... action ! Les étudiants de la Fémis en plein tournage. © Jean-Jacques Bouchon pour la Fémis
Par Martin Rhodes, publié le 08 février 2017
1 min

Cinq épreuves sur cinq mois. Le concours de la Fémis est un véritable parcours du combattant, comme l'illustre le documentaire "Le Concours" sorti en salle le 8 février 2017. Témoignages d'étudiants qui le préparent avec passion.

Wladislas est en train de réaliser "un rêve un peu fou" qui le suit depuis le collège : passer le concours général de la Fémis, accessible après un bac+2, pour devenir, après quatre ans de formation, réalisateur, scénariste, chef opérateur ou encore décorateur. Le taux d'admis avoisine les 4 %. "Je ne tente aucune autre école de cinéma que la Fémis, à Paris. Pourquoi cette école et pas une autre ? Pour son concours", explique Wladislas, 19 ans, en khâgne moderne au lycée Henri-Poincaré de Nancy. Il poursuit : "Plus qu'un concours, c'est une occasion en or de sortir de chez soi, de s'ouvrir au monde, de mieux connaître ses attentes et ses possibilités vis-à-vis du cinéma, de débattre avec les plus grands noms du septième art".

Wladislas a pu voir le documentaire de Claire Simon sur le concours de la Fémis en avant-première. Son professeur de cinéma a organisé une projection privée en compagnie de la réalisatrice. "L'épreuve d'analyse filmique, qui consiste à commenter un extrait de film, est la scène qui m'a le plus marquée. Après la projection, le responsable des admissions rallume la lumière et lâche, devant un immense amphithéâtre bondé : "Bien, vous avez trois heures". Je me suis vu au milieu de cette masse de gens et je me suis senti écrasé par l'angoisse", confie-t-il.

En dehors de ce moment particulièrement stressant, le jeune homme a apprécié le message optimiste et encourageant de la réalisatrice. Un avis que partage Nina. Elle est en cours avec Wladislas et vise le département d'enseignement scénario : "Le documentaire ne m'a pas découragé, bien au contraire. Pendant le générique de fin, je me suis dit : le rêve est réalisable avec beaucoup de volonté et de travail. Alors à toi de jouer".

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Une enquête à la Sherlock Holmes

Les cinq épreuves que compte le concours général de la Fémis (dossier d'enquête, rédaction d'un synopsis de film ou encore présentation d'un document sonore selon l'une des sept options choisie) se déroulent sur près de cinq mois. Pour l'année 2017-2018, les inscriptions sont closes et la liste définitive des admis sera publiée au mois de juillet prochain.

La phase de pré-admissibilité, la première étape, a lieu en ce moment même. Tous les candidats sans exception sont invités à réaliser un dossier d'enquête à la fois "personnel, original et sensible". Ce dossier écrit et visuel doit refléter les recherches et l'interprétation d'un thème par le candidat. Les trois thèmes proposés sont tombés le 1er février dernier : la promesse, le rideau, le sourire.

"Ce jour-là, je n'avais pas cours, se souvient Sophie, en deuxième année de DUT (diplôme universitaire de technologie) information-communication à l'université de Franche-Comté. J'étais devant mon ordinateur et je réactualisais constamment la page Internet du concours." Une semaine après, son choix n'est toujours pas arrêté. Cela va se jouer entre le rideau et la promesse. La jeune femme de 19 ans, qui se rêve réalisatrice, a "l'impression de jouer [sa] vie sur un mot". Wladislas a quant à lui jeté son dévolu sur le thème du rideau : "Le mot m'a sauté aux yeux. Je ne voyais pas les autres. Immédiatement, une myriade d'idées et de souvenirs m'est venue à l'esprit". Malgré un emploi du temps chargé en prépa, Wladislas a d'ores et déjà deux pistes, à savoir le théâtre et les populations marginalisées.

Sa camarade Nina a opté pour une toute autre méthode : "J'ai choisi le rideau, le thème qui, spontanément, ne m'évoque rien ou pas grand-chose. Le jury aime les candidats qui prennent des risques et qui se mettent en difficulté. J'ai pu le constater dans le documentaire".

4 % d'admis, 100 % d'espoir

Les dossiers d'enquête doivent être déposés à la Fémis le 11 mars prochain, jour de l'analyse filmique. L'école est installée en plein cœur du quartier de Montmartre, dans les anciens studios Pathé. D'autres épreuves attendent les candidats. Ève, 20 ans, en troisième année de cinéma à l'université Paris-Nanterre, redoute surtout la toute dernière étape. La jeune femme, fan de montage vidéo, a décroché la note maximale de 20 sur 20 à l'option cinéma-audiovisuel du baccalauréat. "Les oraux sont publics, n'importe qui peut y assister. Les étudiants admissibles sont cuisinés par un jury composé de sept professionnels. J'ai la boule au ventre rien que d'y penser", confie-t-elle.

Malgré les angoisses, le nombre et la durée des épreuves, les cours à la fac ou en prépa, le faible pourcentage d'admis au concours général (1.048 inscrits et 67 admis en 2016-2017), nos quatre candidats croient dur comme fer en leur rêve. Ils ne se voient pas faire autre chose que du cinéma. S'il le faut, ils retenteront le concours l'année prochaine. "La première chose que l'on te répond lorsque tu dis que tu présentes la Fémis, c'est que tu n'as aucune chance, rapporte Ève. J'ai décidé de relever le défi. Si je ne tente pas, je suis sûre de ne pas être prise". Réponse cet été.

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