Décryptage

Licence professionnelle : une année de spécialisation renforcée par un long stage

Par Sarah Masson, publié le 03 mars 2016
1 min

En poursuivant vos études une année de plus en licence professionnelle, vous multipliez les chances de décrocher plus rapidement un premier emploi. Décryptage de ce cursus ­développé dans de nombreuses filières et particulièrement apprécié des recruteurs.

Se spécialiser tout en acquérant une expérience professionnelle : voilà la principale valeur ­ajoutée d'une licence pro par rapport à un bac +2, un BTS (brevet de technicien supérieur) ou un DUT (diplôme universitaire de technologie).

"Après mon DUT et mon stage au CEA ­[Commissariat à l'énergie atomique], je ne me ­sentais pas prête à entrer sur le marché du travail, j'avais encore besoin de me spécialiser sur quelques notions de chimie. Aujourd'hui, grâce aux cours, je suis bien plus à l'aise", témoigne Anaïs, qui a choisi de compléter son DUT par une licence ­professionnelle de chimie tournée vers le nucléaire. Du côté des employeurs, c'est l'expérience supplémentaire de ces diplômés qui fait la différence.

Marie Garcin, consultante dans un cabinet de ­recrutement international, le confirme : "Les licences professionnelles valident une formation spécialisée et approfondie dans un domaine précis. Les compétences acquises sont donc transférables ­rapidement sur un poste de travail. De plus, le stage effectué ­permet aux étudiants de renforcer leur expérience."

Pour une insertion immédiate

La licence professionnelle est une année de spécialisation après un bac +2. Mais à part son grade de licence, elle n'a pas grand-chose en commun avec son homologue "généraliste" de la faculté. En licence pro, les promotions comptent entre une dizaine et une trentaine d'étudiants, les professeurs sont très présents et les cours obligatoires, axés sur la pratique, sont dispensés au sein d'IUT (instituts universitaires de technologie) dans des départements réservés, de lycées ou de CFA (centres de formation d'apprentis). Le cursus inclut également un stage long, de 12 à 18 semaines.
Pour Élodie Gioan, responsable de la licence professionnelle polymères pour l'industrie et l'environnement de l'IUT de Montpellier (34), la vraie différence entre ces deux diplômes est leur finalité : "Les licences pro sont des filières destinées à l'insertion professionnelle immédiate, alors que la majorité des étudiants de licence conventionnelle poursuivent leurs études en master."

À chacun sa licence pro...

Avec un taux d'employabilité en hausse, pas étonnant que leur nombre augmente. Entre 2000 et 2014, elles sont passées de 170 à quelque 2.000. Une offre galopante, certes, mais pas toujours lisible. C'est pourquoi, à l'instar de la licence et du master, les licences professionnelles ont elles aussi fait l'objet d'un grand ménage, en passant en mars 2014 devant le CNESER (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche). Résultat : 173 intitulés ont été retenus contre 1.844 jusqu'alors, pour plus de 52.000 étudiants (un chiffre en hausse de plus de 5 % en cinq ans). Même après cette sévère cure d'amaigrissement, la palette des métiers reste toujours très large.

… à condition d'être sélectionné

La sélectivité dépend du nombre de demandes, très variable, que reçoivent les formations. La licence pro conduite de travaux en bâtiment de l'IUT 1 de Grenoble, par exemple, totalise chaque année près de 300 dossiers pour une vingtaine de places, alors que d'autres licences sont plus accessibles. Elles ne sont cependant pas réservées aux meilleurs élèves. "Pour nous, les résultats académiques ne sont pas prioritaires, témoigne Emmanuelle Maunaye, responsable de la licence pro coordination de projet d'animation et de développement social et socioculturel de Rennes 1 (35). Ce qui compte, c'est que les candidats aient une expérience (associative, bénévole, professionnelle) dans l'animation, et qu'ils aient déjà trouvé la structure pour les accueillir en alternance."

Quelle que soit la licence pro, la sélection s'effectue sur dossier : les professeurs prêtent attention aux résultats scolaires, mais statuent surtout en fonction du projet professionnel, détaillé dans la lettre de motivation, et sur les stages effectués. Occasionnellement, des tests complémentaires ou un entretien de motivation peuvent être requis.

Une chance pour tous

Les licences professionnelles sont accessibles à tous les titulaires d'un bac +2 ayant étudié dans un domaine comparable. La majorité des étudiants vient de BTS (52 %) ou de DUT (24 %). "Au sein de notre licence pro polymères, nous essayons de recruter davantage d'étudiants venant de la faculté des sciences, en les informant mieux des passerelles existant entre les formations", précise Élodie Gioan. Ainsi, si vous étudiez en deuxième année de licence classique et souhaitez vous spécialiser rapidement, vous pouvez envisager une licence professionnelle.

Ces cursus acceptent aussi des étudiants sans bac +2 qui effectuent une VAP (validation des acquis professionnels). "Certaines années, cela représente la moitié de notre promotion, note Emmanuelle Maunaye. Environ un tiers de nos étudiants sont des professionnels en activité, souvent des animateurs qui veulent se former à la coordination ; un autre tiers sont des demandeurs d'emploi, et le tiers restant, des jeunes en formation initiale."

Un taux de réussite important

Plus de 8 étudiants sur 10 obtiennent leur diplôme dans l'année qui suit leur inscription. Les chances de succès varient d'abord fortement en fonction du domaine de formation choisi. Les taux de réussite dépassent ainsi les 90 % dans les spécialités génie civil construction bois, services à la collectivité, ­lettres et arts, alors qu'ils sont moindres pour les secteurs mécanique-électricité-électronique, communication et information, services aux personnes.

L'ancienneté d'acquisition du bac et la nature du cursus suivi antérieurement ont une incidence sur la réussite. Les étudiants qui n'ont jamais redoublé sont avantagés, de même que ceux qui ont auparavant suivi un BTS ou un DUT sans interrompre leurs études. Par exemple, on compte moins de 8 % d'échecs pour les titulaires de DUT.
Les probabilités de succès des titulaires d'un bac général et d'un bac technologique sont équivalentes. Enfin, la réussite demeure élevée pour les étudiants issus d'un bac professionnel (86,3 %), quelle que soit la filière : du secteur agricole (agronomie, gestion d'exploitation, espaces naturels…) à la production industrielle (génie civil, bâtiment, informatique industrielle, électricité et électronique…), en passant par le secteur tertiaire (commerce, gestion, banque, communication, santé, hôtellerie…).

La préparer en alternance

Environ deux tiers des licences pro peuvent être préparées en alternance, en contrat de professionnalisation ou d'apprentissage, notamment dans l'informatique, le commerce, la gestion ou l'industrie. L'étudiant travaille alors durant un an dans une entreprise comme alternant, tout en suivant ses cours à l'université.
Attention, le rythme est soutenu, car le programme est identique à celui d'une licence sous statut étudiant, mais avec un nombre d'heures de cours réduit. "Je passe deux semaines à l'IUT, puis deux semaines en mairie, explique Anthony, en licence pro coordination de projet d'animation à Rennes. Sur l'année, cela représente 17 semaines de cours et 35 semaines de stage."

… ou à l'étranger

La principale possibilité de départ à l'international réside dans les stages, qui peuvent être accomplis à l'étranger, même si cette possibilité reste marginale. La formation, elle, s'effectue en France.
À noter, la création de stages Erasmus + a ouvert de nouvelles possibilités de financement de ce type de séjour à l'étranger pour les étudiants en licence professionnelle, s'ils ne sont pas déjà boursiers sur critères sociaux.

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